6 février 2016

Les Aigles ont souffert pour mater leur meilleur ennemi et faire taire toute polémique

 

Une victoire, quoi de mieux pour faire taire les mauvaises langues. Les esprits malingres qui imaginent que Ge/Servette et le Lausanne HC se font des politesses. Depuis que la double implication de Hugh Quennec a été officialisée le 18 décembre, il flotte comme une odeur de moisi autour de ces derbys lémaniques. Hier soir, il aura fallu moins de trois minutes pour mettre les choses au point. Non, Genève-Servette ne lâcherait rien contre LHC. Mais qui en doutait?

 

Pas Tim Kast! Il l’avait dit jeudi: «Si je marque, je ne lèverai qu’un seul bras, ça suffira.» Il a tenu parole en claquant une belle reprise après un service royal de Damien Riat et Noah Rod. «Et pourtant, juste avant, je tombe et je me fais mal! dit-il, tandis que le public scande son nom. Ça me fait du bien de marquer mais ce soir, j’ai souffert et je n’ai pas pu m’impliquer physiquement comme je l’aurais souhaité.» Reste donc la satisfaction de ce but, made in Geneva, concocté en supériorité numérique. Les trois compères sont tous passés par filière de formation de Ge/Servette. Que ce soit en Moskito, en Novice ou en Elite, ils ont tous, à un moment ou un autre, appris à détester cordialement le LHC. «Il y a toujours eu, et il y aura toujours, une rivalité particulière entre ces deux clubs», dit le premier buteur d’une soirée par ailleurs crispante.

 

Friser la mauvaise foi 

 

Comme tous ses camarades, Timothy Kast n’a pas vraiment apprécié les allégations et les doutes émis sur l’engagement des Grenat lorsqu’ils font face à leur rival lé- manique. «Comment imaginer qu’un joueur puisse accepter de ne pas tout donner? Comment imaginer que l’on puisse faire exprès de laisser des points à l’équipe que l’on a le plus envie de battre, quitte à essuyer les sifflets de notre public? Pas un joueur ne ferait ça, c’est stupide.» Affirmer que Ge/Servette et Lausanne se font des politesses frise la mauvaise foi. «Il y a un engagement total, dit Tim Kast. Et ce soir encore on a souffert jusqu’au bout.» Le joueur de centre est bien placé pour le savoir, lui qui s’était fait scotcher contre la bande le 22 dé- cembre lors de ce derby qui avait eu lieu juste après l’officialisation de la mainmise de Hugh Quennec sur le capital-actions du LHC

 

Dans une ambiance pourrie, le président et son arrière-train en avaient pris pour leur grade, le bus des Aigles en avait pris plein les fenêtres et Tim Kast en avait pris plein les bras en terminant le match à l’hôpital avec une luxation aux deux épaules! C’est ainsi que six semaines plus tard, le technicien s’était promis de ne lever qu’un bras s’il marquait. «J’ai tenu ma promesse.» Ce joyau de premier but aurait dû parfaitement lancer la soirée des Aigles, en vain.

 

Difficultés récurrentes

 

Il aura d’abord fallu des décisions arbitrales curieuses de Messieurs Massy et Küng pour briser l’élan des Grenat. «J’ai eu l’impression que c’était mon premier match à la bande et j’ai appris des règles dont je n’avais jamais entendu parler», dit Chris McSorley, préfé- rant manier l’humour plutôt que l’invective pour qualifier la performance des zèbres. Pour la huitième fois de la saison, Didier Massy était au sifflet aux Vernets. Pour la huitième fois il ne s’est pas fait que des amis. A croire que le chef des arbitres prend un malin plaisir à l’envoyer taquiner les nerfs de Chris McSorley. Passons… Car au-delà des coups de sifflet douteux, c’est une nouvelle fois le courage des Lions qui a rendu délicate la soirée des Aigles.

 

Depuis sa remontée en LNA en 2013, l’autre club de Hugh Quennec réalise des miracles avec des moyens limités. Bien dans ses patins, s’appuyant sur un système aussi désagréable qu’efficace, le club de la capitale olympique a érigé l’hermétisme en art de faire perdre le sens du jeu à ses adversaires. Ces difficultés récurrentes à trouver des positions de tir, cette incapacité à dicter le tempo, on les a une nouvelle fois retrouvées dans le camp grenat. Surtout dans un deuxième tiers très approximatif. «Malgré tout, je suis fier de l’effort de mes joueurs, dira Chris McSorley. Cette fois c’est sûr, on va jouer pour cette deuxième place jusqu’au bout!» Pas question de faire le moindre cadeau lors des six derniers matches. Surtout pas si l’adversaire joue en rouge et blanc…