2 octobre 2015

Ge/Servette va croiser la route de l’Américain, future star du hockey mondial, un «gamin» de 18 ans qui brille déjà avec Zurich!

 

«Auston qui? Non, vraiment, je ne vois pas de qui vous parlez!» Noah Rod éclate de rire. Sa sortie, dans les couloirs des Vernets, fait son effet sur Damien Riat, «mort de rire» lui aussi. Les deux «gamins» des Aigles connaissent bien sûr le phénomène Auston Matthews, qui avait éclaboussé de tout son talent les derniers Mondiaux M18, disputés en… Suisse. Meilleur joueur du tournoi, meilleur marqueur, meilleur pointeur, meilleur…

 

Cet Américain de 18 ans est destiné à briller de mille feux au sommet de son sport. Sauf effondrement improbable, il sera le No 1 de la prochaine séance de repêchage des clubs de NHL. Lors de cette fameuse draft du mois de juin, il connaîtra le nom du club qui aura la chance de l’accueillir.

 

Un diamant bien taillé

 

En attendant, c’est Zurich qui a hérité du diamant déjà bien taillé. A l’étroit dans les ligues juniors nord-américaines, trop jeune (à deux jours près) pour être recruté cette année, le prodige a atterri à Zurich. «Il a été bien conseillé par ses agents, témoigne Patrick Emond, entraîneur des juniors élite de Ge/Servette. A mon sens, il va tout sauf disparaître des médias nord-américains. Au contraire, ses performances vont encore faire grimper sa cote.»

 

Formateur reconnu, lui-même ancien excellent junior, Pat Emond décrypte le phénomène. «C’est assez simple dans le fond, Auston Matthews est déjà adulte. Physiquement, c’est un costaud. Et dans la tête, il fait déjà preuve d’une très grande maturité.» Cette impression est partagée par le journaliste du Tages-Anzeiger Simon Graf, qui côtoie la graine de champion du Hallenstadion. «Il est super-professionnel avec les médias. On sent qu’il a déjà l’habitude des sollicitations et qu’il a été bien préparé. Pour l’instant, c’est encore assez calme autour de lui, mais je pense que l’intérêt va augmenter au fur et à mesure de la saison. Surtout s’il continue à jouer aussi fort qu’il le fait depuis ses débuts le 18 septembre.»

 

Regain d’intérêt

 

Le pari des ZSC Lions semble déjà gagné, eux qui ont choisi de miser sur un étranger de 18 ans. «C’est vrai qu’il est impressionnant, témoigne Damien Riat, 18 ans lui aussi. Il a l’habileté, il a le physique, il a la vitesse… Et quand tu sais qu’il est de 1997, ça fait un drôle d’effet… Maintenant, quand tu te retrouves face à lui, il n’est qu’un joueur qu’il faut suivre comme les autres.»

 

C’est aussi l’avis de Noah Rod. «C’est un super-joueur et c’est une vraie chance de l’avoir dans notre championnat. Pour toute la LNA, c’est une sacrée reconnaissance du niveau auquel nous jouons. Il va y avoir un regain d’intérêt des clubs nord-américain pour notre ligue. C’est clair que cela peut être profitable pour d’autres jeunes.»

 

L’effet Matthews se fait donc sentir jusque dans les gradins, où les «scouts» des franchises de NHL ne manqueront pas de défiler pour mieux l’observer.

 

Le garçon, né à Scottsdale, dans l’Arizona, ne cache pas sa préférence. Dans une interview accordée au site spécialisé TSN , il avoue que Phoenix fait battre son cœur un peu plus fort: «Etre choisi par n’importe quel club sera déjà un rêve qui deviendra réalité. Mais être drafté par le club de sa ville natale, celui que vous avez vu se développer, oui, je crois que n’importe qui dirait que ce serait véritablement un sentiment incroyable.»

 

En attendant de peut-être briller dans l’Ouest américain, Matthews a posé son baluchon à Winkel, petit village tranquille niché dans les collines environnantes de la ville de Zurich. L’impôt y est très bas. Et c’est donc là que vivent les autres joueurs nord-américains des ZSC Lions, Ryan Keller, Ryan Shannon et Marc-André Bergeron, qui servent de guide et de chauffeur au prodige. A 400 000 dollars nets pour la saison, le «Z» a mis le paquet. Le joueur est nourri, logé, blanchi. Sa mère, Ema, d’origine mexicaine (il possède la double nationalité américaine et mexicaine), ainsi que sa sœur aînée, Alex, l’accompagnent dans la découverte d’un pays, d’un continent. Ce diamant méritait bien un tel écrin. «C’est génial de pouvoir vivre cette expérience en famille», dit l’attaquant, toujours sur TSN .

 

McSorley a essayé

 

Il s’en est fallu de peu pour que le choix d’Auston Matthews se porte sur Ge/Servette. «J’ai tenté de le convaincre, dit Chris McSorley. Cela aurait été un immense honneur de l’avoir un an avec nous. Mais c’est l’aspect financier qui nous a fait renoncer. Ce joueur a vraiment un talent particulier. Son but cette saison est de renforcer sa position pour être choisi en No 1 à la prochaine draft. Il a commencé fort la saison, confirmant son potentiel hors norme. Cela étant, nous n’allons pas à Zurich ce vendredi pour le regarder ou lui demander un autographe…»

 

C’est le 18 septembre, au lendemain de son anniversaire, qu’Auston Matthews a commencé à mettre le feu sur la glace. «Un étranger doit avoir 18 ans pour pouvoir jouer, rappelle Pat Emond. Mais avec lui, l’âge semble n’avoir aucune importance. On oublie son année de naissance quand on le voit évoluer. C’est un phénomène rare. A classer dans la même catégorie qu’un Steven Stamkos ou qu’un Sidney Crosby.» En quatre matches, il a déjà inscrit 5 points, dont trois buts.

 

Des débuts tonitruants. L’Amérique regarde Auston. Auston qui? Auston Matthews…

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette se rend au Hallenstadion ce soir (19 h 45) affronter les Zurich Lions. Les Grenat enchaîneront demain aux Vernets en défiant Davos, champion de Suisse en titre.

 

L’effectif Bays, Picard, Traber, Lombardi, Almond et Antonietti sont à l’infirmerie. Ménagés mercredi en Coupe de Suisse, Pyatt, Bezina, Vukovic et Fransson sont de retour. Egalement absent à Neuchâtel, Mayer sera en concurrence avec Descloux dans la cage des Aigles.

 

A Bienne en Coupe Si les Aigles ont évité un gros déplacement en huitièmes de finale, le sort n’a pas gâté les Grenat en Coupe. Ironie du sport, ils se rendront dans la nouvelle patinoire du HC Bienne le 28 octobre avant d’y retourner deux jours plus tard, en championnat cette fois-ci.

 

Numéro 16 Nouveau renfort du GSHC, Jim Slater débarque ce matin à Genève. L’Américain de 32 ans portera le No 16. Il pourrait effectuer ses débuts demain contre Davos. «Jim remplit tous les critères des joueurs que nous désirons pour intégrer notre groupe, explique Chris McSorley. Il est prêt à mourir sur la glace et met toujours l’équipe en premier dans ses choix de jeu. Grâce à son leadership, il va non seulement inspirer nos fans, mais également ses coéquipiers.» L’ex-joueur des Jets de Winnipeg (592 matches de NHL) a aussi été le capitaine de Daniel Vukovic à Michigan State University.