Eliminé deux fois de suite en quart de finales par les Aigles, l’attaquant suédois de Lugano se réjouit de les retrouver sur sa route
Vainqueur expéditif 4-0 de Zoug en quart de finale, Lugano est prêt à régler ses comptes avec Genève-Servette. Chuter une troisième année de suite face au même adversaire passerait mal du côté de la Resega. Au sortir d’un entraînement matinal à huis clos, Fredrik Pettersson n’est pourtant animé par aucun esprit de revanche. «Revanche? Mais non. Genève ne représente aucun mauvais souvenir pour moi, tout simplement parce que je regarde toujours devant moi et non derrière», explique posément le champion du monde suédois de 2013. «Je vous le dis: j’aime Genève, j’adore jouer contre cette équipe. Même dans leur patinoire, il y a une ambiance particulière. Et Genève est un club qui, comme nous, travaille dur. Lors des deux derniers playoff, les Aigles avaient été meilleurs que nous et mérité de gagner. Cette année est une nouvelle année.»
L’arme absolue
Si le discours de Fredrik Pettersson est empreint de tant de sérénité, c’est parce la donne n’est plus la même que lors des deux précédentes saisons. En mars 2015, l’attaquant suédois avait bouclé la saison régulière au premier rang des compteurs avec un butin de 69 points devant son coéquipier Linus Klasen. Cette fois-ci, les deux Suédois ont été moins prolifiques, avec 49 points (dont 35 assists) pour Klasen et 48 points (dont 26 buts) pour Pettersson.
Si l’attaque reste l’arme absolue du HC Lugano, le danger peut désormais venir d’ailleurs aussi. De Tony Martensson (35 points) qui, depuis qu’il évolue dans la même ligne que Pettersson et Klasen, est monté en puissance. De Damien Brunner (34 points) qui a retrouvé toutes ses sensations dans le championnat de Suisse. De Gregory Hofmann (31 points) de l’acte I. et Alessio Bertaggia (27 points), dont la vitesse de patinage et la fraîcheur juvénile ont pris de la bouteille. «L’équipe se connaît mieux et a acquis davantage d’expérience. De plus, de nouveaux joueurs sont arrivés pour renforcer le groupe, poursuit Pettersson. Aujourd’hui, on est meilleur en tant qu’équipe et chacun connaît son rôle.»
Reste à savoir si le jeu physique que le GSHC va forcément chercher à imposer peut encore fonctionner: «Je ne pense pas que le jeu physique de Genève puisse nous mettre en difficulté comme avant», coupe Pettersson. «On sait comment faire face à ce style de jeu. Le but sera de pratiquer notre hockey en suivant rigoureusement notre plan de jeu.»
Le style McSorley
A quelques pas de là, Doug Shedden a aussi son avis sur le sujet: «Plus que n’importe quelle autre équipe en Suisse, Genève évolue selon le style de jeu nord-américain. C’est le hockey prôné et défendu avec succès par Chris McSorley», analyse l’entraîneur canadien qui est à l’origine du retour en grâce de Lugano après le limogeage en cours de saison de Patrick Fischer. «Avec McSorley, on se connaît depuis des années et des années, également en dehors de la glace. Il n’y aura pas de surprise pour moi comme il n’y en aura pas pour lui. Cela va vraiment être une série émotionnelle.»
Trop tendres la saison passée, les esthètes du HC Lugano sont assoiffés de succès après avoir atteint leur première demi-finale depuis dix ans: «Les gars sentent l’odeur du sang, image Pettersson. Ils en veulent plus.» Et l’engagement récent du Québécois Max Lapierre, l’homme aux 694 matches en NHL, a encore décuplé leurs envies: «Quand il est entré dans le vestiaire, on aurait dit qu’il mesurait deux mètres de haut tellement il prend de la place!» se marre Pettersson. «C’est un gars incroyable dans le jeu physique, mais aussi un gars incroyable en termes de leadership.» A vérifier dès jeudi 20 h 15 aux Vernets lors de l’acte I.
Shedden - McSorley: c’est 20 à 19! (par Virgulator)
C’est comme Karpov et Kasparov, deux grands maîtres qui s’affrontaient devant leur échiquier. Une lutte de style, un combat idéologique entre deux hommes qui se connaissent sur le bout des doigts. Cette demi-finale entre Ge/Servette et Lugano, c’est aussi celle qui va opposer, devant le banc, Chris McSorley (53 ans) et Doug Shedden (54). Tous les deux, ontariens, ont un passé commun en Amérique du Nord. Le mentor de la Resega, ex-joueur de NHL (416 matches), a même été l’entraîneur d’un club de roller hockey des New Jersey, lors de la saison 1995-96, dont le propriétaire n’était autre que le boss des Vernets. Associé en 2012 à la Coupe Spengler avec le Team Canada, ce duo s’apprécie énormément. «C’est un ami que je considère comme l’un des meilleurs coaches en Suisse», a déclaré McSorley qui avait remporté son match en 2010, déjà en demi-finale, alors que Shedden était en place à Zoug. A ce jour, en 39 confrontations, Doug mène 20 à 19!