10 mars 2015

En quatre matches, le portier de Lugano a repoussé 137 des 144 tirs genevois. Ce soir à la Resega, il tentera encore d’écœurer les Aigles

 

Robert Mayer avait été irréprochable lors de l’acte I. Gauthier Descloux avait épaté la galerie lors de l’acte II. Mais lors des actes III et IV, c’est Daniel Manzato qui a repris la main dans le duel à distance opposant les gardiens de Genève-Servette et de Lugano. Auteur d’un blanchissage lors du 3e match, le portier vaudois n’a concédé que sept buts en quatre rencontres. Mieux encore, sa constance commence à écœurer les attaquants grenat. Des 144 tirs que lui ont adressés les Aigles, 137 ont été repoussés, ce qui équivaut à un impressionnant pourcentage d’arrêts: 95,1%.

 

Classé 3e gardien avec 92,8% d’arrêts au terme de la saison régulière derrière Lukas Flüeler (ZSC Lions/94,2%) et Cristobal Huet (Lausanne HC/93,2%), Manzato a donc encore placé la barre plus haut. «Honnêtement, je ne regarde jamais les statistiques», se marre le No 84 du HCL. «Cette année, je ne les ai vues qu’une seule fois. C’était quand le club a annoncé la prolongation de mon contrat jusqu’en 2018. Ce qui importe le plus est la manière dont je me sens dans le but, mon feeling. Les statistiques, ça veut dire quelque chose, mais en même temps il y a tellement d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte.»

 

«J’ai franchi un palier»

 

A 31 ans, le gardien formé au HC Fribourg-Gottéron dispute indéniablement la meilleure saison de sa carrière même si, en 2006, il avait reçu de ses pairs le Swiss Golden Player Award alors qu’il évoluait au HC Bâle. «Je pense que j’ai effectivement franchi un palier cette année, en partie grâce à la façon dont on est préparé à Lugano avec deux entraîneurs pour les gardiens. Pour moi qui n’ai peut-être pas toujours été très bien encadré dans ma carrière, cela compte énormément. Et puis, pour un gardien, l’expérience, le vécu, la maturité sont des choses qui sont vraiment importantes.»

 

Daniel Manzato ne s’en cache pas: en côtoyant au quotidien les stars suédoises Fredrik Pettersson et Niklas Klasen, c’est tout bénéfice. «On travaille beaucoup pour eux, mais eux veulent aussi savoir comment les gardiens se sentent dans chaque situation, révèle-t-il. En tant que gardien, j’ai envie de savoir ce que le joueur voit, notamment lors des penalties qu’on a beaucoup entraînés. On échange donc énormément. Ce sont des joueurs très méticuleux, qui ont envie d’aller chercher chaque petit détail supplémentaire.»

 

Relâchement interdit

 

Alors que l’entraîneur Patrick Fischer a longtemps privilégié l’alternance entre Daniel Manzato et le talentueux Elvis Merzlikins, aujourd’hui une certaine hiérarchie semble établie à Lugano. «Avec Elvis, la concurrence est saine. On sait qu’on ne peut pas se relâcher un seul jour. Cela nous pousse à nous surpasser. Qui est le gardien No 1 ou No 2 n’a aucune importance. Quand je suis sur la glace, c’est pour donner le maximum de chances à l’équipe de gagner. Et si l’équipe gagne, cela voudra dire que le gardien a fait son travail.»

 

«Un match capital»

 

Ce soir, il y aura assurément du travail plein les bras pour Manzato. A 2-2 dans la série, l’étau se resserrera dangereusement autour la formation perdante. «Défensivement, on est solide. C’est quand même ce qui est déterminant pour avoir du succès en play-off. Offensivement, on a retrouvé le chemin des buts lors du 4e match, mais on doit encore être plus concret pour convertir nos occasions. A 2-1 pour Genève dans la série, il fallait aller chercher cette victoire. On l’a fait. Maintenant, le match de ce soir va être capital. Et on sait très bien que Genève va s’accrocher jusqu’au bout. Qu’on ait gagné 7-2 ne signifie rien. On efface tout et on recommence.»

 

Paroles d'experts

 

Flavien Conne

La grosse claque reçue par Genève constitue sans doute un tournant dans cette série. Lugano a fait sauter le verrou jusque-là bien fermé par les Aigles. Les Tessinois ont prouvé qu’ils peuvent eux aussi s’imposer à l’extérieur en y ajoutant en plus la manière. Leur réussite tient aussi à la performance de leur gardien. Manzato est en train de démontrer qu’il peut gérer les play-off en dégageant une sérénité assez impressionnante. On l’a vu samedi soir lors du premier tiers lorsque Lugano était dominé.» Pronostic: Lugano-Ge/Servette 4-1

 

Olivier Keller

«Pas de doute, cette fois: Lugano a mis les deux patins dans les play-off. Après les vingt premières minutes de samedi, les Tessinois ont fait les ajustements nécessaires et ont trouvé le moyen de gêner la relance servettienne. Sincèrement, je pense que la série a tourné et cela va être très difficile pour Genève. Avec la suspension de Picard, les blessures de Romy et Lombardi, ça commence à faire beaucoup. Le banc n’est pas assez profond pour compenser, sur la durée, l’absence de tels joueurs.» Pronostic: Lugano-Ge/Servette 3-1

 

McSorley encore visé (par Grégoire Surdez)

 

Incroyable mais vrai. Reto Steinmann a ouvert une enquête à l’encontre de Chris McSorley. L’affaire ne concerne pas son auto-expulsion, samedi en toute fin de partie. Excédé par le comportement des arbitres, il a préféré rejoindre le vestiaire pour la première fois de sa carrière d’entraîneur de son propre chef. «La situation était tellement embarrassante que j’ai quitté l’arène», nous glissait-il juste après ce coup de sang.

 

Ce n’est pas non plus en raison de la blessure douteuse et la guérison express de Timothy Kast que Reto Steinmann a placé le boss des Vernets dans son collimateur. Non, c’est bel et bien pour comportement antisportif et mensonge!

 

La situation est presque cocasse puisque c’est suite à l’envoi d’une vidéo concernant la charge d’un Luganais (Kienzle) sur Chris Rivera au deuxième tiers que le juge unique a décidé de riposter. Non seulement il n’entre pas en matière sur l’action. Mais il met en doute, suite aux pressions luganaises, la véracité de la blessure de l’attaquant genevois. Le hic, et contrairement à la version envoyée par le club, c’est qu’après le choc, Chris Rivera a encore effectué deux shifts. «C’est vrai, avoue Chris McSorley, il a patiné une fois quinze secondes et une seconde fois cinquante secondes avant de définitivement jeter l’éponge. Dimanche, il est resté allongé chez lui. Et lundi, il n’a pas pris part à l’entraînement. Je dois maintenant prouver, certificat médical à l’appui, que la blessure dont souffre Chris Rivera est bien réelle pour éviter une sanction. C’est incroyable!»

 

Pour éviter une suspension, le boss des Vernets mesure chaque propos. Il ne dira pas que l’attitude de Reto Steinmann est un abus de pouvoir caractérisé. Il le pensera très fort et ne sera pas le seul.

 

Power-play

 

L’affiche Ce soir, acte V des quarts de finale des play-off. Ge/Servette et Lugano, qui sont à égalité dans la série, se retrouvent à la Resega. Coup d’envoi à 20 h 15, donné par MM. Fischer et Kurmann.

 

Effectif Romy, Lombardi, Bays, Marti et Ranger sont blessés. Chargé par Kienzle (qui n’a pas été puni), Rivera est, lui, «très incertain». Picard est, pour sa part, suspendu un match pour un coup sur le pied de Sannitz. «Je ne me souvenais même pas de cette scène, soupire le Québécois. Je n’ai même pas écopé de deux minutes», pouffe l’ex-joueur de NHL.

 

Carnet rose Alex Picard s’est consolé avec la naissance de Laurence (50 cm/3,2 kg), née dimanche à 17 h 30. Sa femme, Christine, se porte bien. Et Xavier, 20 mois, est fier d’être un grand frère.

 

Accusation Chris McSorley a aussi envoyé les images du check (par-derrière) de Marco Maurer sur Taylor Pyatt au juge unique. Il n’a reçu aucune réponse.

 

L’info Kevin Romy a retrouvé la glace. «Ça se passe comme prévu», mais il n’en dira pas plus. McSorley avait parlé d’un retour au jeu pour l’acte VI ou VII. Le principal intéressé se contente de sourire. C’est les play-off.