20 mars 2018

L’attaquant français emmène Genève-Servette avec un allant retrouvé. Même s’il rendrait volontiers son casque jaune

 

La défaite, il la déteste plus que tout. Même quand il joue à la belote avec ses amis, il est à prendre avec des pincettes. Il n’y a que le succès qui donne le sourire à ce mauvais perdant. Et encore. Ce n’est pas son genre de s’emballer après un match, surtout en play-off. Stéphane Da Costa préférera toujours se mettre au show sur la glace plutôt que d’assurer le spectacle en public et danser sur un bar, ne serait-ce que pour célébrer la Saint-Patrick.

 

«C’est comme ce casque jaune, même si c’est en faveur des juniors, je ne suis pas trop fan, s’exclame le top scorer des Aigles. C’est la première fois dans ma carrière que je vois un truc pareil. Pour moi, le hockey est un sport d’équipe où on gagne tous ensemble. D’ailleurs, pour connaître du succès au niveau individuel, il est indispensable que tout le monde évolue à son meilleur niveau.»

 

Berne a-t-il levé le pied?

 

Et c’était le cas samedi aux Vernets, où lui et les Grenat se sont enfin réveillés face à un champion bernois qui n’avait encore jamais été chahuté de la sorte depuis le début de ce quart de finale. «Mais lors des trois premiers matches aussi, on a donné tout ce qu’on pouvait, rétorque le Français. Sauf que cette fois-ci, on l’a mieux exécuté.»

 

Et ne lui dites pas que samedi le champion n’a rien fait pour s’imposer aux Vernets, se réservant pour ce mardi, cela lui hérisse le poil. «À vrai dire, je m’en moque de savoir que les Bernois ont levé le pied ou pas, se gausse-t-il. Il ne faut pas commencer à chercher la petite bête. Pour nous, c’est une victoire méritée. Parce qu’on a bien joué durant soixante minutes, c’est tout!»

 

Arrivé de Russie à court de préparation cet automne, celui qui a disputé 47 rencontres en NHL avec les Senators d’Ottawa retrouve gentiment le top de sa forme, la classe à l’état pur. Repositionné au centre entre Jérémy Wick et Michael Keränen, l’international tricolore a enfin pu exprimer tout son talent sur la glace, dans tous les bons coups, avec un but et, surtout, une passe en or pour Wick sur le 2-0.

 

«Que ce soit mentalement ou physiquement, j’essaie d’être à chaque fois à 100% de mes possibilités, mais je pourrais être encore mieux», estime un Da Costa capable, par une feinte ou une accélération, de faire la différence à tout moment. «On veut donner du bonheur à nos fans, ceux qui font le voyage à Berne et qui nous encouragent tous les soirs, poursuit le Franco-Polonais, lequel se réjouit de se retrouver encore une fois dans cette fosse au milieu des 16 000 spectateurs. J’adore cette ambiance, en plus on entend bien crier nos supporters!»

 

Que ce soit en Amérique du Nord ou en KHL, le Français n’avait jamais vécu un tel engouement dans une patinoire. Comme cette incroyable communion au terme de cet acte IV, comme s’il s’agissait du dernier de la saison aux Vernets. «Non, il ne faut pas le prendre ainsi, rectifie le génial attaquant. Les fans sont juste venus nous dire qu’ils étaient à fond derrière nous, comme ils l’ont fait au début du match alors que nous étions menés 3 à 0 dans la série. C’était une manière de nous encourager pour la suite.»

 

«J’ai déjà vécu ça»

 

Cette situation où il ne manque plus qu’à inscrire le dernier point, Da Costa l’avait déjà connue en KHL. «Lors de ma première saison à Moscou, en 2015, on menait aussi 3 à 0 en finale de conférence et on avait perdu au final 4-3, se souvient-il. Preuve que ce n’est jamais fini, que tout peut encore arriver!» Et si l’histoire se répétait? Avec l’énergie du désespoir, un Mayer à nouveau royal dans sa cage et un tel Da Costa, les espoirs sont en effet permis pour des Grenat qui veulent faire durer le plaisir.

 

Le Français, qui se verrait bien rester à Genève, ne voit pas d’autre issue ce mardi que la victoire. La défaite, il n’y pense même pas.

 

Power-play

 

L’affiche Victorieux samedi (4-1) aux Vernets, Ge/Servette se déplace à Berne avec le vent dans le dos. Menés désormais 3-1 dans la série au meilleur des sept matches, les Genevois comptent bien revenir jouer encore une fois devant leur public jeudi. Coup d’envoi de ce 5e acte ce mardi à la PostFinance Arena à 20 h 15.

 

L’effectif Kay Schweri, Jonathan Mercier, Cody Almond et Gauthier Descloux sont toujours blessés. Nick Spaling est incertain. La logique voudrait que Craig Woodcroft reconduise une équipe qui gagne. «À nous de faire un copier-coller de ce 4e acte avec la même intensité et le même jeu. Il n’y a rien à changer», lâche Goran Bezina.

 

La phrase «Avant de partir à Lugano, j’ai envie de terminer sur une bonne note, remarque Romain Loeffel. Cela m’aurait fait tartir m’en aller avec un 4-0 dans les dents, même un 4-1 ne me ferait pas plaisir. On va tout faire pour aller chercher un deuxième succès et un troisième pour aller plus loin encore.»