Après une blessure lors du premier match à Fribourg, revoilà le défenseur grenat hypermotivé avant de défier deux fois les Zurich Lions.
Une fois qu’il a enlevé son casque, son plastron, ses patins, il est arrivé à notre «rendez-vous», douché, changé, avec le sourire et plein de fourmis aux pieds. Jonathan Mercier, qui n’a plus joué depuis le 9 septembre à Fribourg, est impatient de retrouver la compétition. «Depuis que j’ai reçu le feu vert du médecin, je n’en peux plus, c’est la fête à la maison!»
Le défenseur n’est pas le seul à se réjouir de son retour au jeu. Chris McSorley et son adjoint Louis Matte respirent, si soulagés qu’il soit enfin rétabli. «C’est un gars qui joue notre système à 200%, s’exclame le Québécois. En positionnement, il est rarement, voire jamais, pris à défaut. C’est la force des bons défenseurs dans la ligue. Il joue beaucoup de minutes et amène une grande stabilité tout en gommant souvent les erreurs des autres. En plus, comme Vukovic, c’est un joueur solide en box-play pour tuer des pénalités. Il va nous faire du bien!» Son bon tir du poignet va également être très apprécié en supériorité numérique. Il a tellement manqué…
Le rire des bouts de chou
Même si «ça arrive, que c’est du hockey», sur le moment, il est certain que «Jo», en se tordant de douleur, son épaule en compote, en a voulu à la terre entière et surtout à Marc-Antoine Pouliot. C’était à la BCF Arena, après une charge par-derrière du Québécois. «J’étais, moralement, au fond du trou, reconnaît le Genevois. Mais dès que je suis rentré à la maison, j’ai vu rigoler mes deux bouts de chou – Kaïly (5 ans) et Logan (2 ans). Même s’ils bougent beaucoup, qu’il faut sauter, courir pour les rattraper, et qu’avec une épaule touchée ce n’est pas évident, dans la tête, c’est plus facile de mettre la blessure de côté…»
Pour Jonathan, c’était bien plus astreignant de s’asseoir dans les gradins des Vernets ou de regarder à la télévision ses coéquipiers souffrir. «J’étais triste pour eux quand ils étaient en détresse, lorsqu’à chaque match ou presque on perdait quelqu’un.»
Ce qui a obligé d’ailleurs Chris McSorley à «bricoler» et reculer par conséquent des attaquants en défense! «Si Cody Almond avait un peu de peine derrière, je trouve que Kast et Jacquemet se débrouillent plutôt bien, estime Mercier. On dirait même qu’Arnaud n’a jamais été un attaquant et qu’il a toujours évolué à ce poste.»
Depuis 2003, il en a vu passer Jonathan! Ce clubiste qui avait été lancé dans le bain de la LNA à 17 ans, fidèle et loyal, aurait d’ailleurs très bien pu assurer le capitanat après le départ de Goran Bezina en Croatie. Il le méritait. Mais le trentenaire aux 627 matches de LNA (uniquement avec Ge/Servette) n’avait, selon lui, pas les qualités requises pour passer devant Jim Slater. Il aurait refusé. «Il se débrouille très bien», sourit ce gars très apprécié par ses coéquipiers, jamais stressé, «pas compliqué», qui en treize ans a tout connu ou presque. «Il ne me manque qu’un titre, mais je ne suis pas le seul dans l’équipe à le revendiquer, s’esclaffe le No 22. Maintenant, si durant la saison, McSorley peut compter sur tout le contingent, même si on est encore un peu légers en défense, avec notre gardien, on a de quoi faire!»
Un bon test contre Zurich
En affrontant les Zurich Lions à deux reprises ce week-end, Jonathan Mercier et les Servettiens passeront un bon test révélateur contre un des ténors du championnat, déjà aux avant-postes. «Avec quatre bonnes lignes complètes et de bons joueurs, Zurich est toujours en dessus du lot toute la saison, mais le gardien est peut-être fébrile et… nous aussi on sait jouer au hockey», se réjouit celui qui a déjà plein de fourmis aux pieds. Ce soir, lors de l’entrée des artistes, il sera le premier à sortir de l’Aigle et pénétrer sur la glace. Aux Vernets, ça va être la fête à la maison…
Power-play
L’affiche Ge/Servette affronte les Zurich Lions ce soir (19 h 45) aux Vernets avant de prendre la route du Hallenstadion le lendemain (coup d’envoi à 15 h 45).
L’infirmerie Si Chris McSorley enregistre les retours de Jonathan Mercier et de Daniel Rubin, il doit toujours se passer de Daniel Vukovic, Noah Rod, Cody Almond, Eliot Antonietti, Mattéo Détraz et Auguste Impose.
Siegenthaler de retour Jonas Siegenthaler est de retour à Zurich. Le jeune défenseur international des M20, l’un des grands espoirs du hockey suisse, été prêté par les Washington Capitals. Après avoir fait la préparation estivale dans la capitale, il n’a pas convaincu les coaches de lui donner sa chance. Il poursuivra donc son apprentissage au sein de l’organisation zurichoise.
Chris McSorley heureux «Nathan Gerbe possède un incroyable talent, la vitesse et une explosivité fantastique de classe mondiale. Il a la capacité d’être décisif à chaque moment sur la glace. Nathan est un leader, un joueur qui met toujours l’équipe et ses coéquipiers en premier. Il sera une magnifique addition à la famille du GSHC.» L’Américain qui arrivera ces prochains jours à Genève ne sera pas sur la glace ce week-end. G.SZ/C.MA.
La faute à la malchance
Depuis le début de la saison, ils tombent tous au combat, tous comme des mouches. Après Nick Spaling lors du tournoi de préparation à Olten, Juraj Simek, Jim Slater et Kevin Romy avant le premier match de championnat à Fribourg, Jonathan Mercier le soir à Saint-Léonard, ce sont Eliot Antonietti à Ambri, puis Noah Rod, Cody Almond, Daniel Vukovic, Kay Schweri et Daniel Rubin voire Jeremy Wick qui ont suivi: ils ont tous fait un saut à l’infirmerie. «Mieux vaut maintenant que durant les play-off», plaisante Mercier, enfin opérationnel.
Mais pourquoi autant de blessés? C’est à croire que le programme de la condition physique, cet été, aurait été modifié par Lorne Henning, l’homme chargé de superviser Chris McSorley. C’est le bruit qui courait à la patinoire. Mais selon Mercier, s’il y a eu autant de bobos depuis la reprise, c’est dû à la malchance. «Il n’y a pas eu d’accidents musculaires, rappelle le défenseur. On a été victime de gros chocs et de vilaines charges, mais ce n’est pas à cause de la fatigue ou de la préparation.»
Ce que confirme d’ailleurs Mathieu Desgranges, le préparateur physique, même s’il n’allait pas prétendre le contraire. «Il n’y a pas eu de demande de Henning de changer mon programme, assure-t-il. Aujourd’hui, on a un mode de préparation sur six cycles qui est rodé. Les garçons, qui sont montés en intensité, ont même terminé la préparation à un niveau de performance jamais atteint jusqu’ici.»
Et lui aussi, dépité, désabusé et désemparé, invoque la malchance: «La plupart de nos blessures sont la conséquence d’impacts dans le jeu. Il y a eu des doigts cassés, des grosses contusions musculaires à la suite de gros contacts. Rien à voir avec les charges d’entraînement. Maintenant, ce qui est terrible, c’est que ces blessures sont toutes arrivées en peu de temps.» Mathieu Desgranges se souvient qu’une telle scoumoune avait déjà eu lieu il y a cinq ans. «Ce qui est malheureux c’est qu’en sachant que nous sommes une équipe robuste, on se prépare en fonction pour supporter de tels impacts. Mais là, ces charges sont venues par-derrière, sur des abdominaux, des cuisses, des mains et avec de telles contusions tu ne peux pas jouer. Il y a des joueurs qui parviennent à vivre avec des douleurs et parfois ce n’est vraiment pas possible ou il est plus raisonnable de se montrer prudent. Mais avec Mercier et Rubin, des joueurs commencent à revenir. La pestouille va finir par tourner…»
Nathan Gerbe, un choix de vie
Nathan Gerbe sera bel et bien un Aigle cette saison. Dès l’annonce du départ de Mike Santorelli, le 2 octobre, c’est le nom de ce joueur de poche (1,63 m) qui a ressurgi immédiatement. Ce soir-là, tandis que Ge/Servette s’amusait contre Lausanne, les discussions allaient bon train. Pour rassurer le public et les partenaires, Hugh Quennec ne cachait pas le nom du successeur de Santorelli. Nous l’avions d’ailleurs relevé dans notre édition du 3 octobre.
Il fallait juste être patient. Il fallait juste attendre de connaître le sort que lui réserveraient les New York Rangers. Après avoir effectué toute la préparation avec le club de Big Apple, Nathan Gerbe n’a finalement pas été conservé dans le contingent. Il a été placé en AHL, dans le club ferme des Hartford Wolf Pack. Mais à 29 ans, pas question pour ce père de famille de deux enfants de végéter dans l’antichambre de la plus prestigieuse des ligues.
Fort logiquement, il a posé sa griffe sur le contrat de trois ans proposé par Genève.
«C’est une nouvelle vie qui commence pour ma famille et moi à Genève, explique-t-il dans un communiqué du club. C’est une opportunité de franchir un nouveau palier comme joueur et grandir comme personne.»
Depuis quatre ans, Chris McSorley avait ce lutin dans le viseur. Cet été, le joueur avait déjà signé un contrat avec le club des Vernets. Il allait ensuite tenter sa chance avec New York. On connaît la suite.
Avec 403 matches de NHL à son actif, Nathan Gerbe est sans doute le joueur le plus excitant mis sous contrat à Genève (en ne prenant pas en compte Logan Couture lors du dernier lock-out). Il y a du Lino Martschini en lui. Ou plutôt devrait-on dire l’inverse. Alors, à tout seigneur tout honneur, c’est l’omniprésident Hugh Quennec qui a officialisé hier une nouvelle qui n’en était plus vraiment une. «Les Genevois vont découvrir un joueur spectaculaire et un homme de qualité.» Grégoire Surdez