23 septembre 2014

Passionné d’aviation, l’attaquant de Ge/Servette a jubilé hier sur le chemin de Villach, où son équipe joue ce soir en Ligue des champions

Ge/Servette a posé pied hier en milieu d’après-midi en Autriche, à Klagenfurt. Destination? Villach, où les Aigles doivent affronter ce soir le club local en Ligue des champions (19 h 30/Teleclub). Récit d’un petit périple commencé quelques heures plus tôt.

 

En ce lundi matin, Louis Matte, l’adjoint de Chris McSorley, a tout préparé. Les joueurs ont rendez-vous à 8 h 15 aux Vernets pour prendre le petit-déjeuner en équipe, histoire de lancer de la meilleure des manières un voyage de trois jours en terres autrichiennes. Pour digérer, les Grenat ont droit à une séance vidéo, afin d’étudier en images une dernière fois le jeu des pensionnaires de la Stadthalle. De 9 h à 10 h, ils s’en vont transpirer un peu, séance de musculation à la clé. Le temps de se doucher et de réunir ses affaires qu’il est déjà temps pour tout ce beau monde de prendre le chemin de l’aéroport. Le check-in est prévu à 11 h 30. Chacun doit se rendre sur place de son propre chef.

 

Matte aux commandes

 

Arrivée au guichet. Louis Matte est aux commandes. Il s’assure que personne ne manque à l’appel et que chaque personne – des joueurs en passant par le staff – ait son billet en poche. A quelques mètres de là, des chariots chargés de sac à l’effigie de Ge/Servette sont rassemblés devant les guichets d’enregistrement. Les regards s’attardent sur ce drôle de convoi.

 

Midi, il est l’heure de prendre le chemin de la porte d’embarquement, le décollage est prévu pour 13 h. L’avion se pose un peu plus tard que prévu sur la piste. Le chargement du matériel n’est pas de tout repos dans les soutes de cet «ATR 72-600, un avion à hélices», précise Kevin Romy. Si l’attaquant neuchâtelois a fait le choix de se tourner vers le monde du hockey pro, il est passionné d’aviation depuis tout petit. «Je voulais être joueur et pilote, mon choix s’est porté sur la glace mais je ne cache pas qu’un jour j’espère me retrouver aux commandes d’un avion de ligne ou d’affaires. Je pense à ma reconversion, je ne vais pas pouvoir vivre du hockey toute ma vie…» Kevin Romy ne lâche pas des mots en l’air, lui qui possède une licence de pilote et s’envole quand il le peut lors de son «temps libre».

 

Tous les membres de Ge/Servette installé dans leur siège, l’avion peut enfin décoller pour une heure et demie de vol. Déjà, les blagues fusent: «Eh Kevin, on sait qu’on peut compter sur toi en cas de malaise du pilote», lance l’un de ses coéquipiers. «Pourquoi l’hélice de gauche ne tourne pas? C’est normal?» rigole un autre dans le fond.

 

Simek pas rassuré

 

Durant le vol, chacun y va de sa petite organisation. D'un côté, tablettes et ordinateurs sont de sortie. Quelques joueurs tombent dans les bras de Morphée. Kevin Romy, lui, a le regard fixé sur son hublot. Si aujourd’hui l’Aigle vole pour Ge/Servette, il pourrait faire de son deuxième rêve de gosse une réalité. «J’ai même épousé une pilote de ligne!» renchérit-il. A 29 ans, le Neuchâtelois est comblé. Il a fait de sa première passion son métier, et il se rend en avion à des matches de hockey. «C’est sympa, ça change du car. C’est surtout plus rapide! Et j’aime ça.»

 

15 h. L’avion amorce sa descente vers Klagenfurt. L’appareil joue avec les émotions de quelques joueurs. Des jurons – dans la langue de Sa Majesté en majeure partie – se font entendre. Il est vrai que l’avion prend un malin plaisir à se muer en manège de foire et certains n’apprécient vraiment pas. «Pas question que je remette les pieds dans ce truc», lance Simek à ses coéquipiers hilares. Kevin Romy tient à le rassurer: «C’est le cliché habituel avec ces avions à hélices qui sont peut-être un peu moins stables que des avions à réaction mais parfaitement sûrs.»

 

Rubin, cœur de lion

 

Chris McSorley le répète à l’envi: son groupe est le meilleur qu’il ait jamais possédé. Heureux de ses nouvelles recrues, le boss des Vernets estime avoir trouvé les remplaçants idéals aux départs de Lombardi, Almond, Daugavins et Hollenstein. «On nous a beaucoup critiqués en début de saison suite à la perte de ces joueurs. Je crois que notre place actuelle en championnat et notre parcours en Ligue des champions démontrent la force de mon équipe. Je suis certain que n’importe quelle équipe de LNA adorerait avoir nos problèmes…»

 

Non seulement ravi du rendement de ses nouveaux étrangers – les frères Pyatt, Ranger et D’Agostini – Chris McSorley peut compter sur Rubin, étincelant en ce début de saison. «Daniel a un cœur de lion et n’a pas peur sur la glace. On lui a fait confiance et il a pris l’opportunité qui lui était offerte de se montrer sous son meilleur jour.» Le Bernois, qui a subi un calvaire deux années durant dans la Ville fédérale, fait des miracles depuis son retour à Ge/Servette. «Il a été baptisé à l’eau du lac, rigole le coach ontarien. Il nous fait un bien fou.»

 

A l’heure des flatteries, Chris McSorley tient aussi à féliciter Kevin Romy, qui «dispute le meilleur hockey de sa vie. Il est en mode NHL. Je suis très heureux pour lui.»

 

Au moment d’affronter Villach ce soir en Ligue des champions, le boss pourra compter sur tout ce petit monde pour se tirer du piège autrichien. Pour cela, il ne faudra pas commettre les mêmes erreurs que lors du match aller, qui avait vu les visiteurs mener 2-0 après le premier tiers. «Cette fois, mes joueurs savent qu’il ne faudra pas les sous-estimer. Ils partiront au combat leur casque vissé sur la tête, marque de guerre sur le visage.» Le ton est donné.

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette est en Autriche depuis hier après-midi pour y défier Villach ce soir (19 h 30/Teleclub), dans le cadre de la cinquième journée de Ligue des champions. Les Aigles s’étaient imposés 4-2 lors du match aller aux Vernets, non sans quelques frayeurs. «A nous de faire en sorte que cela ne se reproduise pas», a déclaré Chris McSorley, confiant en la capacité de ses hommes.

 

L’effectif Taylor Pyatt a fait son retour dans le groupe et est bien du voyage en Autriche. Il devrait être apte à tenir sa place. «Taylor est à 90% de ses capacités. Nous verrons ce mardi matin à l’entraînement si tout se déroule bien.» Robert Mayer est lui toujours absent. Christophe Bays commencera donc la rencontre dans les buts. Enfin, Roland Gerber, touché à une hanche, a déclaré forfait. Une aubaine à saisir pour le No 19 Kast. «Tim a fait preuve de patience jusque-là. Ce soir, il a l’occasion de se montrer, de prendre sa chance.»

 

Prochain match de LNA Pas de journée de championnat ce soir, Ligue des champions oblige. Le retour à Genève des Aigles est agendé à demain; ils s’en iront défier Lausanne vendredi (19 h 45/Teleclub). B.BE.