Le coach de Ge/Servette écarte son top scorer Matt D’Agostini! Une mesure choc pour relancer le groupe avant les play-off
Avec le temps, il est passé maître dans l’art de communiquer. Il pèse chaque mot comme le pâtissier pèse chaque gramme des ingrédients de sa recette. Publiquement, il ne dira jamais du mal d’un joueur, quel qu’il soit. D’ailleurs, à ses yeux, il n’y a pas de grand ou de petit joueur. Il n’y a pas de star ou de débutant. Il y a des joueurs, point! Et ces joueurs doivent s’inscrire dans un schéma défini. Sortir du cadre, mettre en péril l’alchimie, cette obsession érigée en dogme, peut avoir de sérieuses conséquences pour les tympans et l’ego.
Chris McSorley est comme ça. Il réserve ses coups de sang et ses coups de gueule, à l’intimité du vestiaire. C’est là, dans ce sanctuaire, qu’il jette ses volées de bois vert aux coupables. Mardi, à Berne, la porte est restée close. Mais les murs ont des oreilles, dit-on parfois. Il y a eu des éclats de voix après la défaite 4-1 des Aigles. Au-delà du résultat, Chris McSorley n’a pas aimé certaines attitudes. «Je garde le pied sur l’accélérateur et j’attends d’eux qu’ils fassent de même, dit le coach. Il est bon de rappeler certaines choses parfois. Si des équipes se permettent de terminer la saison en choisissant leurs matches, à Genève, ce n’est pas le genre de la maison.»
Les murs ont des oreilles
Depuis la reprise au sortir de la dernière pause dévolue aux équipes nationales, Ge/Servette a montré quelques signes négatifs. Les blessures de certains éléments clés (Mercier, Wick, Jacquemet et Slater) expliquent en partie des performances faiblardes masquées par l’excellence du gardien Robert Mayer. «Son efficacité nous fait du bien, effectivement», soupire Chris McSorley. Il fallait donc réagir. Et c’est sur Matt D’Agostini que la foudre s’est abattue. Les murs ont des oreilles, on l’a dit. Et ceux de la PostFinance Arena ont aussi une langue. Ils racontent que le top scorer a senti le souffle irascible de son coach lui chatouiller les narines et lui perforer les tympans.
Résultat de cette mise au point sévère, Matt D’Agostini est annoncé surnuméraire ce soir contre Fribourg-Gottéron par la voix même de son supérieur. «Il a besoin de se recentrer sur son jeu, tranche Chris McSorley. Avec le retour de Jim Slater, j’ai de nouveau à disposition cinq étrangers de très grande qualité.» L’Ontarien est bien décidé à faire joueur la concurrence à une semaine des play-off. «Pour aller loin, nous aurons besoin de tout le monde, poursuit-il. Y compris d’un Mat D’Agostini au top…»
C’est la seconde fois cette saison que le fantasque et talentueux top scorer genevois a droit à un rappel à l’ordre. La première fois, il avait répondu sur la glace en faisant feu de tout bois. Dans son for intérieur, Chris McSorley espère sans doute que son joueur réagira une nouvelle fois de la sorte…
En attendant, la bonne nouvelle du jour, c’est le retour de l’impeccable Jim Slater. «Il a repris tout le processus de guérison de sa commotion cérébrale depuis le début après un premier retour avorté, explique le coach. Il a reçu le feu vert du médecin. Son retour dans l’alignement va nous faire un bien fou et tombe au bon moment.»
Tout est possible
A deux matches de la fin de la saison régulière, Ge/Servette sait qu’il ne sait… rien. Et que tout est possible au classement. Les Aigles peuvent finir deuxièmes, troisièmes ou quatrièmes. Quant à l’identité de l’adversaire potentiel en quart, inutile de calculer. «Jouons sans nous préoccuper des autres et nous ferons un premier point à 22 h 15 demain (ndlr: ce soir) », dit Chris McSorley qui n’évoquera jamais sa préférence quant à l’adversaire en quart. Il sait que chaque mot à ce sujet est un mot de trop qui pourrait nourrir l’orgueil de l’opposant.
Power-play
L’Affiche Ge/Servette accueille Fribourg-Gottéron ce soir aux Vernets (19 h 45). Demain, dernier match de la saison régulière à Lausanne.
Test Si le classement était figé avant cette rencontre, les deux clubs s’affronteraient en quart de finale des play-off. Le sixième derby sera quoi qu’il arrive un bon test à une semaine des séries finales. Jusqu’à présent, c’est Ge/Servette qui mène 3-2 dans les confrontations.
Equipe Bays, Almond et Mercier sont blessés. Iglesias et Jacquemet sont incertains. En revanche Jim Slater et Jeremy Wick seront de retour. Matt D’Agostini sera étranger surnuméraire.
Fribourg Deux retours dans l’effectif des Dragons: ceux de Martin Réway et de Mikael Loichat, ce dernier étant absent en championnat de LNA depuis près d’un an suite à une commotion cérébrale. Gerd Zenhäusern alignera deux défenseurs étrangers, Picard et Ellerby, ainsi que Mauldin en plus de Réway. C’est Pouliot qui soufflera en tribune.
Billetterie Même si Ge/Servette ne connaît pas encore son adversaire en play-off, les billets pour les quarts de finale sont déjà en vente depuis hier. Les sésames pour les actes I (jeudi 3 mars) et III (mardi 8) peuvent être réservés sur gshc.ch
Juniors: les dissidents jettent l’éponge (par Daniel Visentini)
En marge de l’équipe professionnelle ou de Genève Future (la relève élite), Ge/Servette, c’est aussi un Mouvement juniors, formé en association. Un mouvement qui subit des remous et des déchirements depuis plusieurs mois déjà. Alors forcément, avec une assemblée générale extraordinaire prévue hier soir à Uni Mail, il était question de laver son linge sale. D’un côté Hugh Quennec, abandonné par un comité démissionnaire et présentant cinq nouveaux membres pour reformer une équipe (avec notamment Aeschlimann et Reymond, deux ex-joueurs). De l’autre un comité alternatif qui s’est notamment constitué autour de Christian Antonietti, le papa d’Eliot.
En jeu, une tentative de prise de pouvoir immédiate. Mais le «putsch» a fait pschitt. Il était 19 h 17 quand Hugh Quennec a pris la parole pour évoquer les points à l’ordre du jour. Trois minutes plus tard, le comité alternatif prenait la parole pour jeter l’éponge. «Nous avons travaillé bénévolement pour élaborer un projet pour le Mouvement juniors, expliquait Antonietti. Mais nous ne sommes pas en démocratie. C’est une mascarade. Quand je vois qu’on coopte un nouveau membre quelques minutes avant l’assemblée pour gonfler les urnes, je préfère partir. Nous ne nous représenterons plus.»
Antonietti faisait allusion à Louis Matte, devenu membre quelques instants avant la tenue des débats, à la demande de Quennec. Mais enfin, le bras droit de McSorley a bel et bien été actif aussi auprès des juniors. Le fait est surtout que la menace, parue dans nos colonnes hier, de voir les subventions publiques êtres retirées dans ce climat délétère a conduit les dissidents à ne pas se présenter. Ainsi que la procédure en elle-même: pouvaient-ils seulement se présenter officiellement hier soir, au regard des statuts, sans doute à revoir, mais qui ne leur avaient pas permis de demander une modification de l’ordre du jour dans les délais impartis? Enfin, le vote, après que le comité alternatif eut quitté la scène, fut relativement limpide. Certains étaient donc partis, mais à 20 h 56, 98 votes ont accepté le nouveau comité présenté par Hugh Quennec, pour 4 votes contre et 14 abstentions. Il faut maintenant espérer que les choses repartent sur de bonnes bases.