Le tournoi des Hockeyades, qui fête ses 20 ans, est un rituel pour les joueurs, le staff et les fans genevois
Grenat un jour, grenat toujours. Jonathan Mercier, pas encore 30 ans, fait pourtant partie des meubles à Ge/Servette. Depuis la saison 2004-2005, il a fait son trou en LNA. Discrètement, patiemment, il a su convaincre son coach et les fans. Il est devenu un routinier. Et chaque été, son chemin estival passe par la vallée de Joux: direction Le Sentier. «C’est une tradition et toujours un moment agréable de «monter» au Sentier, dit le défenseur. La glace y est de bonne qualité et les adversaires sont souvent attractifs. La motivation? Le meilleur homme du match reçoit une belle montre, je crois. Donc on se donne quand même (ndlr: il se marre) … Non, plus sérieusement, on est des compétiteurs et on a toujours envie de gagner un tournoi auquel on participe. D’ailleurs, je suis un peu surpris par la formule prévue cette année, puisqu’il n’y aura pas de finale apparemment.»
Au fil de ses vingt éditions, le tournoi cher à Thomas Waser a changé mille et une fois de formule. Peu importe en somme. Pour les fans, la virée à «la Vallée» reste un incontournable du mois d’août. «Au milieu de l’été le manque de hockey se fait sentir, témoigne Jean-Jacques Elmer. Les Hockeyades, c’est l’occasion de revoir enfin ce sport que l’on aime tant, et de découvrir les nouveaux visages de l’équipe. Mais c’est surtout l’occasion de se retrouver avec des amis, d’aller manger un morceau au col du Marchairuz, avant ou après le match.»
«C’est bonnard»
Ancien footballeur (il jouait à Etoile Carouge), amoureux du hockey, ce quinquagénaire adore le côté décontracté qui est de mise dans le Jura vaudois. «On peut y croiser les joueurs, de Ge/Servette et des autres équipes, dit-il. Les coaches sont aussi accessibles. Je me souviens d’avoir discuté un long moment avec Arno Del Curto, un type d’une classe et d’une gentillesse extraordinaires. Un peu comme McSorley en fait.» Les Hockeyades, «c’est bonnard», résume Jean-Jacques Elmer avec son accent qui fleure bon la place du Molard.
Comment dit-on «bonnard» en anglais? Même Chris McSorley n’a pas la réponse après pourtant plus de quatorze ans passés à Genève. Mais il trouve toujours «nice la Vallée». Depuis son retour en LNA (en avril 2002), il a pris l’habitude d’envoyer ses Aigles en altitude. «Avant, nous restions là-haut, souligne-t-il. Mais depuis quelques saisons, j’ai compris que les joueurs préfèrent toujours dormir chez eux quand c’est possible.»
Avec la Ligue des champions, Ge/Servette a trouvé l’occasion de soigner son esprit de corps en voyageant. «Cela n’avait plus de sens de rester à la Vallée, souligne Chris McSorley. Le tournoi a beaucoup évolué mais il reste un passage traditionnel de notre préparation. Nos fans aiment venir nombreux pour nous soutenir.»
Le rituel de la fondue
Les sponsors aussi sont souvent du voyage. Au centre sportif du Sentier, un autre rituel a pris corps depuis plusieurs étés: «C’est la fondue avec les partenaires, un moment toujours très convivial, dit le boss des Vernets. Malheureusement, cette année, je ne pourrai pas y participer car le repas est prévu jeudi soir, et nous affrontons Lausanne ce soir-là. Dommage.»
Que les sponsors se rassurent, ce n’est que partie remise. Ge/Servette sera là l’an prochain. Comme pour dire: «au Sentier un jour, au Sentier toujours…»
Power-play
A l’affiche Genève-Servette affronte Red Bull Munich à 18 h ce soir au Sentier. Jeudi, traditionnel rendez-vous face au LHC, à 20 h cette fois.
Les débuts de Riat Damien Riat fera ses débuts avec Ge/Servette ce soir. L’ancien junior du club était en équipe de Suisse M20 la semaine passée et n’avait pas joué contre La Chaux-de-Fonds.
Absents Rivera, Vukovic et Bays. Picard est toujours aux abonnés absents (blessé et au Canada).
Un tournoi pas comme les autres
«Je ne veux pas me lancer des fleurs, mais je crois que je peux répondre que oui, ce tournoi du Sentier est unique en son genre.» Thomas Waser, directeur du centre sportif de la vallée de Joux et responsable des Hockeyades (soutenu par tout un petit monde efficace) est là depuis quinze ans avec le même plaisir et le même… boulot. «C’est vrai, les journées sont longues, il ne faut oublier aucun détail, mais tout cela est passionnant, et j’espère que ce rendez-vous vivra encore longtemps.»
Quand Thomas Waser évoque les détails à soigner, cela va du programme d’occupation des vestiaires par les équipes – il y en a des petits et des grands, il faut donc ménager les susceptibilités possibles – à la programmation de tous les repas pour les équipes avec les hôteliers concernés. «Il faut savoir que les sportifs qui passent ces quelques jours ici sont des professionnels, pas des touristes. Et si je pense aux Russes, par exemple, ils sont soumis à un rythme d’entraînement quotidien extrêmement intensif. Musculation, glace, matches, je peux vous dire que pour supporter tous ces efforts, ils doivent bien manger. Et les Russes mangent, notamment de la viande, beaucoup plus que les Suisses, qui ont déjà bon appétit!»
Chaque année, des responsables de clubs téléphonent à Thomas Waser pour savoir s’il ne reste pas une petite place pour eux dans ce tournoi pas comme les autres, très coté en Europe. «Les entraîneurs qui sont venus à la Vallée une ou deux fois en gardent un bon souvenir. Et même quand ils ont changé de club, ils ont envie d’y revenir. Ici, l’altitude – 1000 m – est idéale pour bien s’entraîner, l’air est pur, le paysage est beau. Et toutes les équipes apprécient de se sentir proches des spectateurs, des gosses qui viennent faire signer des autographes. Des choses assez simples, vraies, essentielles, qu’il est plus difficile de rencontrer dans le stress du championnat.»
Dans le fond, vu le succès auprès du public et des clubs, les Hockeyades, qui fêtent leurs 20 ans, sont parties pour deux autres décennies d’existence, non? «Je le souhaite, et j’y crois. Mais les calendriers des compétitions nous causent de plus en plus de soucis. Cette année, nous avons dû nous adapter, donc avancer nos dates, parce que le championnat de Russie recommence déjà le 20 août. Et la Champions League débute de plus en plus tôt. J’espère qu’elle ne va pas continuer dans ce sens car nous ne pourrions pas avancer encore les dates du tournoi. Les équipes qui viennent ici doivent quand même avoir du temps de glace derrière elles.»