Impeccable, le gardien No 1, rouage essentiel des Aigles, doit permettre à Ge/Servette d’enfin récolter des points
Robert Mayer est un gardien à part. Sa «folie», son sens du jeu, son mental et son engagement physique en font un joueur qui sort de l’ordinaire. Dans le marasme de ce début de saison catastrophique, son retour au jeu n’est pas passé inaperçu. Derrière les nuages noirs qui stagnent au-dessus de la patinoire des Vernets, il y a désormais comme une lueur d’espoir qui ne demande qu’à transpercer ce ciel lourd.
C’est en constatant ce qu’il apporte qu’on mesure mieux ce qu’il manquait avant. «On ne doit surtout pas enlever le moindre crédit à Gauthier Descloux et Christophe Bays, précise Sébastien Beaulieu, entraîneur assistant en charge des gardiens de Ge/Servette. C’est juste que ces gars-là n’évoluent pas dans le même registre que Robert. Dans leur cage, sur la ligne, ils ont fait un super-boulot.»
Il est vrai qu’au fil des défaites, le gardien était l’un des rares qui pouvaient échapper à la critique. «Je pense même que nous aurons peut-être vécu un mal pour un bien, poursuit Sébastien Beaulieu. Mais le coach a désormais la certitude que nos deux gardiens No 2 tiennent quand même la route.Pour l’ensemble de la saison, c’est une bonne chose.» Reste qu’avec Robert Mayer, Ge/Servette récupère davantage qu’un simple gardien. Il récupère un homme qui tient une place centrale dans le jeu. C’était vrai lorsque le bouillant Chris McSorley était à la bande. Ça l’est toujours depuis que le tiède et impassible Craig Woodcroft l’a remplacé.
Le nouvel entraîneur se réjouit des performances de son gardien. «Nous savons qu’il est dominant, dit Craig Woodcroft. Il est extrêmement important pour nous permettre de briser la pression adverse dans notre camp de défense. Avec son patinage et son jeu de crosse, il nous permet de récupérer un maximum de pucks derrière notre but et de relancer rapidement le jeu sur l’un de nos deux défenseurs.»
Dans le nouveau système de jeu, Robert Mayer semble être plus prudent que par le passé. «On lui demande de tenter un peu moins des relances en profondeur, dit Sébastien Beaulieu. Il y a donc moins de risques. Cela dit, il y aura sans doute des tentatives et quelques erreurs, parfois. Mais au final, c’est important que la balance penche du bon côté. On l’oublie parfois mais un gardien qui sort et prend des risques fait du bien à sa défense et à son équipe. On l’a vu contreFribourg avec Barry Brust. Il nous donne un but sur sa seule mauvaise décision, mais en contrepartie, ses sorties ont créé une bonne douzaine de situations favorables pour relancer proprement et rapidement le jeu.»
C’est donc cela que Robert Mayer s’escrime à faire depuis son retour de blessure la semaine dernière, lors du troisième tiers-temps à Fribourg. Lorsque la nouvelle de son embardée canadienne en quad est tombée cet été, l’optimisme n’était pas de mise. Avec des côtes brisées, un poumon perforé, les entraîneurs pouvaient craindre une absence de très longue durée. C’était compter sans la volonté du gardien. Fâché contre lui-même et contre le sort qui l’avait projeté au sol, il a cravaché comme un forcené dès que son corps le lui a permis. Et dès son retour sur la glace, il a assumé ses responsabilités, lui. «Il nous a bluffés, témoigne Sébastien. Mais Robert est taillé dans le roc. Physiquement, c’est un monstre. Et là, il se remet directement dans le rythme, c’est très fort. Il faut maintenant engranger des points, car Robert ne peut pas être satisfait sans victoire.»
Une attitude de gagneur qui pourrait inspirer certains leaders supposés être, eux aussi, des joueurs «à part». On parle bien sûr des patineurs étrangers. Des imports, comme on dit vilainement en «franglais», qui demeurent désespérément ordinaires. Et si ça changeait avec Mayer…
«On a les bons étrangers. Ils doivent juste faire plus»
Le match de Zoug a laissé entrevoir un début d’ébauche de rébellion. Difficile, pourtant, d’imaginer le réveil des leaders, ou supposé comme tels, au vu de ce début de saison. On pourrait dire que Ge/Servette possède le pire quatuor d’étrangers de la ligue. Ce serait forcément réducteur. Tant Nathan Gerbe que Nick Spaling et, dans une moindre mesure, Johann Fransson ont déjà prouvé qu’ils pouvaient être dominants avec un maillot grenat sur les épaules. Reste le cas Henrik Tommernes. Sacré deux fois meilleur défenseur du championnat de Suède, il ne parvient pas à se libérer. Il a pourtant, en tout début de saison et lors de certains matches de préparation, laissé entrevoir son sens du jeu et de la passe. Celui qui devait être l’une des valeurs sûres sur le marché des défenseurs s’est effacé avec une régularité inquiétante. C’est grave, docteur? Interrogée, la cellule sportive calme le jeu et parle d’une seule et même voix, en l’occurrence celle de Chris McSorley. «Nous avons les bons joueurs étrangers, dit-il avec conviction. Ils doivent juste faire plus et mettre les pucks au fond. Ils sont dans les meilleures conditions pour évoluer.»
Et quid d’un nouveau renfort? «Ce n’est pas une priorité. Le téléphone sonne, mais il est clair que nous ne recherchons pas quelqu’un pour une courte période.»
En clair, Nick Spaling, blessé pour une durée indéterminée, ne sera pas remplacé par un intermittent du spectacle. Et pourquoi ne pas faire appel à Deniss Smirnovs, centre letton évoluant avec les juniors Elite et qui tourne à deux points par match? «Nous ne voulons pas brûler une licence d’étranger pour un junior. Il doit poursuivre son développement chez les juniors», tranche Chris McSorley.
Il est clair qu’à 18 ans, il ne faut pas attendre de miracle de ce jeune prodige. Il ne sera pas pour le moment un étranger dominant. Mais il n’est finalement pas si farfelu d’imaginer qu’il puisse faire mieux que certains fantômes de la glace en amenant un grain de folie dans le jeu. Ge/Servette a encore quatre licences étrangères à disposition. On a connu Chris McSorley plus joueur…