24 octobre 2014

Des joueurs aux supporters, tout le monde en a marre de perdre contre Lausanne. Ce soir (19 h 45), les Aigles sonnent la révolte

 

Il en va des derbys comme des passions brûlantes: tout se cristallise autour des sentiments furieux, la raison s’y perd et il en reste toujours un dévasté et l’autre magnifié. Dans sa relation avec Lausanne, le dévasté c’est Genève-Servette et c’est justement cette fâcheuse habitude qui tord les cœurs grenat. Des joueurs, des supporters, de l’entraîneur. A quelques heures du choc, dans les couloirs des Vernets, les mots prennent du poids. Il est question de révolte, d’inverser la vilaine tendance. Il va falloir le démontrer sur la glace ce soir.

 

C’est dans ce tourbillon, entre envies et promesses, que tous s’expriment. Petit tour d’horizon.

 

Pourquoi ce soir, enfin?

 

«Parce que désormais nous sommes mieux structurés dans notre jeu», assure Eliot Antonietti. «Parce que nous avons un plan de jeu, que nous allons mettre de la pression devant la cage de Huet (lire ci-contre) et parce que nous sommes conscients de notre réel potentiel, qui va s’exprimer», promet Daniel Vukovic. Christophe Bays, qui connaît très bien Lausanne, son ex-équipe, est très clair: «C’est un match particulier, mais cette fois nous serons tous au taquet! Pour obtenir les trois points.»

 

Un engagement total

 

L’impression est forcément trompeuse, mais elle existe comme une curiosité: il semblerait presque, parfois, que ces derbys contre Lausanne se jouent sans le sel d’un engagement exacerbé.

 

«Oui, j’ai aussi entendu ça, cette impression qu’on laisse, admet Vukovic. C’est sans doute le système de Lausanne qui veut ça. Alors à nous de checker, de mettre de la pression.»

 

«Ce n’est qu’une impression, bien sûr, lance Antonietti. Nous nous donnons autant contre le LHC que contre les autres.»

 

Goran Bezina, lui, le dit tout haut: «Les gens se mettent parfois des idées en tête, dit-il. Comme si nous laissions des points aux Vaudois sous tel ou tel prétexte, ce qu’on entend parfois. Ce sont des conneries! Nous faisons tout pour gagner, évidemment.»

 

Et c’est Chris McSorley qui résume un peu le tout: «Dans un derby, c’est l’équipe qui a la plus grande rage de vaincre qui l’emporte. Alors à nous d’élever encore notre niveau de rage.»

 

Par fierté, pour les supporters

 

Les joueurs jouent, les supporters encouragent. Mais dans la douleur des défaites qui s’enchaînent contre Lausanne, les fans attendent cette fois, plus encore que d’habitude, une victoire.

 

«Personne ne le sait mieux que moi, tranche McSorley. Quand on perd contre Lausanne à la maison, je sens en moi les 7000 cœurs des supporters qui saignent. Alors samedi, quoi qu’il arrive, il y aura une autre bataille. Perdre encore contre le LHC serait un peu comme la fin du monde!» conclut-il dans un éclat de rire libérateur.

 

Bezina, lui, nuance: «C’est important, oui. Mais si on perd six fois contre les Vaudois et qu’on finit champion, cela me va aussi. Cela dit, bien sûr qu’on veut donner une victoire aux nôtres.»

 

Confirmer le regain de forme

 

La venue de Lausanne doit permettre de confirmer le regain de forme aperçu contre Kloten et Lugano, malgré le déficit de points, et concrétisé contre Fribourg.

 

«Les problèmes de discipline nous ont coûté cher à plusieurs reprises, quand nous contrôlions certains matches que nous finissions par perdre, analyse Picard. Maintenant, cela va mieux. Et c’est l’occasion d’en faire la preuve.»

 

«C’est une semaine importante dans cette optique, assure Antonietti. Nous sommes sur le bon chemin. Nous prenons confiance.»

 

«Et nous jouons mieux, précise Bezina. Nous avons trouvé nos forces et nous les utilisons bien. Nous sommes mieux qu’avant.»

 

Après déjà deux défaites sévères contre le LHC cette saison, il est grand temps de corriger le tir.

 

Huet dans le viseur

 

Il se sait attendu, tout particulièrement. Cristobal Huet, dernier rempart des Lausannois, sera la cible principale des Aigles, ce soir. Véritable mur infranchissable lorsqu’il affronte les Genevois, le Français compte sur le système de jeu du LHC pour déjouer une troisième fois Ge/Servette cette saison.

 

Cristobal Huet, jamais deux sans trois ce soir?

 

Ah ça, on verra après le match…

 

Les Grenat ne vont pas vouloir vous rater, vous qui êtes généralement au centre des débats face à Ge/Servette…

 

Je sais que ce ne sera pas facile pour moi. Ils ont fait un très bon match contre Fribourg et je pense que la confiance est au rendez-vous.

 

Quelle est votre potion magique face à la troupe de McSorley?

 

On applique la même règle dictée par notre coach, Heinz Ehlers, contre n’importe quelle équipe. Mais c’est vrai que face à Genève, on y arrive bien. On a aussi eu un peu de chance lors des deux premières rencontres. J’espère que l’on va continuer sur notre lancée.

 

Il doit bien y avoir une recette, non?

 

Il ne faut pas oublier qu’il y a des antécédents entre les deux équipes. A Lausanne, nous avons des joueurs qui sont passés par Genève et ils ont à chaque fois à cœur de montrer qu’ils ne sont pas morts.

 

Personnellement, comment vivez-vous ce derby?

 

Il faut que je sois bien concentré. C’est une rencontre à la saveur particulière. Il faut se réjouir d’avoir la chance de disputer un beau derby lémanique.

 

Si vous gagnez ce soir, c’est le toit des Vernets qui va tomber sur la tête des Genevois…

 

Ah bon? Ce sera l’occasion de construire une nouvelle patinoire alors!

 

Power-play

 

Lombardi out Arrivé il y a une semaine, Matthew Lombardi n’est toujours pas prêt à griffer la glace avec Ge/Servette. «Ce n’est pas encore possible», glisse un Chris McSorley amer. Une légère blessure aux adducteurs, suite à la préparation avec les New York Rangers, pourrait expliquer cette absence…

 

Trois étrangers seulement? Taylor Pyatt étant au repos forcé après sa commotion et «Lombo» n’étant pas prêt, les regards se tournent vers Picard. Mais là aussi, inquiétude: le Canadien souffre toujours du talon et une décision sera prise au dernier moment, aujourd’hui. Genève-Servette, qui a désormais six étrangers sous contrat, pourrait donc n’aligner que trois mercenaires ce soir! «Je ne mettrai jamais sur la glace un joueur blessé ou qui n’est pas à 100%», avertit déjà McSorley.

 

Le LHC sur ses gardes Si Lausanne est la bête noire de Genève-Servette, les Vaudois gardent les pieds sur terre, à l’image de Joël Genazzi: «Jouer souvent contre le GSHC est une bonne chose, c’est une équipe qui nous réussit bien. Mais attention: il ne faudra pas jouer comme mardi soir, contre Zoug.» Le LHC sera privé de Genoway, Seydoux, Déruns, blessés. Ruzicka sera l’étranger surnuméraire. Conz est incertain.