6 février 2017

Week-end parfait pour les Aigles, qui condamnent Fribourg aux play-out. Mais c’est surtout la manière qui prend forme

 

C’est le scénario parfait. Goran Bezina n’aurait pas pu rêver d’un retour aussi propre. Deux matches, deux victoires, deux performances personnelles solides malgré des adducteurs qui sifflent et un estomac forcément un peu noué par l’émotion. «C’est beau, ce public. Je m’y attendais un peu, c’est vrai. Mais c’est toujours merveilleux de recevoir un tel accueil.»

 

Samedi soir, à Bienne, le No 57 avait déjà eu un aperçu de ce qui l’attendait hier dans sa deuxième maison. A l’annonce de son nom, la bronca a déchiré les Vernets. C’était le signe que cette après-midi ne serait pas une après-midi comme les autres. Impossible de ne pas enflammer l’arène pour le retour de celui que beaucoup considèrent comme le «seul» capitaine des Aigles.

 

La température grimpe

 

Il est arrivé mercredi soir, en provenance de Zagreb. Et quatre jours plus tard, c’est comme s’il n’était jamais parti. Un tout petit peu sur la réserve à Bienne, «le coach a décidé de me faire recommencer en douceur», dit-il, il a déjà fait monter la température contre Fribourg. «Dans un vrai derby, les émotions sont toujours plus fortes.» On ne s’en était pas toujours aperçu cette saison, à vrai dire.

 

Il aura donc fallu attendre que Goran Bezina revienne pour que Ge/Servette électrise à nouveau son jeu. Cela ne peut pas être tout à fait un hasard si, depuis que le défenseur a retrouvé ce maillot grenat qui lui va comme un gant, tous ses coéquipiers ont semblé se souvenir que le jeu dur (mais correct) est inscrit dans l’ADN des Aigles? Cette saison, au gré des hauts et des bas, Ge/Servette a très (trop) peu utilisé ses poings ou sa capacité à plaquer un adversaire contre la bande.

 

«On se doit de jouer physique, explique le défenseur. Il faut que Genève soit à nouveau une équipe qui fait peur à toutes les autres.» On ne sait pas si Fribourg avait les jambes qui tremblaient, mais à voir ses joueurs moribonds se faire tourner autour, on serait presque tenté de minimiser la performance genevoise. Une mention particulière sera toutefois accordée pour le spectacle offensif proposé. Nathan Gerbe, Cody Almond et Nick Spaling, c’est fort. Très fort.

 

Un seul Nathan Gerbe

 

«Nathan est un joueur spécial, dit de lui Chris McSorley. Il n’y en a qu’un seul en Suisse et il patine chez nous! Je suis très fier de l’équipe, qui a su réagir après la déception de la Coupe. Nous arrivons à la pause dévolue à l’équipe nationale sur une très bonne tendance. Mais je ne regrette pas ce break. Cela nous permettra sans doute de récupérer Kevin Romy.»

 

Voilà une nouvelle qui ouvre de belles perspectives. «Moi aussi, j’aurai besoin de cette pause, souffle Goran Bezina. J’ai quelques bobos à soigner avant de repartir de plus belle pour la fin de saison.» «Nous allons faire un break de deux jours avant de partir à Champéry pour souder encore plus le groupe, ajoute Chris McSorley. Nous regardons désormais cette cinquième place et rien d’autre.»

 

Ge/Servette qui renaît à l’ambition, qui l’eût cru au creux de l’hiver quand les Aigles, décimés, ne parvenaient pas à enchaîner deux victoires de rang? Avec le retour de Goran Bezina, avec cinq étrangers de qualité pour quatre places, Chris McSorley se félicite de posséder de nombreuses options.

 

Tel qu’il le rêvait: c’est le scénario actuel qui est parfait.

 

Paré a saisi sa chance

 

Il a retrouvé sa place dans l’alignement en même temps que son ex-compère de Zagreb. Après des débuts prometteurs à Davos (but somptueux et victoire 3-0), le Québécois avait été laissé en tribune lors de la finale de la Coupe de Suisse au profit de Jim Slater, un capitaine qui ne patine pas à 100%. Déjà précieux à Bienne, Paré a brillé pour sa première aux Vernets. «Quel public! dit-il. Goran m’avait prévenu. Mais pendant le match j’ai eu des frissons à plusieurs reprises.» Contre Fribourg, il aura fallu un Nathan Gerbe exceptionnel (2 buts et deux passes hier) pour lui ravir le prix du meilleur joueur sur la glace. «Je me plais ici, dans cet environnement où je peux parler le français. Et avec Goran, c’est aussi un coéquipier qui compte beaucoup pour moi sur le plan humain que je retrouve.» Tout baigne donc pour ce joueur techniquement au-dessus du lot. «Goran m’a juste dit de jouer comme je le faisais à Zagreb.» Bien vu! Avec 4 points en trois matches, il a saisi sa chance.