Auteur des deux buts de Ge/Servette face aux Finlandais de Lappeenranta, le top scorer en forme internationale a relancé les Grenat
Derrière son casque, il n’y a jamais d’éclats de voix, ses mots empreints de lucidité sont toujours bien pensés. Il a le regard vif et perçant, voire intimidant. Kevin Romy, ce hockeyeur de haut vol, est à l’image d’un rapace: sur la glace, il est souvent royal et rend parfois le puck impérial.
Top scorer de Genève-Servette en championnat (14 points, 10 buts), l’artiste neuchâtelois des Vernets aurait dû se retrouver cette semaine avec l’équipe de Suisse. Mais, pour une fois, ce patriote, international à 126 reprises, n’affrontera pas l’Allemagne, le Canada et la Slovaquie à la Deutschland Cup. Contrairement au Zurichois Roman Wick, lui avait une bonne excuse pour décliner une invitation. «Comme je suis engagé en Ligue des champions, la priorité reste mon club», explique le No 88 de Chris McSorley.
Toujours pour l’équipe
Nouveau coach de la sélection, Glen Hanlon, qui a également ménagé les Fribourgeois, a forcément compris sa décision. «On s’est présenté à son arrivée, explique l’attaquant. Il nous a dévoilé sa philosophie et sa manière de travailler avec nous. Il sait que je serai disponible pour les prochains camps, en décembre à Arosa ou plus tard, s’il estime que je mérite d’être appelé.»
De toute manière, Kevin Romy n’est pas du genre à s’esbigner. Celui qui pilote aussi des avions est quelqu’un de responsable. «Il est certain qu’avec la Coupe de Suisse et la Spengler en plus du championnat et la Ligue des champions, on va disputer beaucoup de matches mais, sourit ce gladiateur grenat, si physiquement c’est éprouvant, on est entraîné en conséquence. Et puis, quand tu restes sur un week-end difficile en championnat, rejouer un match derrière et gagner, c’est l’idéal pour se relancer…»
C’est, comme par enchantement, exactement ce qui s’est produit mardi aux Vernets où l’Aigle a retrouvé des ailes et des forces insoupçonnées face à SaiPa Lappeenranta. «C’était important pour l’équipe de retrouver le chemin de la victoire, surtout mentalement, pour ne pas perdre confiance en nous», renchérit un Chaux-de-Fonnier qui a vidé un gros coffre d’énergie en fin de partie lorsqu’il a fallu tuer les cinq minutes de pénalité suite à la faute de Daniel Rubin qui aurait pu tout gâcher sans cette belle solidarité.
«A nous maintenant d’être autant libéré en championnat qu’on l’est dans cette compétition européenne. On possède une bonne équipe, solide, qui a les moyens de rebondir, la saison est encore longue.» Auteur des deux buts de la partie, le meilleur compteur des Servettiens n’en fait pas tout un fromage, il préfère une bonne fondue que de se mettre sous les projecteurs. «Je profite d’un rebond sur le premier et d’une superbe passe de Timothy Kast, je n’avais plus qu’à glisser le puck dans les filets», relativise celui qui porte le casque jaune en championnat, mais est si content d’avoir pu aider son équipe. Se mettre au service du collectif, c’est ce qui lui importe le plus.
«Rien n’est joué»
Après ce précieux succès, 2-0 face à ces solides joueurs nordiques, Ge/Servette parviendra-t-il à tenir le choc la semaine prochaine en Finlande et monter dans le quart? «Ils vont certainement venir très fort d’entrée de match, redoute Romy. A nous d’être prêts mardi. On possède deux buts d’avance, c’est bien, mais rien n’est joué. Il s’agira de nous montrer solides et jouer notre carte à fond.» Il l’a dit avec un sourire qui en disait long sur ses ambitions, le regard vif et perçant. Il devait être un aigle dans une autre vie…