9 octobre 2015

Le nombre de donneurs est faible en Suisse. Les Aigles s’engagent pour que ça change, invitant les autres clubs à en faire de même

 

D’un seul coup, Eliot Antonietti n’a plus mal au genou. Matthew Lombardi laisse tomber ses béquilles, oubliant sa cheville partie en vrille un soir de match contre Bienne. Christophe Bays, lui, en viendrait presque à oublier son passage sur le billard pour soigner des hanches douloureuses. Et dans l’assemblée, dans cette salle lumineuse du 8e étage des HUG, chacun remise au placard ses petits soucis. Lenny, 5 ans, parle par la voix de sa maman. Alors, on se tait. On écoute. Emotions fortes… Il y a un an, il ne marchait pas, il «séchait». Atteint de myopathie depuis sa naissance, il ne pouvait compter que sur le bon cœur d’autrui pour recevoir un cœur tout beau tout neuf.

 

Le «miracle» a eu lieu il y a six mois. Un coup de fil, un transfert à Lausanne et l’opération. Réussie. Hier, Lenny n’a pas pipé mot devant l’assemblée. Il était très ému. Impressionné aussi par la présence de trois de ses idoles, hockeyeurs à Genève-Servette. Les trois joueurs se sont fait les porte-parole de tout un groupe, de tout un club, pour rappeler l’importance du don d’organes. En collaboration avec les HUG, l’un des fidèles partenaires du club, les Aigles sont bien décidés à donner de la voix pour rappeler l’urgence.

 

Tous n’ont pas la «chance» de Lenny. La liste des patients dans l’attente d’une greffe est longue comme un match sans but. Que faire de son propre corps si la question se pose un jour? «C’est encore un tabou, déplore Eliot Antonietti, le parrain de Lenny. En tant que sportif d’élite, j’ai conscience d’être un privilégié. Et je crois bien que je vais repartir guéri de l’hôpital après tous ces témoignages que nous avons entendus. Mais avant cela, je vais signer ma carte de donneur aux couleurs du club. Franchement, c’est le moins que je puisse faire. Et moi, que l’on m’enterre avec ou sans mes organes, cela m’est complètement égal. Et si je peux contribuer à sauver une vie, comme des gens fabuleux l’ont fait pour Lenny…»

 

Y penser avant. C’est là tout l’enjeu. Voilà en substance le message des médecins des unités spécialisées des HUG. «Quand survient la mort, toujours brutale, la réponse des proches à la question du prélèvement d’organes est souvent négative car la réflexion est logiquement influencée par la douleur du moment. C’est pour cela qu’il est important de signer sa carte et d’en informer ses proches.» Ce message du corps médical est repris en écho par Chris McSorley. «La prise de conscience du public est insuffisante, dit l’homme à tout faire des Vernets. C’est pour cela que nous avons décidé de nous engager pour le don d’organes.»

 

Homme de terrain, homme de glace mais qui ne reste pas de glace, le coach des Aigles va même plus loin. «Nous lançons un défi aux autres clubs du pays en les incitant à suivre notre exemple!» Le match du 15 octobre contre Langnau fera office de plate-forme pour servir la cause qui permet à Lenny de gambader aujourd’hui. «C’est véritablement incroyable de voir ce petit gars, souffle Matthew Lombardi, conquis et ému par le courage du garçon. Je suis moi aussi père de famille et je suis très touché par son histoire. Si nous, joueurs, pouvons faire un petit geste qui peut avoir de grandes conséquences, alors allons-y.»

 

Tous les abonnés du club ont déjà reçu un formulaire pour devenir donneur potentiel. Ponctuellement, d’autres actions seront menées aux Vernets. Parce que, en Suisse, en 2014, 1370 personnes figuraient sur une liste, dans l’attente d’un greffon. Parce que chaque semaine, deux personnes décèdent en raison de la pénurie. Et parce que Lenny rit aujourd’hui. C’est même lui qui lâchera le puck du match jeudi. «Parce qu’il est en vie, tout simplement», conclut sa maman. 

 

Power-play

 

A l’affiche Ge/Servette se rend ce soir à Kloten, où il reste sur une victoire. Demain, venue de Berne aux Vernets.

 

Infirmerie Almond, Bays, Lombardi, Antonietti, Picard et Traber sont absents.

 

Picard sur le billard Sur la touche depuis cet été, Alexandre Picard a été opéré à un pouce. Il y a quelques jours, le Québécois laissait entendre que tout allait bien. Visiblement, ce n’était pas le cas.

 

Slater première Jim Slater a reçu son permis de travail. Il sera donc à l’ouvrage ce soir, au centre d’une ligne complétée par Jeremy Wick et Marco Pedretti. «Il est vraiment arrivé en bonne forme, souligne Louis Matte. Maintenant, un entraînement est un entraînement et un match est un match.»