21 décembre 2017

Tim Bozon (23 ans, attaquant de Kloten) et son frère Kevin (22 ans, attaquant de Winterthour) seront présents ce soir aux Vernets quand le maillot de leur papa, Philippe, sera suspendu sous le toit de la patinoire où évolue GE Servette.

 

Bozon: à partir de ce soir, ce nom sera lié à jamais aux Vernets et à GE Servette. En marge de la partie contre Kloten, il sera hissé à côté de ceux d’Igor Fedulov, de Jean-François Regali, de Fritz Naef, d’Éric Conne et de Daniel Clerc. Cette marque d’estime, Philippe l’a obtenue après avoir bataillé cinq saisons pour le compte du club grenat, dont quatre où il a rempli la fonction de capitaine – une promotion en LNA à la clé.

 

«C’est un honneur et une fierté pour toute la famille», soulignent en chœur ses fils Tim et Kevin, rencontrés deux semaines avant l’événement à Kloten, où évolue le premier nommé. «Nous l’avons appris avant tout le monde via un téléphone de notre maman», dévoile Kevin. «Ce fut une supernouvelle, mais elle a été réceptionnée avec l’humilité et le sens de la retenue qui caractérisent notre famille, note Tim. Tout le monde s’est dit: «Enfin, c’est officiel!» Mais il n’y avait pas non plus de quoi s’enflammer. Ce n’est pas le genre de la maison.»

 

Les rabat-joie grondent

 

Certains rabat-joie estiment que cette cérémonie est imméritée pour un homme ayant porté moins de 200 fois le maillot grenat sur ses épaules. La descendance endosse le rôle de l’avocat de la défense. «Faut-il avoir joué 1000 matches pour un club afin d’y avoir son maillot retiré? questionne Tim. Je ne pense pas. Il faut avant tout remplir certains critères, et je crois que mon père y est largement parvenu à Genève. En termes de buts et d’assists récoltés par match joué, mais aussi par l’attitude qu’il affichait quand il portait ce maillot. Il s’est sacrifié pour l’équipe. Il a évolué blessé. Il a tout donné pour ce club lors de chacune de ses apparitions. Il a réussi à devenir un membre à part entière de la communauté, un leader apprécié. En cinq ans, il en a fait bien plus que de nombreux joueurs n’arriveront jamais à accomplir en dix saisons passées aux Vernets.»

 

Arguments en béton armé. À l’image de ce que fut l’homme quand il enfilait son «armure» grenat. «C’est toujours très valorisant de discuter avec mes coéquipiers actuels qui ont joué contre lui, comme René Back, et de les entendre dire la difficulté qu’ils rencontraient au moment de l’affronter, ajoute Tim. Il ne lâchait jamais rien, il jouait dur. Il tirait ses coéquipiers dans son sillage.»

 

Des qualités que sa descendance envie. «Si je pouvais avoir son caractère fort, ça m’aiderait sûrement», estime Kevin dans un élan de sincérité. Tim vole au secours de son cadet. «Tout le monde aimerait avoir son caractère, son envie indicible de gagner, son sens du sacrifice. Mais ces qualités-là sont de plus en plus rares au sein de la nouvelle génération de joueurs», tempère-t-il.

 

En présence des Boxers

 

Ce seront pourtant ces traits de caractère là qui reviendront dans les esprits quand Philippe Bozon deviendra éternel aux Vernets. «Il a mérité ce moment, qu’il en profite à sa juste valeur», souligne Tim. Pour l’occasion, tous ses proches seront présents, mais aussi les amis qu’il a conservés à Genève. L’équipe qu’il coache en ce moment en Ligue Magnus, les Boxers de Bordeaux, sera aussi présente. «Elle a souhaité assister à ce moment, explique Kevin. Comme elle joue deux jours plus tard à Strasbourg, le détour était envisageable.»

 

Kevin a aussi obtenu un bon de sortie de son entraîneur Michel Zeiter pour pouvoir prendre place dans les tribunes – il aurait dû s’entraîner en soirée. Sur la glace, Tim portera le maillot de Kloten. Avec un hat trick à la clé pour que la soirée des Bozon soit parfaite? «C’est la soirée de mon père, mais, dès le coup d’envoi, je me mettrai dans ma bulle pour donner le meilleur de moi-même et permettre à mon équipe de gagner.»