26 mars 2015

Malgré la gifle (8-0) et des nouveaux blessés, les Aigles s’en vont, ce soir, à Zurich avec la conviction de marquer un 3e point

 

Lorsqu’une équipe s’incline 8 à 0 devant son public, qu’elle sombre corps et âme devant des tribunes archicombles, peut-elle légitimement rebondir et relever la tête deux jours après?

 

Alors que l’addition devenait de plus en plus salée, certains fidèles des Grenat ont quitté, mardi soir, les Vernets prématurément, dépités et démoralisés. Du côté des joueurs de McSorley, en revanche, si la nuit a été agitée, le moral n’a pas été écorné. Si l’Aigle a piqué du nez et perdu encore des hommes au combat (Picard et Rod), il n’a pas encore les ailes coupées. Malgré cette grosse déculottée et une bande de plus en plus décimée, Ge/Servette se retrouve toujours à égalité (2-2) dans la série avec le champion.

 

«Nous avons bien l’intention de corriger le tir dès jeudi au Hallenstadion», répétait Daniel Rubin hier matin. Même son de cloche du côté de Kevin Romy: «Les Lions reprennent l’avantage de la glace, mais la bataille n’est pas terminée.» Pour Romain Loeffel aussi, «ce n’est pas le moment de baisser les bras: 8-0 ou 2-1, cela revient au même en play-off».

 

Et comme le relève d’ailleurs joliment François Bernheim, entraîneur des Novices élite du club, «mieux vaut en prendre huit d’un coup que quatre fois 2-0!»

 

Un accident de parcours

 

C’est également l’avis d’Arnaud Jacquemet, qui, comme ses camarades, n’a pas jeté l’éponge: «Mardi, au premier tiers, on aurait pu marquer trois fois, rappelle l’attaquant valaisan. Après, c’est vrai que tout s’est enchaîné, que tout s’est écroulé. Dommage d’avoir baissé les bras après le 0-3. Cela dit, on a prouvé par le passé qu’on peut réagir face à l’adversité. Même si leur coach, qui a gagné beaucoup de titres, saura trouver les bons mots pour qu’ils ne s’emballent pas, les Zurichois risquent bien, devant leur public, de penser que ça va être facile. Ils vont encore une fois venir fort, mais on sait que nous pouvons nous imposer là-bas une deuxième fois. A nous de retrouver l’énergie et un peu de baraka et de leur montrer dès les premières minutes que c’était un accident de parcours…»

 

Voilà pourquoi ce Ge/Servette doit encore y croire. «Parce que même si les joueurs ont la tête sous l’eau, ils n’abandonnent jamais, lâche avec admiration Chris McSorley. Il y a des blessés, des malades, des suspendus? On croit alors cette équipe au bord du gouffre et elle arrive à chaque fois à se sublimer pour renverser la situation.» Le coach peut être fier de sa troupe. Même les microbes ont eu peur de ces guerriers.

 

Le 7 à 2 de Lugano

 

Adjoint de l’Ontarien, Louis Matte garde lui aussi bon espoir avant le troisième déplacement des Genevois au Hallenstadion. «Lorsqu’en quart de finale, Lugano était revenu à 2-2 dans la série en venant s’imposer 7 à 2 aux Vernets, rappelle le Québécois, on ne donnait pas très cher de notre peau. On a été capable, ensuite, de disputer un gros match au Tessin. On peut refaire la même chose ce jeudi en allant chercher un 3e point à Zurich. Il y a des soirs sans et mardi c’en était un. Il y a des petites choses qu’on avait bien faites lors des deux premiers actes et qu’on a pas réussi cette fois-ci. Maintenant, vous ne pensiez tout de même pas qu’on allait éliminer le champion 4 à 1? Il y a des éternels optimistes, mais ils ne connaissaient pas l’adversaire devant nous. Reste que si mardi Almond avait égalisé à la 12e, cela aurait changé toute la dynamique de la rencontre.»

 

Gagner quatre matches!

 

Avec des «si», un premier tiers où les Aigles ont dominé, peut-être bien que la situation serait différente aujourd’hui. Et Louis Matte de répéter: «Les gens s’enflamment rapidement avec un succès et deviennent aussi vite négatifs après une défaite. Mais il ne faut pas se focaliser sur le score. On doit remporter quatre parties et tant que tu n’as pas gagné la dernière, t’as beau être proche, t’en es encore bien loin!»

 

Petit rappel pour ceux qui veulent toujours y croire: à chaque fois que les Zurich Lions ont perdu le deuxième match d’une série alors qu’ils étaient favoris, ils ont été éliminés…

 

Paroles d'experts

 

Flavien Conne

«Il n’y a pas plus dangereux comme adversaire qu’une bête blessée comme l’est Ge/Servette depuis cette claque monumentale reçue mardi aux Vernets. On l’a vu dans cette série: il suffit qu’un gardien ne soit pas au top pour que l’équipe d’en face en profite. Selon moi, tout va se jouer là-dessus. Maintenant, les Aigles ont tout de même reçu une grosse gifle et avec les joueurs blessés qui s’accumulent, ils ne possèdent plus, à mes yeux, une profondeur de banc capable de jouer à armes égales avec Zurich. Mais en tant que Genevois, j’ai envie d’y croire et je vois bien les Grenat signer un nouveau hold-up au Hallenstadion. J’attends d’eux un sursaut d’orgueil. Sinon la situation sera mal barrée.» Pronostic: Zurich-Ge/Servette 1-2

 

Olivier Keller

«Aïe! Cette fois-ci, il n’y a vraiment pas eu photo… Quelle déculottée reçue par les Aigles. La question maintenant est de savoir s’ils seront capables de se remettre d’une telle fessée sur le plan mental, sans compter une infirmerie qui affiche pratiquement complet. Heureusement, et c’est la magie des play-off, que l’équipe encaisse un ou huit buts, le résultat reste le même: il n’y a que 2-2 dans une série que je vois toujours aller au meilleur des sept matches même si les Lions ont pris l’ascendant. Les Genevois vont devoir analyser ce qu’il s’est passé sur les trois premiers buts et rectifier le tir. Il va néanmoins être très difficile pour les Grenat d’enrayer la machine zurichoise, qui s’est définitivement mise en mode play-off mardi soir.» Pronostic: Zurich-Ge/Servette 4-1

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette et les Zurich Lions, qui sont désormais à égalité (2-2) dans la série, se retrouvent ce soir (20 h 15) au Hallenstadion pour l’acte V des demi-finales. La partie sera dirigée par MM. Kurmann et Vinnerborg.

 

L’effectif Christophe Bays (hanche), Christian Marti (épaule), Paul Ranger (convalescent), Chris Rivera (commotion), Taylor Pyatt (commotion), Matthew Lombardi (commotion) sont toujours absents. Touchés mardi soir, Alexandre Picard (commotion) – «Quand j’ai voulu le ramener chez lui, il ne se souvenait plus où il habitait», explique un agent de la sécurité de Ge/Servette – et Noah Rod (on craint aussi une commotion) ne joueront pas non plus. Auguste Impose, qui dispute un camp avec l’équipe de Suisse M18, sera du voyage pour Zurich.

 

Le message de McSorley aux supporters qui ont encouragé jusqu’au bout les Grenat malgré ce 8-0: «Je n’avais jamais vu cela. Il n’y pas d’autres fans que vous devant lesquels nous aimerions jouer. Je me réjouis de vous revoir samedi.»