13 septembre 2017

Les Aigles ont été transparents. Ils avaient pourtant bien préparé leur voyage

 

Puisqu’il paraît qu’il faut éviter les comparaisons douteuses, on n’écrira pas qu’un ouragan a balayé les Grisons, fauchant au passage un escadron d’oiseaux de proie déboussolés. Laissons donc Irma où elle est. A Davos, il aura suffi de quelques bourrasques pour que le dispositif de Ge/Servette s’écroule et que la défense des Aigles soit mise dans le vent.

 

Dans cette cathédrale du hockey suisse qui sonnait bien creux hier soir, Ge/Servette avait pourtant pris l’habitude de briller. Deux participations et autant de succès à la Coupe Spengler ont notamment contribué à la popularité d’un certain Chris McSorley. Au fil de 15 saisons de coaching en LNA, il avait même gagné le respect du seul homme qui a fait mieux que lui en Suisse en termes de longévité et de fidélité à un seul et unique club, Arnaud Del Curto.

 

Woodcroft se rate

 

Pour sûr, le mage de la Vaillant Arena n’a pas vraiment dû reconnaître cet adversaire qui fut souvent brillant lors qu’il prenait de l’altitude. Mardi soir, Craig Woodcroft a complètement raté son examen face à son homologue. A vrai dire, lui-même n’a pas dû reconnaître ses joueurs. Incapables d’aligner deux passes. Incapables de se créer la moindre occasion sérieuse pendant près de 40 minutes. Incapables d’éviter les pénalités stupides ou les accrochages fautifs. En un mot: dépassés. Et pourtant, le long voyage avait été entrepris lundi. «Pour être le plus frais possible et mettre toutes les chances de notre côté», avait clamé Craig Woodcroft.

 

Difficile de comprendre le comment du pourquoi de ce non-match. A ce stade de la saison, il faut donc espérer qu’il ne s’agisse là que d’un simple accident. «On les a beaucoup trop laissés entrer facilement dans notre zone, soufflait Damien Riat, lui aussi bien emprunté pour mettre des mots sur un désastre… On était pourtant frais et prêt. Difficile de donner une explication.» L’attaquant ruminera sa déception dans l’avion qui le mènera à Washington. «Je pars au camp de présaison des Capitals, glisse-t-il. Les dirigeants veulent me voir à l’œuvre. Cela me sera sans doute bénéfique. Mais je devrais revenir assez rapidement à Genève. Un peu plus fort, j’espère, pour aider l’équipe.»

 

Panne offensive

 

Car un premier constat s’impose en ce début de saison. Très bons contre Lausanne, les Grenat n’avaient marqué que trois buts finalement. Plutôt bon à Fribourg, ils n’avaient fait trembler les filets qu’une seule fois. Mauvais hier soir, ils n’ont pas fait mieux, sauvant juste l’honneur alors que la partie était emballée. C’est dire que le système de jeu doit encore être digéré et que les attaquants doivent absolument se réveiller. C’est bien sympa de voir Jonathan Mercier avec le maillot de top scorer. Mais c’est aussi révélateur d’un début de faillite offensive.

 

A la décharge des Genevois, il faut souligner que l’absence de Nathan Gerbe (malade), un homme toujours capable de dynamiser le jeu, a été très pesante. Sans doute beaucoup trop. Plutôt que le remplacer poste pour poste, par exemple par Kay Schweri, Craig Woodcroft a choisi de complètement remodeler ses lignes. La première semaine avait pourtant fait émerger une certaine hiérarchie au centre. Avec Cody Almond, Tanner Richard et Kevin Romy comme maîtres à jouer des trois premiers trios offensifs, les Aigles avaient trouvé une véritable colonne vertébrale.

 

Que faisait Tim Traber dans le premier bloc ainsi qu’en supériorité numérique? Pourquoi Cody Almond est allé battre de l’aile à l’aile, lui qui n’est jamais aussi fort que lorsqu’il se trouve au centre du jeu? Chamboulé, dépassé, l’Aigle a besoin de temps, c’est certain. Mais Craig Woodcroft qui a un plan de jeu ambitieux doit très vite redresser la barre. A l’horizon, les premiers nuages apparaissent dans le ciel grenat. Et c’est Berne qui se déplacera vendredi à Genève. On pourrait presque écrire que le champion en titre a tout d’un ouragan.