22 janvier 2018

Ge/Servette ramène un point de Fribourg. L’équipe (8e) reste soudée avant une semaine cruciale sur et hors de la glace

 

C’est à eux de garder la tête froide. Alors qu’ils évoluent dans un contexte particulièrement compliqué, les Aigles ont sans doute choisi la seule méthode qui leur permettra de s’en sortir: rester solidaires. En attendant que le président pyromane comprenne enfin qu’il ne peut plus jouer les pompiers de service, les joueurs continuent d’assumer leur part du boulot. Ils ont bien compris qu’une qualification pour les play-off, si elle n’est pas vitale, ne pourrait que rafraîchir l’air vicié qui a envahi les Vernets.

 

Disons-le tout net: Romain Loeffel and Co. sont admirables. «Je ne sais pas, dit-il. Mais une chose est certaine, nous ne lâcherons rien sur la glace. Nous sommes tous conscients dans le vestiaire de ce que nous devons faire de notre côté.» Samedi soir à Fribourg, il n’aura finalement pas manqué grand-chose pour qu’au moment de l’analyse, ce soient des vrais sourires qui animent les visages des Grenat. «Le gros point positif, c’est qu’on a montré un vrai caractère en revenant deux fois au score après avoir été mené de deux longueurs, poursuit le défenseur. Le principal regret, selon moi, c’est ce troisième but que l’on prend juste après avoir égalisé une première fois.»

 

De la déception mais…

 

À chaud, c’est donc la déception qui prédomine dans le vestiaire grenat. Les têtes sont baissées lorsque le président Hugh Quennec s’immisce sans états d’âme dans l’antre des joueurs. Une visite un peu surréaliste. Celle d’un homme qui pourrait être en lévitation que cela ne surprendrait personne. Visiblement, l’expression faire profil bas n’entre pas dans le champ de compréhension d’un homme, toujours plus seul. Un homme qui joue avec l’avenir d’un club qui lui appartient, certes, mais qui existait avant lui. Et qui existera après son départ.

 

C’est justement de tous ces soucis incarnés par Hugh Quennec que les joueurs veulent se débarrasser. «On en a plusieurs fois parlé entre nous, prévient Juraj Simek, une fois encore excellent. Il faut que tout ça reste maintenant en dehors du vestiaire. La situation sportive sera tendue jusqu’au bout avec cinq ou six équipes qui vont se battre pour jouer les play-off. On doit donc se concentrer sur le jeu et se mettre à gagner. Après la claque reçue à Lugano, nous avons effectué trois bons matches où nous avons récolté au moins un point, mais nous n’en avons gagné qu’un.»

 

Ce groupe qui aurait pu imploser depuis longtemps fait donc corps. Envers et contre tout. Envers cette situation financière que seules les autruches refusent de voir. Envers cette poisse qui décime l’équipe avec une ténacité cruelle. Au moment d’analyser la valeur de la performance genevoise à Fribourg, il faut souligner que les Aigles ne jouaient qu’avec trois défenseurs expérimentés (Romain Loeffel, Johann Fransson et Henrik Tommernes ont été usés jusqu’à la corde). Difficile dans ces conditions de proposer un jeu léché fait de relances précises et rapides.

 

Gagner contre Lausanne!

 

De quoi se demander si finalement ce n’est pas plutôt du côté de Fribourg que les regrets doivent être les plus grands, les Dragons ayant mené par deux fois de deux longueurs avant de s’imposer lors de la séance de tirs au but. «Chaque point va compter, reprend Juraj Simek. On doit donc commencer nous aussi à gagner pour ne pas avoir de regret. À commencer par le prochain match contre Lausanne. Nous avons cinq jours pour bien préparer ce match.»

 

Cinq jours pour rester le nez pointé vers la glace. Rien que la glace. Et rester hermétiques aux soubresauts qui ne manqueront pas d’agiter la semaine du côté des Vernets. «Nous jouons pour nous, pour le public, pour les couleurs de Ge/Servette, précise Juraj Simek. C’est la seule attitude possible. Quoi qu’il arrive par ailleurs, nous ne pouvons pas l’influencer. Moi, j’ai signé un nouveau contrat de deux ans avec Genève et je n’envisage pas mon avenir ailleurs. Je n’imagine pas Genève privée de hockey de haut niveau.»

 

Ce groupe de joueurs mériterait que la situation extrasportive se règle au plus vite. Car à l’image d’un Tanner Richard en feu, il se dégage de cette équipe comme une force. Un savant mélange d’énergie du désespoir et d’envie d’être en vie. Et pour cela, rien de mieux que de garder la tête froide.

 

La défense est déplumée

 

Ça commence à faire beaucoup. Beaucoup trop. Ge/Servette ne possède plus que trois défenseurs de métier valides. Samedi soir, Will Petschenig a rejoint l’infirmerie après avoir été aplati par Barry Brust, le gardien fribourgeois, dans les dernières minutes de jeu. Touché dans le bas du corps, vraisemblablement à un genou, le No 65 en saura plus aujourd’hui sur la gravité de la blessure. Quoi qu’il en soit, la situation de la défense des Aigles inquiète. Romain Loeffel, Johann Fransson et Henrik Tommernes sont les seuls rescapés. Ils sont de fait utilisés plus que de raison. Tommernes a patiné pendant 34 minutes et 44 secondes pendant les 65 minutes. Il s’agit là sans doute d’un record en National Ligue depuis que des statistiques sont établies lors de chaque match. Impossible dans ces conditions de pouvoir livrer des prestations rectilignes. À un moment donné, ces trois garçons ont dû admettre qu’ils n’étaient pas des surhommes et ont parfois manqué de rigueur et de lucidité. Craig Woodcroft devra donc trouver des solutions en attendant que l’un ou l’autre des blessés ne recouvre la santé. Le hic, c’est qu’Eliot Antonietti (commotion) a rechuté, Arnaud Jacquemet, à un degré moindre, souffre de la même blessure, Daniel Vukovic (nature du mal non communiqué) ne s’entraîne plus, Goran Bezina (coude) prévoit un retour après la pause dédiée aux Jeux olympiques, et Jonathan Mercier marche encore avec des cannes. Il faudra faire avec des juniors (Guebey et Wyniger) et également faire reculer un ou deux attaquants. Le recrutement d’un joueur, même sous forme de prêt, est évidemment exclu en raison des soucis de trésorerie qui plombent plus que jamais le club.