Date de l'interview

Connais-tu 1905.ch ?

Oui, j'ai pu voir un peu ce que vous faites. Je suis allé sur votre site et je trouve que c'est bien. C'est un autre point de vue et j'aime bien le côté décalé.

 

Tu peux nous dire où tu t’étais planqué pendant 2 ans pendant que ton frère jumeau jouait à Berne ?

J'étais aux Maldives. C'était deux saisons ratées mais tant mieux, ça m'a permis de revenir à Genève. Je suis très content d'être revenu. Je me plais beaucoup plus ici.

 

Tous les médias t’ont déjà demandé pourquoi tu réussis à Genève et pas à Berne donc on ne va pas le refaire, mais après tes deux saisons à Berne, on imagine que tu dois avoir l’impression de revivre un peu non ?

Oui c'est clair, ça fait du bien. Je suis sur le bon chemin pour retrouver le style de jeu que j'avais avant. Je préfère ce rôle-là, un peu plus offensif et agressif. L'équipe m'aide beaucoup. J'ai encore du travail à faire mais je pense vraiment être sur la bonne voie.

 

Avec le recul, tu penses que ça a été une erreur d’y retourner ?

Non, j'ai grandi à Berne et c'était mon rêve de gamin de jouer un jour dans cette équipe. De pouvoir jouer dans cette patinoire. Cette occasion s'est présentée mais ce n'était pas aussi bien que je l'avais imaginé. Je me sens beaucoup mieux à Genève mais je ne regrette pas d'y être allé même si c'est une mauvaise expérience pour moi. J'ai beaucoup appris là-bas et je pense que ça m'a rendu plus fort. Ca m'a montré que dans une carrière de sportif, quand ça ne va pas, il faut se battre et trouver des solutions pour sortir de cette mauvaise spirale.

 

On entend souvent dire que le vestiaire bernois est coupé en deux (les jeunes d’un côté, les vieux de l’autre), que l’ambiance y est mauvaise, tu confirmes ?

A la patinoire, l'ambiance est bonne, on rigole. Mais au moment où l'entraînement est fini, chacun prend sa douche et s'en va de son côté. A Genève, on passe aussi du temps ensemble en dehors du hockey. On a des repas d'équipe et des soirées avec les femmes et les enfants. Et ça on ne le fait pratiquement pas à Berne. C'est ça la différence.

 

A contrario, le vestiaire genevois est régulièrement décrit comme exceptionnel, c’est vrai ?

Oui je trouve. Je ne connais pas beaucoup d'autres équipes mais c'est vraiment exceptionnel. Même si il a du changement au niveau des joueurs, l'ambiance est toujours bonne. On se bat les uns pour les autres. Il n'y a aucun problème d'intégration.

 

Peux-tu nous dire comment est vu le GSHC depuis la Suisse-allemande ?

On est un peu les méchants qui ne jouent pas toujours de manière correcte. C'est un peu l'image qu'on donne et après les médias font leur travail aussi.

 

En Suisse romande, on a souvent l’impression que les clubs alémaniques sont favorisés par les arbitres. Toi qui a joué des deux côté, as-tu senti une différence de traitement ?

Je pensais aussi ça lors de mon premier passage à Genève et quand je suis allé à Berne, j'avais aussi l'impression que les arbitres étaient contre nous donc je pense qu'on se sent tous défavorisés.

 

Tu as commencé la saison en trombe avant d’avoir un long passage à vide. Comment l’expliques-tu ?

Je ne sais pas. Au début, ça marchait peut-être un peu trop bien, ça rentrait un peu trop facilement et inconsciemment je n'étais peut-être plus à 100%, peut-être à 98% mais ça ne suffit pas. Dans cette ligue, il faut toujours être présent et travailler fort et je ne l'ai certainement pas assez fait. J'ai toujours eu beaucoup d'occasions mais je ne les mettait plus au fond. Il y avait plusieurs raisons. Mais je pense qu'involontairement je me suis un peu relaché.

 

En début de saison, tu jouais avec les frères Pyatt, qui viennent tous deux de NHL. Tu le ressens sur la glace ou ce sont des joueurs comme les autres ?

Tous les joueurs sont différents mais c'est sur qu'on voit bien leurs qualités. Ce sont deux frères mais ce sont deux joueurs complètement différents. Tom est très rapide et un très bon patineur, il créé beaucoup d'espaces. C'est très difficile de lui prendre le puck et il occupe bien l'adversaire. Pour un joueur comme moi, c'est très bien. Et Taylor est très grand, très physique, il utilise bien son corps devant le but. Il est très fort. Il connait son rôle, ce n'est pas lui qui va dribbler tout le monde. C'est sûr que des joueurs comme ça, ils ont beaucoup de qualités.

 

En ce moment tu joues plutôt avec Noah Rod notamment, dont on dit le plus grand bien et qui a été drafté en NHL. Tu penses qu’il a une chance de de s’y imposer ?

Il a tout ce qu'il faut. C'est un joueur très équilibré. Il a une bonne vision du jeu, un bon shoot, une bonne technique et physiquement pour son âge, il est très bien. Ca sera un long chemin pour lui mais il peut réussir. Ca ne dépend pas que de lui, ce n'est pas facile de s'imposer là-bas parce qu'il y a tellement de joueurs qui veulent jouer en NHL. Ce n'est pas toujours le meilleur qui a sa chance. Il faut être au bon endroit au bon moment mais il a tout ce qu'il faut pour réussir.

 

Le fait de jouer à l’aile alors que tu es plutôt un centre à la base ne te dérange pas trop ?

Non, à la base je jouais plutôt à l'aile mais c'est Chris qui m'a mis au centre lors de mon premier passage à Genève. Maintenant, je peux jouer aux deux postes. Je n'aime juste pas changer de place à chaque match mais sinon ça ne me dérange pas. On a des très bons centre donc je pense que je suis mieux à l'aile.

 

L’équipe sort d’un week-end à 6 points et malgré la défaite contre Zoug, penses-tu que vous avez enfin trouvé le bon rythme de croisière ?

On a fait un pas dans la bonne direction mais on a vu contre Zoug qu'il nous reste encore beaucoup de travail. On a vu que contre une équipe qui est en pleine confiance et qui joue très rapide, on a de la peine. On doit pouvoir s'adapter. On a gagné deux matches mais c'est rien... On est toujours proches de la barre.

 

Tu penses que vous avez les moyens de rattraper le top-5 ou qu’il vous faudra lutter jusqu’au bout pour les playoffs ?

Notre but est de rattraper le top-5, Ca ne va pas être facile, c'est sur. Mais l'objectif est de bien jouer et de se concentrer sur ce qu'on a à faire. Et si on y arrive, on peut battre tout le monde. Mais si on ne joue pas bien on perd même contre les équipes de bas de classement. Ca dépend vraiment de nous. Si on joue bien, qu'on est constants et que chacun fait son job, on peut être une équipe du top-5 mais sinon on peut finir sous la barre.

 

Toi qui a connu la finale de 2010, penses-tu que l’équipe de cette année est meilleure ou plus faible que celle de cette fameuse année ?

C'est difficile à comparer. C'est sûr qu'on avait une très bonne équipe à l'époque et je pense que notre point fort c'était justement l'ambiance de l'équipe, on se battait les uns pour les autres et c'est quelque chose qu'on a aussi cette année. Au niveau du talent, je trouve qu'on a une bonne équipe cette saison et si on arrive à tous travailler dans la même direction, on peut aller loin.

 

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On a tendance à dire que le GSHC va disputer trop de matches cette saison, c’est aussi ce que tu crois ?

On verra à la fin de la saison. C'est sûr qu'il y a des périodes où il y a un peu de fatigue mais je ne pense pas que ça va vraiment changer quelque chose. Je préfère faire un peu plus de matches et m'entraîner un peu moins.

 

Que penses-tu de la création de la CHL ? Une compétition sympa ou des matches en trop ?

C'est sympa de jouer contre des équipes d'une autre ligue, ça change. Mais il faut voir si ça dure. Je ne suis pas très confiant parce que le budget n'est pas forcément là.

 

Et du retour de la Coupe de Suisse ?

Il faut donner un peu de temps. Après c'est toujours un titre à gagner, c'est un peu plus facile de ramener ça que le vrai titre. Mais c'est bien.

 

Fin décembre vous allez encore disputer la Coupe Spengler, que tu n'avais pas disputé en 2010 en raison d'une blessure. Tu te réjouis de la jouer ?

J'étais blessé donc j'espère que je vais pouvoir jouer cette année. C'est toujours une bonne expérience. On a pas trop l'occasion dans une carrière de pouvoir jouer la Spengler sauf si tu joues à Davos. Je me réjouis d'y jouer et de passer du temps en famille.

 

Si on dit de toi que tu es un joueur agressif, tu es d’accord ?

Oui mais moins qu'avant. J'essaie de faire un peu moins de pénalités.

 

Tu as justement tendance à prendre des pénalités un peu bêtes en zone offensive. Tu travailles pour les éviter ?

Oui exactement. En CHL, j'ai pris une pénalité de match mais en championnat je pense que j'y arrive assez bien. Je n'ai pris que 12 minutes, ce qui est bien pour moi.

 

Tu as aussi la réputation d’être un joueur qui en rajoute parfois un peu, tu en es conscient ?

Non, je ne pense pas. Je fais 80 kg et si on prend par exemple Goran, il fait plus de 100kg donc normalement c'est moi qui vais perdre mais je n'en rajoute pas non.

 

Chris McSorley est souvent décrit comme un entraîneur particulièrement dur à vivre. Vu que tu es revenu, c’est qu’il ne doit pas être si détestable que ça non ?

C'est un entraîneur dur à vivre, c'est son style et il le sait aussi. Il est comme ça. Parfois c'est difficile mais je préfère quelqu'un comme lui qui te dit toujours ce qu'il pense car tu sais où tu en es plutôt qu'un entraîneur qui va te dire que tu joues bien mais qui ne va pratiquement pas te faire jouer.

 

Est-ce que tu as reçu des propositions d’autres clubs avant de choisir de revenir à Genève ?

Oui, j'ai eu des contacts avec plusieurs clubs mais le choix a été facile pour moi.

 

Que penses-tu du public des Vernets par rapport à celui de la Postfinance Arena ?

Je préfère celui de Genève. Il est peut-être moins nombreux mais l'ambiance est beaucoup mieux. Ici, ce sont des fans qui nous supportent même si ça va un peu moins bien. A Berne, ce sont plutôt des spectateurs. Et ils sifflent tout de suite si on joue moins bien. J'apprécie vraiment le public de Genève. La dernière saison que j'ai fait à Genève, nous n'avions pas gagné beaucoup de matches et on avait fait les playouts mais le public nous a supporté jusqu'au bout.

 

Tu as connu les derbys Berne et Fribourg et cette année tu as (re)découvert ceux entre Genève et Lausanne/Fribourg. Lesquels sont les plus chauds ?

C'est à peu prêt pareil. Ce sont toujours des matches tendus, pour le public aussi.

 

Penses-tu encore à l’équipe de Suisse ?

C'est clair que j'ai encore l'équipe de Suisse à l'esprit même si j'ai bien conscience que je n'ai pas fait deux bonnes saisons et qu'il y a beaucoup de bons joueurs en Suisse. En plus, il y a beaucoup de jeunes qui sont très forts pour leur âge et moi je suis déjà un peu plus vieux. J'essaie de tout faire pour y retourner mais je sais que ça ne va pas être facile. Il faut que je retrouve mon meilleur niveau et à ce moment là, j'aurais peut-être l'occasion d'y retourner. Mais pour moi c'est un plus. Si j'y arrive, ça serait magnifique mais sinon ce n'est pas la fin du monde.

 

Que penses-tu d’un joueur comme Roman Wick, qui prend sa retraite internationale à 28 ans ? Ca te choque ?

Non, ça ne me choque pas. Chacun fait ses choix et il a certainement ses raisons. Il a déjà été blessé plusieurs fois. Je respecte sa décision. C'est un très bon joueur mais on a beaucoup de bons joueurs. Tout ne dépend pas d'un joueur. Et ça fait quand même beaucoup, si tu vas aux championnats du monde tu n'as pas beaucoup de temps pour préparer la saison. C'est quand même fatiguant si tu fais ça plusieurs saisons d'affilée.

 

Si tu pouvais distribuer 5 charges violentes mais correctes à des joueurs jouant en Suisse, tu les donnerais à qui ?

Je ne veux pas me faire des ennemis. Mottet, Birbaum, Kwiatkowski...et voilà

 

Qui est le meilleur joueur avec qui tu as joué ?

Il y en a plein, je ne saurais pas dire.

 

Compose nous la ligne de tes rêves avec des joueurs évoluant en Suisse :

Romy c'est un des meilleurs centres de Suisse, Klasen j'aime assez son style même si c'est parfois un peu trop nonchalent. C'est joli à voir. Wick, c'est un très bon joueur. Les défenseurs ce n'est pas important, je préfère les attaquants. Et je mettrais Tobias au but.

 

Dans le vestiaire du GSHC, qui est :

 

Le plus drôle : Juraj

Le plus fou : Picard

Le plus intelligent : Moi

Le plus coincé : Timothy

Le plus dragueur : Je ne dis pas, il n'y a pas beaucoup de célibataire

Le plus chambreur : Goran

Celui qui chante le plus mal : Juraj

Celui qui a les pires goûts musicaux : Traber, il écoute de la country, j'aime pas du tout

Et les pires goûts vestimentaires : Goran quand il met son training et la veste en cuir

 

Un petit mot pour la fin ?

Je trouve que vous faites un bon travail, c'est bien de voir des choses un peu moins sérieuses.