Sortie manquée pour l’ex-gardien de Ge/Servette sur le but égalisateur. Le Québécois Picard l’a «allumé». Zoug s’incline (4-3)
Il avait le regard fixé droit devant lui, perdu dans les tribunes – encore – vides des Vernets. A l’heure de l’échauffement samedi soir, Tobias Stephan est resté longuement figé sur la glace, ressassant à coup sûr cinq années de souvenirs. Celles durant lesquelles il était l’ange gardien adulé de Ge/Servette. Même s’il a déménagé du côté de Zoug cet été, Tobias Stephan était, le temps d’une rencontre, de retour à la maison ce samedi. Il est même allé jusqu’à retirer son casque à l’entame du «Cé qu’è lainô», l’hymne des Genevois. Tobias, ce héros.
Acclamé dans une ambiance assourdissante par les 6157 spectateurs des Vernets, le portier zurichois a vécu une soirée mitigée sur les bords de l’Arve: émotion et concentration prenant tour à tour le relais. Comme sur la deuxième réussite des Genevois, signée Alexandre Picard, sur une sortie totalement manquée de l’invité de marque de la soirée.
«Un but de raccroc»
Jusque-là solide comme un roc, Tobias Stephan en a perdu ses patins. L’attaquant canadien des Aigles, lui, ne s’est pas fait prier pour fusiller son ancien coéquipier. La faute à pas de chance, analysera le No 51 en fin de rencontre: «J’ai été surpris par la trajectoire du puck. L’effet ping-pong avec la bande a fait rebondir la rondelle juste devant moi et Alex en a profité. Il m’a un peu allumé après son but, mais je connais le personnage. Ça fait partie de son caractère, c’est le jeu.»
Allumé? Tobias Stephan n’en dira pas plus. «Ce qui se passe sur la glace, reste sur la glace.» Picard se montrait, pour sa part, plus loquace: «Merci Toby!» a lancé l’intéressé, pas peu fier de son coup. «Il faut avouer que Tobias a vraiment fait preuve de malchance. J’ai inscrit un but de raccroc. Mais il compte quand même!»
S’il s’est incliné sur la glace, Tobias Stephan n’en a pas perdu pour autant l’amour que lui voue le public genevois. Cinq années de bons et loyaux services, ça ne s’oublie pas d’un revers de crosse. En fin de rencontre, entre deux interviews télévisées, le Zurichois s’est fendu d’un tour d’honneur alors que le public scandait son nom à l’unisson. «Ce n’était pas une soirée facile pour moi. Revenir si vite ici était un peu déstabilisant. Me retrouver dans le camp du visiteur était aussi une sensation bizarre. Je suis déçu d’avoir perdu mais heureux d’avoir revu tous les gens du staff et le public genevois.»
Ge/Servette a fait le plein
Le portier de Zoug s’est aussi vu remettre en début de rencontre une bouteille de champagne des mains de Chris McSorley. A l’instar d’Alexandre Picard, le boss de Ge/Servette s’est aussi fendu d’une petite pique à son ancien joueur: «Je lui ai dit que j’espérais qu’on allait au moins lui inscrire cinq buts, histoire de marquer le coup.» Le maître des lieux avait presque vu juste.
Avec six points en deux rencontres de championnat, Ge/Servette a fait le plein de confiance ce week-end. A l’image de Daniel Rubin, maillot de Top scorer sur les épaules, qui revit depuis son retour en Grenat. «Ça fait du bien de marquer des buts; on ne peut pas dire que c’était le cas ces dernières saisons. Il y a une très bonne ambiance dans ce groupe. Je pense que l’on peut aller loin si on continue de jouer ainsi.»
Il faudra pour cela corriger le tir dans les deuxièmes tiers, que Rubin et ses coéquipiers peinent à traverser depuis la reprise. En témoigne le but encaissé à la 29e alors que Ge/Servette évoluait en power play. «C’est vrai qu’on ne s’explique pas ces passages à vide. Il va falloir qu’on réagisse sur ce point. Si on avait la solution, ce serait déjà fait», expliquait le Bernois.
Avant d’affronter Lausanne vendredi, les Aigles s’envolent ce matin pour l’Autriche. Destination Villach, pour y jouer la cinquième journée de Ligue des champions. Au match aller aux Vernets, Chris McSorley et ses hommes s’étaient imposés 4-2. Les Grenat jouent la tête de leur groupe, qu’ils occupent conjointement avec les Suédois de Frölunda.