24 août 2015

Vainqueurs de Prague, les Aigles ont été emmenés par un Goran Bezina qui se prépare pour une grande saison

 

C’est Fribourg qui doit se mordre les doigts. Ou plutôt, tous ceux qui l’imaginaient terminer sa carrière là-bas. A Genève, on le disait sur le déclin, peu enclin à se remettre en cause. C’est pourtant bien mal connaître l’oiseau, un Aigle royal qui jouera donc une douzième saison avec un maillot grenat sur ses larges épaules. Goran Bezina, capitaine de Ge/Servette, peut mesurer le chemin parcouru depuis douze mois.

 

En août 2014, il avait entamé la Ligue des champions, déguisé en attaquant. Lui, le défenseur, 17 ans de métier au compteur à ce poste… Une idée saugrenue, une facétie de Chris McSorley, si habile pour faire avaler des couleuvres à ses ouailles lorsqu’il souhaite s’en débarrasser. Trop vieux, trop cher, plus assez fort. Constat douloureux fait par le technicien. Et c’est vrai qu’après une drôle de préparation estivale où le Montheysan avait patiné à l’envers du bon sens, il n’avait pas réalisé la saison de sa vie.

 

Le jour et la nuit

 

Quel changement un an plus tard. En une soirée de Ligue des champions, les 4585 spectateurs des Vernets ont pu constater que le No 57 des Aigles évoluait déjà à un niveau réjouissant. «Tout n’est pas encore parfait, sourit-il, assis dans le vestiaire, une bière à la main. Mais c’est clair que par rapport à l’an passé, en ce qui me concerne, c’est le jour et la nuit. Quand tu peux faire une bonne préparation à ton poste habituel, ça change les choses. Je me sens comme si j’avais 25 ans!»

 

Solide comme un roc, on l’a vu patiner aussi vite que D’Agostini sur une action de rupture. Sobre et précis à la relance, il n’a pas commis la moindre bourde. Deux de ses acolytes (Fransson et Antonietti), s’étaient chargés de donner des cartouches aux Tchèques sur 0-1 et le 1-2. C’est là que l’on l’a vu partir à l’abordage du camp de défense adverse, comme à sa plus belle époque. C’est beau un joueur en grenat qui se joue de deux Tchèques en blanc avant d’égaliser en deux temps.

 

«Un but d’attaquant, comme d’habitude en fait, dit-il avec un sourire taquin. C’est surtout une action qui symbolise ce que nous avions prévu de faire et que nous n’avions pas fait ces derniers temps: mettre un maximum de puck sur le goal adverse. Ce soir, rien n’a été facile face à une équipe qui nous ressemblait assez, je trouve. Elle était très physique et patinait fort. Cette victoire en prolongation fait du bien. Pour la préparation, c’est un bon signe, c’est sûr. Mais c’est surtout une très bonne entrée en matière dans une compétition où nous espérons aller le plus loin possible.»

 

Et s’il restait aux Vernets?

 

Alors qu’il honore sa dernière année de contrat aux Vernets, Goran Bezina, qui se voit encore hockeyeur pendant au moins trois ans de plus, se prépare pour une saison d’enfer. Histoire de séduire un club. «Je dois réaliser une grosse saison, c’est certain, dit-il. Et il me semble que l’on a tout pour bien faire avec ce groupe et un système un peu différent, qui offre, à nous autres défenseurs, davantage de liberté.» Un système qui semble taillé pour lui. A tel point qu’il pourrait même être envisageable de le voir poursuivre sa carrière genevoise. Avec Chris McSorley, tout est possible. Et tant pis pour les Fribourgeois.

 

Des fans admirables

 

120 supporters et supportrices tchèques étaient présents aux Vernets dans une ambiance très bon enfant. Ces courageux arrivaient en droite ligne de Storamar en Norvège où leur équipe s’était imposée (3-2) jeudi soir. Un périple de cinq jours entamé mercredi. 4500 kilomètres et un investissement représentant deux mois de salaire pour la plupart d’entre eux. Chapeau à ces fans «d’une correction et d’une gentillesse assez inédite», selon les forces de l’ordre. Cela valait bien un petit coup de chapeau. Des fans admirables que bien des équipes doivent envier.