27 octobre 2015

Les Grenat sillonnent la Suisse dans leur deuxième maison. C’est tout un monde qui se déplace, comme ce soir à Bienne

 

Les chiffres sont vertigineux. Chris McSorley s’est prêté au jeu, il a donc calculé le temps passé et les kilomètres parcourus dans un bus, depuis le début de sa carrière de joueur en 1983 jusqu’à aujourd’hui. Ce temps passé, donc, pour aller disputer une rencontre et ensuite revenir au bercail. Verdict total: 550 000 km avalés, près de 6000 heures sur l’asphalte.

 

Quatorze tours du monde…

 

Traduit en réalité tangible, cela représente près de quatorze tours du monde en suivant l’équateur…, soit 250 jours et nuits dans un bus confortable. Ou pas. «C’est vrai que traduit ainsi, ça fait peur», souffle l’entraîneur des Vernets. A l’échelle helvétique, Genève-Servette est l’équipe qui voyage le plus, eu égard à son positionnement géographique. Pour les Aigles, le constat est pareillement impressionnant.

 

Une saison: 15 750 km!

 

Une saison en Grenat, tout compte fait des déplacements (matches amicaux, championnat, play-off), représente en moyenne 15 750 kilomètres, 210 heures de route, soit près de 9 jours complets dans le bus.

 

Les Genevois ont de la chance: leur car à deux étages est beau, parfaitement préparé et confortable. Cela vaut mieux: c’est leur deuxième maison. «C’est à se demander si je ne passe pas plus de temps dans ce bus que dans mon salon», rigole Eliot Antonietti.

 

Le véhicule a ses règles, une hiérarchie établie et scrupuleusement respectée au deuxième étage, le lieu réservé aux joueurs. Cap’tain Bezina explique: «Avec ce nouveau bus, plus spacieux, c’est mieux qu’avant. Mais en clair, les vieux choisissent leur place, les jeunes prennent ce qui reste.» «C’est normal, c’est la règle partout et au fil des années cela évolue…», souffle le jeune Noah Rod. Durant les trajets, chacun s’emploie comme il l’entend. Films sur ordinateur, casque pour la musique, sieste ou partie de cartes: il faut tromper le temps, à l’aller comme au retour.

 

A l’étage du dessous, c’est l’antre des boss: Chris McSorley et Louis Matte. A l’aller, c’est plutôt tranquille. McSorley regarde une série sur son PC. Au retour, c’est le boulot: Louis Matte prépare les images et les statistiques du match qui vient de se jouer. «Je télécharge les images et j’analyse tout», lance l’assistant. Chris McSorley, lui, planche sur le futur adversaire. Mais un match à l’extérieur, c’est tout un monde en mouvement, avant, pendant et après le voyage. C’est tout un matériel qui doit être préparé.

 

Là, c’est le domaine de «Jimmy» Omer, qui prépare tout et qui voyage avant le bus de l’équipe, avec un fourgon plein à craquer. «Les maillots sont disposés dans le vestiaire, tout est prêt quand les joueurs arrivent, explique Omer. Mais il y a aussi la machine à aiguiser les lames, des scies, des appareils de séchage pour les patins, et bien d’autres choses. Ensuite, on remballe tout à la fin du match et on file, pour tout ramener aux Vernets, pour faire immédiatement la lessive des maillots et du reste.»

 

Expérience privilégiée

 

Retour dans le bus. Sébastien Rossi est au volant, c’est le pilote attitré des Aigles. L’équipe en a testé plusieurs, c’est lui qui a été retenu. Il a 41 ans, il aime le sport et la musculation, le courant a vite passé, son professionnalisme et sa discrétion ont fait le reste. «Pour les longs déplacements, au-delà de Zurich, nous partons à deux chauffeurs, explique Seb. Il y a des règles à observer: après 4 h 30 de route, pause obligatoire de 45 minutes. Ensuite, je peux conduire à nouveau 4 h 30, puis c’est un stop définitif et obligatoire.» Il n’a jamais connu le moindre problème sur la route. «Je touche du bois», dit-il.

 

Ce soir, le rituel du voyage va se répéter une nouvelle fois. Direction Bienne. Chacun connaît sa place, tout est rôdé, les repas sont prévus pour le retour. Ge/Servette se paie même le luxe d’accueillir, au coup par coup, des VIP Or (qui soutiennent le club en prenant des cartes à 4000 francs l’année). Le but: partager un trajet et faire vivre le tout de l’intérieur. Cette expérience privilégiée, Jasmin et Jamal Zeinal-Zade, sœur et frère, passionnés de hockey, l'ont vécue. «C’est beau d’être au cœur de l’équipe, de voir tout ce qui se passe», lâcheront-ils en chœur. De l’exceptionnel pour eux, le pain hebdomadaire pour les joueurs et le staff. 

 

Power-play

 

A l’affiche Ge/Servette découvre la nouvelle patinoire de Bienne, la Tissot Arena, ce soir à 19 h 45 à l’occasion des 8es de finale de la Coupe de Suisse. Les Aigles referont le même voyage vendredi pour le compte du championnat…

 

Absents Bays, Almond, Pedretti, Picard, Lombardi, Vukovic (blessés), Chuard, Rubin (suspendus).

 

Gardien Gauthier Descloux gardera le filet, dixit Chris McSorley.

 

Simek aligné? La décision sera prise après la pratique de ce matin. Mais il est fort probable que Juraj Simek étrenne son No 14. Hier, plusieurs de ses coéquipiers étaient aux Vernets avant l’heure pour ne pas rater son retour, sac sur le dos. Eclats de rire garantis!