Avec son sens du jeu, le Genevois fait son trou avec les Aigles. Formé au club, il a attendu son heure pour briller dans l’élite
Le public des Vernets découvre un joueur qui a le coup de patin vif. Un attaquant qui garde la tête haute, qui voit vite et bien. Tim Kast (26 ans) est la bonne surprise du moment dans les rangs grenat. Profitant de quelques blessures, il a su gagner la confiance, tout du moins provisoirement, de Chris McSorley. Que ce soit en Ligue des champions, en championnat, ou encore en Coupe de Suisse, le Genevois enchaîne les performances de choix. De quoi lui faire oublier un début de saison frustrant, où il devait se contenter d’enfiler son costume de ville les soirs de match ou de ne griffer la glace qu’avec une extrême parcimonie.
Tim Kast, vous avez vécu un début de saison frustrant. Avez-vous douté à un moment?
C’est clair que ce n’est jamais drôle de rester en tribune ou alors d’être 13e attaquant. Mais je ne suis pas du genre à me plaindre. Nous avons eu une préparation assez particulière avec la Ligue de champions qui est venue très rapidement. Du coup, nous n’avons pas eu beaucoup de matches pour faire de véritables essais. D’autant plus qu’en Coupe d’Europe, on aligne nos cinq étrangers, dont quatre sont des attaquants. Ça limite forcément les places dans l’alignement.
Comment fait-on pour garder le moral?
Je continue de bosser et je parle avec mon entourage et les coaches. Je savais, de toute façon, qu’avec la saison que nous avons, ce n’était pas possible que je ne joue pas à un moment donné. C’est une situation nouvelle pour moi étant donné qu’en LNB, j’avais de grosses responsabilités et le temps de jeu qui va avec. Maintenant, en signant avec un club de LNA, je m’attendais aussi à vivre ce genre de situation.
A vous voir depuis quelques matches, on a de la peine à imaginer qu’aucun club de LNA ne vous ait contacté plus tôt.
Dans une carrière, on est souvent tributaire des circonstances. Ce n’était pas un véritable choix de ma part de jouer en LNB. C’est juste que personne ne m’avait vraiment donné ma chance jusque-là. Cinq ans, ça peut paraître long, mais je n’ai jamais baissé les bras. Pendant ce temps-là, je me suis aussi développé et me voilà aujourd’hui dans l’élite. Il faut donc croire que j’ai emprunté le bon chemin.
Quel a été le frein à votre ascension?
Sans aucun doute, il est en rapport avec mes caractéristiques. Avec mon «petit» gabarit, la question était de savoir si j’allais être capable de tenir le choc physiquement. Mes qualités techniques et de patinage, tout le monde les connaît. Quand j’ai parlé avec Chris McSorley, c’est le challenge qu’il m’a proposé: je devais être capable de jouer mon jeu et d’amener ma créativité, tout en assumant ma part défensive. Sur ce plan-là, j’ai eu un peu de peine en début de saison, mais là aussi, je progresse. Et il ne faut pas oublier non plus que désormais, je suis aligné à l’aile, un poste tout nouveau pour moi, qui nécessite un travail très différent, notamment dans les bandes. Là aussi, je progresse à chaque match.
Le fils vu par le père (Par le vieil aigri)
Entre la famille Kast et Ge/Servette, c’est une longue histoire d’amour, qui a commencé en 1963. Jean-Pierre et ses fils Terence, Timothy et Thurel ont tous revêtu le maillot grenat. Autant dire que le retour de Timothy, cette saison, aux Vernets fait la fierté de son père, qui porte un regard sans complaisance sur le parcours de son fils:
«Tim s’est fait la place qu’il mérite au sein de Ge/Servette. Mais il a fallu la blessure de Gerber pour qu’il quitte le rôle de 13e attaquant ou de joueur surnuméraire. Et qu’il gagne ses galons de titulaire. Avec succès depuis quelques matches.
»A mon sens, Tim est utilisé à contre-emploi par Chris McSorley. C’est un centre naturel, pas un ailier. Lui ne s’en formalise pas, même s’il ne cache pas sa préférence. Il s’est accroché et a travaillé très fort. Louis (Matte) l’a aussi beaucoup aidé. Les efforts de Tim ont enfin été récompensés. Maintenant, il doit confirmer.
»Comme tous les joueurs, Tim est tributaire de l’entraîneur. A La Chaux-de-Fonds, il jouissait de l’entière confiance de Gary Sheehan. A Genève, il doit encore convaincre Chris que, malgré son mètre septante-cinq et ses 78 kilos, il peut apporter son intelligence et sa vision du jeu à l’équipe. Dommage qu’on ne lui ait pas accordé davantage de temps de jeu lors des matches de préparation. Car à mon sens, et ça fait longtemps que j’en suis convaincu, Tim a le profil pour s’installer durablement en LNA.»
Loeffel suspendu sept matches: «Absurde!» estime McSorley (par Benjamin Berger)
Le couperet est tombé hier sur le coup de midi. Romain Loeffel a écopé d’une suspension de sept rencontres par le juge unique Reto Steinmann pour un coup porté à un juge de ligne vendredi, lors de la défaite de Ge/Servette à Lausanne (5-1).
Chris McSorley l’assure: «Romain Loeffel ne se souvient de rien. Il ne se rappelle pas avoir bousculé Roger Bürgi. Tout ce qu’il voulait, c’était ne pas laisser filer seul le joueur lausannois.» Selon nos informations, le juge unique estime invraisemblable que le Grenat ne se souvienne pas du contact avec le juge de ligne.
Ce fait de match est d’abord passé inaperçu, les quatre officiels n’ayant rien reproché au défenseur ni sur le moment ni dans leur rapport. Puis l’Aigle s’est vu rattraper par les images vidéo sur dénonciation de Brent Reiber, No 2 des arbitres en Suisse. Images sur lesquelles on peut voir le Neuchâtelois se retourner et heurter de la tête l’assistant, avant de le repousser vivement de ses deux bras avec la canne.
A la décharge de Romain Loeffel, Reto Steinmann admet que le premier contact entre les deux hommes est totalement fortuit. En revanche, l’attitude du défenseur genevois lorsqu’il se dégage de Roger Bürgi a, elle, été jugée fautive. Et ce, malgré le fait que l’Aigle ait le regard dirigé vers le bas. Le juge unique poursuit en indiquant que la frustration du joueur s’est manifestée et que son geste a porté atteinte à l’intégrité corporelle d’un directeur de jeu. Reto Steinmann indique ne pas pouvoir tolérer une telle réaction.
La décision de ce dernier a fait sortir Chris McSorley de ses gonds: «Comment peut-on accuser quelqu’un de meurtre quand personne n’a été tué? Je suis très déçu pour Romain, qui ne méritait pas une telle sanction. Tout le club, du staff aux joueurs, est contrarié. Roger Bürgi ne s’est jamais plaint du contact avec Loeffel. Il n’est pas allé relever le geste aux arbitres principaux. Et Romain n’a pas été pénalisé durant la rencontre. Toute cette histoire a débuté lundi matin, lorsque les officiels ont utilisé la vidéo du match lors d’un camp d’entraînement. Avant cela, personne n’avait rien eu à redire.»
Si Chris McSorley est en total désaccord avec la décision de Reto Steinmann, le boss des Vernets a toutefois décidé de ne pas faire recours, qualifiant la sanction «d’absurde». Comme la veille, Romain Loeffel, lui, n’a pas souhaité s’exprimer.
Power-play
L’affiche Ge/Servette reçoit Davos ce soir aux Vernets (19 h 45/Teleclub)
Equipe Gerber (côte) est incertain, Mayer est blessé. Loeffel est suspendu (lire ci-dessous).
Etrangers Chris McSorley choisira son étranger surnuméraire ce matin après la pratique. Diminué ces derniers temps par une blessure à une main, Paul Ranger, qui a joué hier en Ajoie, devrait retrouver également sa place en championnat. Possible replacement également de Goran Bezina en défense, conséquence de ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Loeffel».
Coupe Ge/Servette connaît son adversaire en 8es de finale de la Coupe de Suisse. Il recevra sa bête noire, le LHC, le 29 octobre aux Vernets. Il espère avec davantage de réussite qu’en championnat.