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Federico Bochy, jeu 05/04/2018 - 14:29

 

Vous vous rappelez de cet article paru en septembre posant les dix questions de la saison ? Sept mois et 55 matchs plus tard, il est temps de se repencher dessus. N’hésitez pas à lire les deux parties en parallèle puisque les allers-retours y sont nombreux !

 

La sauce Woodcroft va-t-elle prendre ? Non

 

Je vais laisser le soin à mes collègues de faire une analyse poussée pour savoir si Woodcroft aurait mérité ou non une deuxième saison au GSHC, mais on ne peut en tout cas pas lui enlever un mérite : il a réussi à qualifier l’équipe pour les Playoffs malgré des circonstances extrêmement défavorables (blessures et soucis financiers mais pas que). S’il est vrai que cette qualification quasi miraculeuse est aussi liée aux choix catastrophiques effectués 60 km plus à l’Est de Genève, l’histoire ne retiendra finalement que le résultat brut. Par ailleurs, on a parfois pu apercevoir quelques belles évolutions dans le jeu et il est indéniable que certains mouvements étaient une volonté du coach.

 

D’un autre côté, son apathie, sa distance et son sens de la communication pèsent lourd dans son bilan. Combien de temps-morts oubliés qui auraient pu permettre d’éviter une avalanche de buts ? Combien de joueurs se plaignant de ne jamais avoir de contact direct avec lui ? Combien de déclarations fracassantes dans les médias incriminant les joueurs sans jamais apercevoir l’ombre d’une remise en question de la part du coach? Et tout cela sans même s’intéresser à sa gestion douteuse de l’effectif, des temps de glace de chacun ou des alignements fantaisistes.

 

Bref, malgré certaines idées assurément intéressantes et un résultat sportif tout à fait correct, rarement un entraîneur n’aura réussi ces dernières années en Suisse à se mettre autant de monde à dos en aussi peu de temps. La conclusion est ainsi limpide : non, la sauce Woodcroft n’a pas pris. Les derniers développements laissent par ailleurs penser que cette opinion est partagée par les nouveaux dirigeants du club…

 

Est-ce réellement de la profondeur qu’il manquait au GSHC ces dernières saisons ? Non

 

Il semblerait finalement que, peu importe la profondeur de l’effectif, le GSHC conserve toujours un pourcentage élevé de joueurs indisponibles. Dès lors, ce qu’il manque n’est probablement pas de la profondeur, mais probablement un mix de chance, de préparation physique et d’une glace de meilleure qualité.

 

Si l’on se penche d’ailleurs sur l’effectif, c’est finalement 44 joueurs différents qui auront été inscrits sur une feuille de match des Aigles cette saison, soit l’équivalent de deux équipes complètes. Et comme prévu, Romain Chuard (2 matchs au GSHC, 17 avec Sion), Leonelli (0 en LNA, 10 avec Olten et 4 avec Sion) et Impose (10 matchs avec le GSHC, 25 avec Ajoie) ne sont pas vraiment entrés dans les plans de Woodcroft. Pareil pour les jeunes puisque Kyparissis (7 matchs) et Massimino (0 en LNA, 13 avec les Ticino Rockets, mais blessé jusqu’en janvier) n’ont pas véritablement eu l’occasion de s’exprimer aux Vernets. Finalement, les deux seules vraies surprises à signaler sont Heinimann (39 matchs tout en ayant effectué une pige de 7 matchs en début de saison à Sion) et Maillard (19 matchs au GSHC, 5 avec Ajoie et 17 avec les Juniors-Elites).

 

Enfin, dans les titulaires ou supposés comme tels, Antonietti a bel et bien dû faire un passage par Ajoie (10 matchs) avant de pouvoir prétendre à une place dans l’alignement des Aigles (11 matchs), tandis que parmi les candidats supposés à une place en tribunes, seul Juraj Simek n’y aura jamais goûté (il est d’ailleurs le seul Grenat à avoir disputé les 55 matchs de son équipe).

 

Les matchs le jeudi vont-ils réellement amener du monde aux Vernets ? Non

 

Comme on pouvait s’y attendre, les matchs du jeudi ont été un échec retentissant. Ils ont attiré une moyenne de 5'815 spectateurs (et on descend même à 5'668 si l’on y ajoute les autres matchs en semaine). Moyenne des matchs du week-end (vendredi et samedi) ? 6'441. On ne va pas s’acharner là-dessus trop longtemps, les chiffres parlant d’eux-mêmes. Et tiens, ô surprise, Regali, la personne du club qui a défendu ce choix contre vents-et-marrées, s’est gentiment fait raccompagner à la porte. J’imagine bien que ce n’est pas uniquement pour cela, mais il est certain que ça a pesé dans son bilan !

 

La perte des droits TV de Teleclub aura-t-elle une influence sur la moyenne de spectateurs en Suisse ? Non

 

Si la moyenne suisse est restée stable (49 personnes de moins, mais une capacité largement diminuée à Lausanne), les Vernets ont connu une nouvelle baisse drastique (-207). Dans le même temps, MySports (l’offre sportive d’UPC) a annoncé récemment avoir atteint le cap des 50'000 abonnés. Mais à titre de comparaison, Swisscom TV détient toujours environ 1.4 million d’abonnés à fin 2017. On peut donc en déduire 1) que l’exode de clients annoncé (et espéré) par UPC n’a pas eu lieu et 2) que cela n’a donc pas pu avoir d’influence significative sur les chiffres de fréquentation des patinoires. Un coup (ou plutôt un coût) dans l’eau donc et une preuve de plus qu’on préfère nous servir un joli mensonge plutôt que se pencher sur les causes réelles de la désertion progressive des patinoires helvétiques.

 

Le partenariat avec Cardinal peut-il améliorer la qualité de la bière aux Vernets ? Non

 

Je dois bien admettre que j’avais tort en début de saison : oui, il est possible de faire pire breuvage que la bonne vieille Feld’ des Vernets ! Pour cela, il a fallu avoir recours à un procédé technique aussi révolutionnaire que débile : le remplissage par le fond du verre. Une idée sûrement trouvée par l’un de ces génies du 21e siècle bien confortablement installé dans un open-space bâlois ou zurichois dont l’unique but dans la vie semble être de pourrir celle des gens ne pensant pas comme lui juste avant d’aller prendre son repas 100% détox végano-gluten-free. Et comme l’alcool figure dans son top-3 des aliments à combattre, il ne recule devant aucun crime pour tenter d’en dégoûter ses partisans. Réussir à créer un système qui retire instantanément tout le gaz d’une bière de toute façon rendue impossible à boire par le simple fait qu’elle terminera sur vos chaussures avant même d’atteindre vos lèvres, il fallait y penser ! Autant dire que si ces verres pouvaient suivre la même direction que Regali, Quennec et Woodcroft, ça ne serait pas de refus…

 

Quel rôle va jouer Hugh Quennec cette saison ? Le mauvais rôle

 

Passé tout proche du titre de fossoyeur-en-chef du sport genevois avant de se faire à nouveau expulser d’un club par la Fondation 1890, il n’est donc, à l’heure du bilan, plus présent au club pour serrer des mains. S’il semble garder un semblant d’influence dans la nouvelle patinoire (et encore, cela reste à voir), il a quitté le club après plus d’une décennie à son poste. On ne va pas s’en plaindre, d’autant qu’il faudra du temps aux nouveaux dirigeants pour nettoyer le champ de ruines qu’il a laissé dans son sillage !

 

D’où sort tout cet argent ? Il n’existait pas

 

Un budget fantaisiste de 18 millions de francs, un déficit de 6 à 7 millions selon les sources, des prêts déraisonnables pour le projet de nouvelle patinoire, des transferts coûteux et des revenus irréalistes : voilà sur quoi se fondaient les investissements faramineux consentis en début de saison. Passé tout proche de la faillite en janvier, le club a ainsi payé au pris fort (encore !) le manque de connaissance du hockey helvétique des Canadiens et le manque de réalisme de Quennec. Un échec cuisant !

 

Verra-t-on la pose de la première pierre au Trèfle-blanc ? Non, mais le projet a avancé…

 

… Un peu. Si l’on en est toujours au stade de la préparation de la lettre d’intention (soit très très très loin de la pose de la première pierre, rien n’étant à ce stade véritablement conclu), on connaît maintenant l’identité des investisseurs et une bonne partie de leurs exigences. Ils ont ainsi passé avec succès le processus de due dilligence si important dans les grands projets immobiliers et l’on a pu apercevoir les premiers contours du nouveau complexe multifonctions à venir.

 

Malheureusement, plus rien ne semble avoir avancé depuis le mois de décembre. Logique au vu des importants problèmes qu’a connu le club depuis lors, voire même plutôt rassurant en sachant que les Canadiens et Quennec sont toujours impliqués dans le dossier malgré leur départ du club en catastrophe, mais néanmoins problématique en raison des prochaines élections cantonales qui vont bloquer le projet encore pour quelques semaines tout en risquant de le mettre définitivement en péril en fonction de l’identité du ou de la prochain(e) responsable du DIP dont dépend le sport. Bref, à cette allure-là, on peut raisonnablement envisager une inauguration en 2048. Quant à l’emplacement, il aura assurément changé encore un certain nombre de fois entre temps !

 

Chris McSorley sera-t-il toujours au club à la fin de la saison ? Oui

 

(Ou comment un communiqué de presse publié à 16h peut vous obliger à réécrire entièrement un paragraphe).

 

Oui il est toujours au club, et pas qu’un peu ! En ce 3 avril, jour de rédaction de cet article, Chris McSorley vient d’être nommé entraîneur de la première équipe du GSHC en sus de sa fonction de Directeur sportif. En clair, il récupère ses anciennes fonctions, un an et douze jours exactement après avoir été mis de côté par les Canadiens. A nouveau, mes collègues se chargeront (si ce n’est pas déjà fait d’ici que cet article soit publié) de commenter ce changement majeur en détail, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci était aussi imprévisible qu’inattendu au début de la saison. Décidément, il s’en sera passé des choses en sept mois !

 

Le GSHC sera-t-il Champion de Suisse ? Non…

 

… Mais on aura quand-même fêté la fin de saison comme un titre. Pourquoi ? Parce que le club est toujours en vie, parce qu’un vent nouveau et rassurant souffle sur celui-ci, et parce qu’avec le nombre de couleuvres que nous aurons dû avaler ces deux dernières années, il fallait bien se lâcher un peu. Sportivement, l’équipe a tenu le choc en saison régulière malgré des circonstances complexes avant de s’effondrer en Playoffs face à l’armada du SCB. Petit-à-petit, l’objectif d’un titre (le seul objectif valable en début de saison) s’est transformé en une qualification pour les Playoffs, puis tout simplement d’être en mesure de jouer le prochain match.

 

On ne va donc pas s’apitoyer trop longtemps sur cette saison de misère et plutôt nous réjouir : les six prochains mois vont permettre d’éteindre définitivement l’immense incendie qu’a subi le club et la nomination de Chris nous assure au moins deux choses : nous aurons la saison prochaine « la meilleure équipe que nous avons jamais eue » et peu importe le score, l’adversaire ou la position au classement, les joueurs se battront et feront honneur à nos couleurs. C’est finalement ce qu’on leur demande en priorité, même si un affreux vase ne ferait pas tâche dans notre affreuse ruine !