23 janvier 2018

Le projet de la patinoire a déjà coûté près de trois millions. Pourtant certains acteurs importants n’ont rien facturé

 

«Il ne faut pas commencer sur ce sujet-là aujourd’hui. Non. Actuellement, nous n’avons pas de problèmes financiers. Nous avons un problème sportif uniquement.» Ainsi parlait Hugh Quennec le 13 octobre 2017. Après un mois de championnat, Craig Woodcroft vivait ses premiers tracas à la tête de l’équipe. Interrogé par la RTS lors du 19 h 30, le président de Ge/Servette affirmait que la saison actuelle était assurée sur le plan économique. Il y avait pourtant comme un malaise…

 

À l’époque, on parle déjà d’une trésorerie «serrée», quand bien même les salaires sont versés chaque mois. Mais avec un train de vie fastueux (multiplication des postes tant dans l’administration que sur le plan technique avec les assistants, les joueurs, les consultants), des recettes sponsoring en baisse, une fréquentation des Vernets en chute libre, le plus basique des comptables pouvait anticiper la chute. Pourtant, à l’antenne, Hugh Quennec reste de bois sans que son nez ne s’allonge. Face caméra, il affirme que «oui, tout va bien».

 

Rembourser des prêts

 

Tout s’accélère le 21 novembre lorsque Le Matin fait état de ces soucis financiers qui étaient éludés publiquement un mois auparavant. Le club s’explique dans un communiqué: «Les salaires sont toujours payés à l’heure, et il n’existe à la connaissance du club aucune poursuite à son encontre.» La suite est plus instructive. «La trésorerie est tendue et pourrait se détériorer ces prochains mois.»

 

Pour éviter ce cas de figure, Ge/Servette avance alors deux pistes. La première consiste dans le versement de la subvention 2017 des collectivités publiques à l’association Genève Futur Hockey (près de 500 000 francs). Le club a avancé la somme à l’association, explique-t-on. Il aimerait logiquement récupérer sa mise. Ces échanges interpellent puisque les autorités avaient clairement exigé que les deux entités cessent de se mélanger les pinceaux pour éviter toute suspicion de mauvaise utilisation de l’argent public.

 

La seconde piste consiste également en un remboursement. Selon Hugh Quennec, c’est bien le GSHC SA qui a avancé l’argent pour financer le développement du projet de la nouvelle patinoire. On parle là de la fameuse somme de trois millions de francs si souvent avancée par le président. En septembre 2016, ce sont les investisseurs de la future patinoire et du projet immobilier qui l’accompagne qui devaient verser rapidement cette somme pour permettre l’avancée du projet. Rien n’est jamais venu.

 

Hugh Quennec rappelle depuis que ce montant vital pour la survie du club sera débloqué dès que les autorités auront officiellement confié aux investisseurs les clés d’un camion à 350 millions.

 

Un cas de figure qui permettrait de rembourser ces fameux trois millions dont on peut d’ailleurs se demander comment ils ont été dépensés. Contacté hier par la Tribune de Genève, le club n’a pas souhaité détailler ses frais. Il explique que les avances faites par le club sont d’un montant inférieur à 3 millions.

 

Nos recherches arrivent à la même conclusion. Certes, on peut toutefois imaginer qu’il y a les frais liés aux diverses études. Les salaires des gens qui travaillent sur le dossier. Notamment Michael Gall, le fils de Peter Gall. On nous a souvent expliqué que ce jeune homme au CV étrangement lisse avait fait de nombreuses visites de patinoires en Europe. Prague, Saint-Pétersbourg, Berlin, Helsinki. Dans les fonds avancés par le club (encore une fois, quelle prise de risque!), il y a également les coûts liés à plusieurs avis de droit. Ainsi que les frais de voyage des administrateurs canadiens et de leurs épouses.

 

Naïvement, nous imaginions que la part la plus conséquente de ces dépenses était en faveur des architectes Portier et De Giuli ainsi que de François Dieu, un expert immobilier qui pilote le projet et fait le lien entre toutes les parties. Or il s’avère que tant le bureau genevois que le conseiller immobilier ne sont pas rémunérés.

 

Les architectes à l’œil

 

Chez Portier et De Giuli, on a pourtant porté, élaboré et finalisé les projets préliminaires. Rien que depuis dix-huit mois, plus de 5000 heures de travail ont été consacrées au Trèfle-Blanc. À 125 francs de l’heure, le calcul est vite fait. C’est bien sûr la perspective d’être de la partie lors de la construction qui motive cet engagement. «Depuis 2008, nous travaillons en collaboration avec Ge/Servette, explique Jean-Claude Portier. Nous avons toujours fonctionné ainsi: nous préférons garder notre indépendance lors du développement des projets, en travaillant gratuitement. Pour nous, c’est un investissement qui sera rentable lorsque le projet se réalisera.» François Dieu adopte le même modèle et ne facture rien pour le moment. «Son rôle est essentiel pour des réalisations de cette envergure», explique Jean-Claude Portier.

 

Sachant que deux des principaux acteurs du développement du Trèfle-Blanc ne sont pas rémunérés, de sérieuses questions peuvent se poser sur les dépenses réelles (on est plus proche des 2,5 millions selon des sources qui ont accès au dossier). La réponse vaut son pesant d’or. Car cette «avance» du club pèse de tout son poids dans son équilibre financier, puisque ces frais sont inclus dans le calcul prévisionnel du résultat de l’exercice 2017-2018. Le 16 janvier dernier, le club a enfin mis des chiffres sur des maux. le déficit maximal de l’exercice en cours sera au pire de 6 millions. Il annonce par ailleurs que Peter Gall, Mike Gillis et Hugh Quennec injectent 1,2 million pour parer au plus pressé et effacer les ardoises les plus brûlantes, pouvant potentiellement déboucher sur des procédures légales en cas d’infraction (charges sociales notamment). Le club est exsangue. Il cherche des solutions, des liquidités à court terme.

 

Le 13 octobre 2017, tout allait pourtant bien. C’est Hugh Quennec qui le disait.

 

 

Joie et amertume dans le vestiaire des Aigles: Loeffel ira aux JO, pas Richard!

 

Patrick Fischer avait prévenu qu’il miserait sur l’expérience au moment de coucher sur sa liste les noms des vingt-cinq joueurs qu’il retiendrait pour les JO 2018 (9-25 février).

 

Le sélectionneur a tenu parole, malheureusement pour le défenseur de Lausanne Joël Genazzi. L’arrière du LHC fait partie des perdants de l’annonce de la sélection nationale pour Pyeongchang, au même titre que l’attaquant de Ge/Servette Tanner Richard. Seuls trois hommes disputeront en Corée du Sud leur premier tournoi: Joël Vermin (Lausanne), Tristan Scherwey (Berne) et Enzo Corvi (Davos). Preuve que Fischer a accordé une immense place au vécu international de ses troupes, sept joueurs étaient déjà de la partie lors de l’épopée au championnat du monde de 2013 (médaille d’argent). Il s’agit d’Éric Blum, Raphael Diaz, Philippe Furrer, Andres Ambühl, Simon Bodenmann, Denis Hollenstein et Simon Moser.

 

Il n’y aura pas de nouveau «cut» interne avant la compétition, la Fédération suisse, Patrick Fischer et Swiss Olympic ayant opté pour une version déjà définitive du cadre convoqué. Il existe en revanche un groupe de réservistes auxquels il sera fait appel en cas de blessure ces prochaines semaines en championnat ou lors des matches de préparation.

 

Autre recalé de marque, Damien Brunner, l’attaquant de Lugano qui a longtemps été blessé cette saison. Il avait inscrit trois points à Paris en mai dernier, soit un de moins que Tanner Richard, sans doute lui aussi très amer lundi.

 

Le pari de Fischer est quand même osé puisque le sélectionneur s’est privé des trois meilleurs compteurs suisses de National League (Richard, Luca Fazzini et Gregory Hoffmann) derrière Gaëtan Hass, qui sera lui du voyage.