Ge/Servette a repris l’entraînement hier matin aux Vernets. Seuls nouveaux visages: Will Petschenig et Kay Schweri

 

 

«Kevin est arrivé, tranquille. Et dans ma tête, c’était clair que Goran allait suivre… Comme toujours. Et puis non.» Il y a des automatismes qui ne se perdent pas d’un coup d’un seul. «Chef mat» et bien plus de Ge/Servette, Jimmy Omer a fait comme tout le monde, hier matin, à l’occasion de la reprise de l’entraînement: instinctivement, il a parfois cherché du regard la silhouette de celui qui aura passé douze saisons dans ce couloir d’un autre temps.

 

Rien. Personne pour râler sur ces (ce, en l’occurrence) journalistes déjà à l’affût. Personne pour râler sur le programme d’entraînement concocté par Chris McSorley. Personne pour râler sur ce coach qui fait parfois jouer des défenseurs en attaque… Goran Bezina est parti. Il laisse dans le vestiaire un vide certain. Sur la glace, en revanche, seul l’avenir dira si «Gogo» a bien été remplacé.

 

Hormis le départ de son capitaine (son successeur sera connu et dévoilé le 1er septembre), le visage de l’Aigle a peu évolué. L’ossature des joueurs suisses est stable. Deux étrangers sont partis, un est arrivé et un second devrait suivre très prochainement. Après une bonne heure et demie de pratique, Chris McSorley est fidèle à son image. Souriant, confiant. «L’aura est bonne, dit-il. Ce groupe devrait nous permettre de poursuivre sur la voie tracée depuis trois saisons. Au printemps dernier, les joueurs ont senti l’odeur de la victoire. Je pense qu’ils ont encore plus faim.» Demi-finaliste trois fois de rang, le club des Vernets affiche une régularité sportive réjouissante. Tour d’horizon.

 

Gardiens

 

Robert Mayer, en lice pour le titre de meilleur gardien de la saison dernière lors des prochains Swiss Hockey Awards, tiendra la baraque. Il sera secondé par Christophe Bays, visiblement remis de ses problèmes aux deux hanches. Gauthier Descloux a été prêté à Ambri.

 

Les défenseurs

 

On l’a dit, Goran Bezina est parti. «Aux jeunes de sauter dans ses chaussures. Sur le plan sportif, ce sont eux qui devront saisir leur chance. Ils ont un mois pour faire des erreurs et apprendre. Ensuite, nous ferons le point. Mais dans mon esprit, c’est un travail uniquement défensif qui sera demandé à Romain Chuard, Will Petschenig ou Mattéo Détraz. Ils devraient faire l’affaire.» Dans la hiérarchie défensive de Chris McSorley, Bezina n’était plus que le sixième homme, derrière Fransson, Loeffel, Vukovic, Antonietti et Mercier. Il coûtait donc logiquement trop cher. Autre départ, celui de Frédéric Iglesias, comblé lui aussi par la «promotion des jeunes», dixit le boss. «La date de naissance importe peu, si ce n’est que les jeunes, eux, respectent scrupuleusement mes consignes. J’ai moins de peine à leur imposer un système», conclut-il avec un large sourire.

 

Les attaquants

 

Marco Pedretti (Bienne) et Roland Gerber (Langnau) sont les seuls joueurs suisses à avoir quitté les Vernets. Daniel Rubin a prolongé son bail, tout comme Jeremy Wick, Juraj Simek et Tim Traber. Au rayon des arrivées, un retour (Leonelli) et une trouvaille (Kay Schweri). Avec la guérison de Cody Almond – «Il doit être mon meilleur transfert et devenir le chef de la cuisine», dit McSorley – et trois mercenaires attaquants, il y a abondance de biens dans le secteur offensif (17 joueurs). Cette profondeur est louable. D’autant que Noah Rod manquera sans doute le début de l’exercice, les Sharks de San Jose ayant émis le souhait qu’il participe au camp de présaison. Il sera ensuite conservé ou renvoyé à ses études aux Vernets. «Certains joueurs iront trouver du temps de jeu en LNB», conclut enfin Chris McSorley, pas fâché d’avoir à régler ce genre de problème.

 

Les étrangers

 

Johan Fransson, qui s’est laissé repousser les cheveux, et Jim Slater sont les seuls rescapés de la saison passée. Tom Pyatt, Matt Lombardi et Matt D’Agostini, eux, ont été écartés. Pour l’instant, seul Mike Santorelli a été officialisé. Absent hier, il devrait faire ses débuts avec un maillot grenat ce matin. «Sa venue est le fruit d’un vrai travail de groupe, dit Chris McSorley. Dans ce dossier, Lorne Enning et Mike Gillis ont été précieux.» Le quatrième étranger? «Ce sera un attaquant en provenance de NHL», promet le manager.

 

La direction sportive

 

Depuis cet été, Hugh Quennec a entrepris des réformes au sein de la structure du club. Au niveau sportif, Chris McSorley bénéficie de l’apport de Lorne Henning, 40 ans d’expérience en Amérique du Nord dans le coaching. «Cela se passe en parfaite harmonie, précise McSorley. Son vécu est un sérieux atout. Il m’aidera parfois dans la prise de décision.» Mike Gillis, ancien general manager des Canucks de Vancouver, lui, sera surtout actif dans l’administration. Il travaillera essentiellement depuis le Canada et ne sera présent que quelques jours par mois à Genève.

 

Le budget

 

Faute de communication officielle, toutes sortes de bruits circulent quant à l’enveloppe à disposition de McSorley. Plusieurs sources fiables font état d’une baisse substantielle du budget (qui était de 11,3 millions la saison passée). Cette baisse ne serait pas due à une érosion du sponsoring mais à une augmentation de la masse salariale dans le secteur administratif… Chris McSorley est donc contraint de faire aussi bien avec moins de moyens. Et une question taraude les esprits des observateurs et des fans: pourquoi changer un club qui gagne et qui est stable? A Hugh Quennec de donner les réponses dans les semaines et mois qui viennent.