LHC et Ge/Servette sont repartis dos à dos, sans jouer. La faute au vidéotron, bloqué à ras la glace à Malley. Frustration
Mais qui a dit qu’il y avait peu de spectacle sur la glace de Malley? Hier soir, à l’occasion d’un derby très attendu entre les frères ennemis, Lausanne et Ge/Servette, il y a bel et bien eu du spectacle. Du spectaculaire, devait-on dire plus précisément. Mais pas pour les bonnes raisons. Le vidéotron, ce gros cube qui surplombe le centre des patinoires pour afficher le score, le minutage, les images et les pubs est tombé en panne. Rien de grave? Si: parce qu’il avait été descendu de son firmament pour une réparation d’urgence, peu avant le début de la rencontre, mais qu’il n’a jamais daigné regagner sa place. En guise de derby, il n’y a eu qu’attente, attente, attente encore et, devant l’évidence de la panne insoluble, report du match.
«Heureusement que cela arrive à l’occasion d’un déplacement à Lausanne, soufflait Goran Bezina. C’est un peu ce qu’on s’est dit dans le vestiaire. Parce que si ça arrive après un voyage à Davos, c’est plus embêtant…» C’est le système informatique qui est censé piloter la mécanique du vidéotron qui a lâché, alignant bug sur bug. L’organisation locale a tout tenté, y compris avec une grue qui devait permettre d’activer un système manuel, mais rien n’y a fait. Comme elle n’est pas responsable du problème technique, indépendant de la volonté du LHC, pas de match gagné par forfait pour les Aigles. Seulement une rencontre reportée, dont la date est à déterminer. Histoire de se faire pardonner, le LHC a même offert une tournée générale pendant un quart d’heure: une mesure qui a eu le mérite de faire taire les sifflets et les sarcasmes qui fusaient des tribunes…
Les Genevois, comme les Vaudois, ont donc repris le chemin du vestiaire, pour une douche, eux qui se sont en effet échauffés pour rien. Les Aigles se sont ensuite engouffrés dans le bus pour le trajet du retour avec ce vilain goût de frustration dans la bouche… «Oui, c’est toujours frustrant, pestait Rod. Cela m’est déjà arrivé une fois, quand j’étais bien plus jeune, à Saas-Grund: il y avait eu une tempête de neige…»
Chris McSorley, lui, faisait contre mauvaise fortune bon cœur. «C’est la première fois que je vis ça dans ma carrière, relevait-il. Cela me fait de la peine pour les organisateurs, qui avaient tout mis en œuvre pour ce derby. Et puis il arrive ça. Mais bon, je regarde les choses du bon côté: en l’état, ne pas jouer n’est pas dramatique pour nous. Ce break nous fera peut-être du bien, cela nous permet aussi de récupérer des joueurs blessés, qui sait…?»
Le break sera de courte durée, puisque les Aigles ont rendez-vous ce soir aux Vernets pour retrouver en face d’eux le Zoug d’un Tobias Stephan que personne n’a oublié à Genève (lire ci-dessous) . Ce break forcé aura-t-il été de bon augure? Réponse ce soir.
Pas de recours pour Daniel Rubin
La mauvaise nouvelle est tombée hier: Daniel Rubin écope au total de trois matches de suspension pour le choc qui a conduit à la blessure de Jérémie Kamerzin, lors du match contre Fribourg-Gottéron. Il faut lire les considérants pour s’étonner de cette suspension.
Obstruction, choc tardif, violence du choc et enfin blessure apparente du Dragon. C’est ce dernier point qui pose un sérieux problème. Parce qu’en réalité, c’est l’acte qui doit être jugé, pas sa conséquence. Sinon, une simple obstruction aux conséquences accidentelles et désastreuses pour un joueur pourrait valoir très cher. Autre souci dans les poids et les mesures, pour cette charge de Rubin qui n’est intervenue que 1,2 seconde après la passe de Kamerzin: une obstruction, même très marquée, même tardive, trois matches de suspension. Une charge à la tête, quatre matches de suspension, c’est le cas de Sprunger en début de saison. Une disproportion en fonction des dangers des actes?
«Nous n’allons pas faire recours, précisait Chris McSorley. Cela n’amènerait à rien de défier le système pour trois matches. Alors même si je ne suis pas satisfait, je vais respecter ça…»
"Tobias Stephan, c'est l'homme de ma vie" (Virgulator)
Avec 93,58% de moyenne d’arrêt depuis le début de la saison, Tobias Stephan rend une fois de plus banal l’exceptionnel. C’est l’assurance tous risques de Zoug. A Genève, personne n’a oublié cet ange gardien au talent proportionnel à sa gentillesse. Le portier de Suisse centrale est aujourd’hui de retour aux Vernets. Pour le plus grand bonheur de ses admirateurs. A commencer par Françoise Grand, sa plus grande fan. «Il pourrait être mon fils ou mon petit-fils, c’est aujourd’hui l’homme de ma vie. Il le sait, sa femme Mélanie aussi», pouffe cette grand-maman de 70 ans, passionnée de hockey depuis le début des années 60 quand elle suivait déjà les Young Sprinters à Neuchâtel. «A l’époque, on payait 1 fr. 50 pour voir un match, se souvient celle qui en pince aussi pour l’opéra. Quand Ge/Servette est monté en LNA en 2002, poursuit Françoise, nous avions pris l’abonnement avec mon mari. Et depuis je suis toujours assise à la même place.» Son époux genevois, Claude, est parti entre-temps. Pour, dit-on, un monde meilleur. Son fils, le golfeur Yves Grand, tient, lui, l’hôtel de ses parents à Zermatt.
«Au début, raconte-t-elle, j’aimais beaucoup Gianluca Mona. En fait, j’apprécie le calme des gardiens.» Chez elle, il y a désormais plein de photos et d’articles de presse de son héros zougois. «C’est le portier que tout le monde rêve d’avoir, renchérit cette Servettienne qui n’a jamais compris pourquoi son chouchou avait quitté la cage des Aigles. C’est un regret que j’aurais toujours. Il s’est épanoui à Genève, il avait une bonne équipe autour de lui, tout le monde l’aimait et lui faisait confiance. A Zoug, je suis certain qu’il n’est pas aussi bien, se persuade-t-elle. Comme je ne peux pas voir tous ses matches là-bas, je le regarde à la télé. Et quand il encaisse un but, cela me fend le cœur. A mon avis, s’il s’en est allé, c’est pour des histoires financières.» Pour s’en convaincre, Françoise a rencontré les parents de Tobi à Zoug. «Ce sont des gens charmants qui parlent français. Ils m’ont avoué qu’ils étaient très heureux quand Tobias jouait à Genève…» Aujourd’hui, il est prêt à briller aux Vernets avec une fringante équipe zougoise. «Et mon cœur va balancer une nouvelle fois», sourit celle qui aime bien aussi «le petit Descloux» et qui prétend connaître le nouveau Tobi. «Il s’appelle Yann Graf, il joue à Ge/Servette et il a 14 ans.» Il rend, paraît-il, banal l’exceptionnel…