8 décembre 2017

Soirée d’Escalade oblige, Ge/Servette s’en est remis à ses héros: Goran Bezina, seul buteur, et Robert Mayer, gardien majuscule

 

Il faut croire que le chemin de la rédemption est tortueux. Gagner… Peu importe la manière. Mais gagner. L’arithmétique suffit parfois au bonheur de toute une équipe. «C’est une victoire qui nous fait du bien, c’est clair», souffle un Goran Bezina fumant de sueur. Trois points, un saut sur la barre, et c’est à peu près tout? Ce serait sans doute un peu réducteur. Il fut des matches dominés mais perdus. Il fut des situations favorables mal exploitées. Pas question donc de faire la fine bouche en cette soirée de l’Escalade où les Genevois n’ont pas proposé une soupe tiède. À défaut de repas trois étoiles, il y a eu de l’énergie, du sel, du poivre, des épices même.

 

Mayer proche des sommets

 

Cette 5e confrontation – faut-il encore parler de derby? – de la saison face aux Dragons aura donc été la bonne pour Genève, qui avait été jusque-là le principal pourvoyeur de points des Fribourgeois (4 défaites). Et comme dimanche après-midi à Davos, les Aigles ont su tirer le meilleur profit de circonstances favorables. Il faut reconnaître que c’est un Gottéron passablement diminué sur le plan offensif qui s’est présenté sur la glace des Vernets.

 

Sans Julien Sprunger, Roman Cervenka, Michal Birner, ni Yannick Rathgeb, Fribourg a manqué de poids et de lucidité dans le dernier geste. Et quand les viennent-ensuite se sont retrouvés en position favorable, Robert Mayer a confirmé qu’il était proche des sommets. Après sa blessure de l’été (chute en quad au Canada), le gardien semble trouver son rythme de croisière. On peut sans hésitation lui attribuer une bonne partie du pactole empoché par les Aigles. «Je ne réfléchis pas en ces termes, dit-il avec sa modestie habituelle. Je fais mon job et à la fin, on compte les points. Je ne suis alors satisfait que si l’équipe gagne.»

 

Il peut donc sourire et se remémorer ces deux ou trois arrêts de grande classe. On en veut pour preuve cette parade de la 33e minute face à un Julian Schmutz qui se demande encore ce matin comment le puck n’est pas rentré. Une action décisive, scabreuse puisque concédée alors que les Aigles évoluaient en supériorité numérique. «L’attaquant joue bien le jeu en se décalant et je me retrouve au sol, sur le ventre, détaille Robert Mayer. Je fais alors la seule chose possible, je lance ma jambière et le puck rebondit dessus.»

 

Une action symbolique

 

Chaque bataille à ses héros. En cette soirée de commémoration, qui d’autres que Robert Mayer pouvait endosser le rôle principal? Goran Bezina, pardi. Une fois encore, le taulier a démontré que les ans n’ont pas de prise sur lui. À 37 ans, il joue désormais un peu moins. Entre quinze et vingt minutes par match tout de même. «Je suis en pleine forme, c’est vrai, dit-il. Et je me dois aussi de profiter de cette fraîcheur en apportant parfois le surnombre. C’est ce que j’ai fait sur mon but. Je contourne la cage, je lève la tête. Je veux la mettre à Romain Loeffel, mais la ligne de passe est coupée. Je repique sur le but et je glisse le puck dans le seul endroit possible: entre les jambes de Brust.»

 

Une action assez symbolique de ce que les Aigles n’ont pas assez fait depuis le début de la saison: jouer avec de la simplicité. «Et tirer, tirer», dit Goran Bezina.

 

C’est le chemin le plus court vers la victoire.