23 novembre 2017

François Bellanger a été intronisé au conseil d’administration du GE Servette HC SA en mars. Cet avocat genevois évoque les dossiers brûlants du moment, sans éluder les questions qui fâchent.

 

François Bellanger, avez-vous eu vent des problèmes financiers qui guettent le club?

 

En tant que membre du conseil d’administration, je connais bien sûr la situation financière du club. Il est clair que la trésorerie est tendue. Elle pourrait se détériorer ces prochains mois si deux problèmes ne sont pas résolus rapidement. D’une part, le paiement de la subvention 2017 des collectivités publiques à l’Association Genève Futur Hockey. Il s’agit de près de 500 000 francs. D’autre part, le club doit recevoir le remboursement des frais liés au développement de la nouvelle patinoire. Il doit être débloqué par les investisseurs dès la confirmation par les collectivités publiques de leur accord de collaborer avec eux pour le projet de nouvelle patinoire. Si aucun de ces deux paiements ne devait intervenir dans les prochains mois, le conseil d’administration aura à trouver d’autres solutions pour assurer la trésorerie du club.

 

Faut-il craindre pour l’avenir du club?

 

On a toujours des craintes face à une situation tendue. Cela étant, le club fait aujourd’hui face à ses obligations et le conseil d’administration veille à ce que cela continue.

 

Vous êtes avocat de la place genevoise, vous êtes, entre autres, spécialiste en droit de l’immobilier, droit de l’aménagement et des constructions,
et droit des marchés publics. Le dossier de la patinoire a-t-il avancé en huit mois?

 

Le dossier avance lentement, car les autorités genevoises sont prudentes. Elles sont marquées par l’héritage du Stade de Genève et veulent éviter une répétition de ce fiasco. Nous leur avons montré que le projet des investisseurs pour la patinoire n’a aucun rapport avec ce qui s’était fait à l’époque du stade et qu’il est solide financièrement. Les autorités ont déjà validé les investisseurs, il leur reste à accepter le projet.

 

Selon vous, les autorités travaillent-elles dans le bon sens sur ce dossier?

 

Les autorités avancent au rythme qu’elles estiment juste sur ce dossier important. L’essentiel est qu’une décision soit finalement prise et permette la réalisation de la nouvelle patinoire.

 

Qu’attendriez-vous de plus d’elles?

 

Une décision plus rapide, mais c’est une réaction usuelle face à l’administration. Cela étant, je respecte le soin que nos autorités cantonales prennent pour s’assurer que leur décision sera la bonne.

 

Est-ce juste que les investisseurs commencent à perdre patience?

 

Les investisseurs aimeraient que le projet avance. Après une année pendant laquelle les autorités cantonales les ont passés au crible, ils attendent une décision. C’est une réaction normale. Si une décision ne venait pas, certains d’entre eux pourraient être intéressés par d’autres projets.

 

Qu’est-ce qu’un retrait de ces investisseurs pourrait avoir comme conséquence?

 

Je vais vous proposer une réponse de juriste: cela dépend. Les autorités cantonales ont constaté que les investisseurs avaient, pour l’essentiel, chacun la possibilité de porter seul le projet. Le retrait d’un investisseur impliquerait bien sûr des modifications, mais ne remettrait pas en cause le projet. Un retrait de plusieurs investisseurs serait plus compliqué.

 

Est-ce que les investisseurs sont en position de force dans ce dossier?

 

Les investisseurs sont en position de force financière, car ils ont la capacité d’investir 150 millions de francs, sous forme de fonds propres, pour assurer la réussite du projet. En revanche, sans l’État de Genève, rien ne sera. En l’état, l’avenir de la nouvelle patinoire est entre les mains des autorités cantonales.

 

Faut-il, à vos yeux, lier l’avenir de GE Servette avec la construction d’une nouvelle patinoire au Trèfle-Blanc?

 

La réponse est clairement oui. Sans nouvelle patinoire, GE Servette ne pourrait à terme plus jouer en ligue nationale.