19 octobre 2018

Le Suédois est l’homme fort de Ge/Servette depuis le début de la saison. À tel point que le défenseur est aussi Top Scorer

 

Heureusement que les patinoires sont dépourvues de poteaux de corner. Sans cela, Henrik Tömmernes s’inspirerait de l’ancien attaquant d’Arsenal, Thierry Henry. Le Français aimait poser sa main sur le drapeau lors de ses célébrations, tout en intériorité. Le port altier, le regard posé vers le lointain, le Gunner se la jouait «tueur», façon Michael Jordan. Aux Vernets, un homme incarne cette rigueur implacable: c’est le défenseur suédois des Aigles.

 

Pour sa deuxième saison à Genève, l’homme donne enfin la pleine mesure de son talent. Non content d’être intransigeant sur le plan défensif – ce qu’on lui demande avant tout – il carbure enfin à plein régime lorsqu’il s’agit d’animer l’offensive des Grenat. Par la qualité de sa première passe et par son rôle central en power-play, Tömmernes est l’homme fort de ce début de saison. À tel point que ce vendredi soir contre Davos, il évoluera avec la tunique de Top Scorer des Aigles. Pas de quoi bouleverser «Thierry Henrik».

 

«La saison est encore longue, dit-il. Et c’est avant tout le fruit d’un beau travail d’équipe qui me permet de revêtir ce maillot de Top Scorer. En ce qui me concerne, je suis surtout heureux de pouvoir donner la pleine mesure de ce que je suis capable de faire.» En filigrane, celui qui porte désormais le No 7 souligne que l’excellence de ses prestations est d’autant plus remarquable que ses débuts sous le maillot grenat avaient été compliqués. «Un ensemble de facteurs explique les difficultés rencontrées il y a un an, reconnaît-il. Je découvrais un nouveau championnat et un style de jeu très différent de celui que je connaissais en Suède. Et puis, il y avait en même temps l’arrivée de mon premier enfant.»

 

De quoi perturber un homme, fut-il de glace. Une fois tout cela digéré, Henrik Tömmernes a vécu, comme les autres, la galère qui a secoué le club. Mais, dans la difficulté, on n’oubliera pas que le défenseur est l’un des seuls qui n’a jamais sombré. Accumulant les minutes de jeu, il a largement contribué au sauvetage sportif des Aigles. En saison régulière, il avait compilé une fiche honorable de 28 points (6 buts) en 44 matches joués. Ce qui le plaçait au 10e rang des défenseurs de la ligue. Cette saison, il en est déjà à 8 points, dont 3 buts. Seul le Suédois du LHC Jonas Junland (10 points) fait mieux. «Je suis en confiance et je suis bien entouré, dit-il. Du coup, la réussite est davantage au rendez-vous.»

 

Avec un effectif mieux équilibré et des rôles mieux répartis, Tömmernes a sans doute ce soupçon de fraîcheur qui lui faisait parfois défaut l’an passé. Lorsqu’il tournait souvent à plus de trente minutes par match, il manquait parfois de lucidité. Cette saison, le traitement qui lui est réservé par Chris McSorley est plus «mesuré», même si le Suédois est toujours le joueur le plus sollicité de la ligue (24’ 54).

 

Un sentiment très fort

 

«Je ne me plains pas car j’aime jouer, dit-il. Ensuite, tout dépend de la nature des minutes passées sur la glace. En box-play, c’est beaucoup plus usant que lorsque tu évolues en supériorité numérique. Là, c’est avant tout du plaisir. Surtout lorsque la réussite est au rendez-vous.» Henrik Tömmernes fait référence à ce but libérateur et victorieux qui a jailli de sa crosse, samedi dernier aux Vernets contre Fribourg. «Mister Ice» en aurait presque fondu de plaisir sur le coup. «Je ne suis pas très expressif, c’est vrai. Mais le sentiment, à l’intérieur, est extrêmement fort. C’était un grand moment d’entendre le grondement de la foule lorsque mon tir est arrivé au fond du but adverse.»

 

Bien dans sa tête et dans ses patins, le Tömmernes de cette saison est bien celui que Chris McSorley était allé chercher en Suède lors de l’hiver 2016-2017. Il est ce joueur clairvoyant qui sent le jeu. D’une passe, d’une feinte, il fait d’un puck impossible un puck de but. Élu deux fois meilleur défenseur du championnat de Suède, il pourrait bien décrocher cet honneur en Suisse s’il continue sur sa lancée. De quoi lui faire promettre qu’en cas de but pour le titre, il se lâcherait (presque) sans réserve. Vers un poteau de corner venu de nulle part? «Pourquoi pas… Je ferais en tout cas quelque chose de spécial.»

 

L'avant-match

 

L’équipe Will Petschenig patine désormais à La Chaux-de-Fonds. Guillaume Maillard se remet en forme à Sierre. Lance Bouma, Daniel Rubin, Tommy Wingels et Mark Lazarevs sont blessés. Eliot Antonietti et Juraj Simek devraient à nouveau chauffer le banc en tribune.

 

Prolongation Gauthier Descloux a prolongé son contrat pour trois ans de plus. Le nouveau bail du gardien de 22 ans aux Vernets arrivera à échéance en avril 2022. Cette signature est un véritable signal envoyé par un club qui prépare déjà la saison prochaine sous le sceau de la jeunesse. «Ce ne sont pas des mots, c’est une réalité, précise Laurent Strawson, le président du club. La prolongation de Descloux, comme celles de Rod et de Richard, va dans le sens de ce rajeunissement. Pour la construction de l’équipe de la saison prochaine, cinq jeunes entrent en compte. On peut citer Kyparissis, Smons et Smirnovs, les deux Lettons, ainsi que Guebey et Maillard. Et il y a d’autres candidats. On a une génération assez exceptionnelle qui a été championne en Novice et en Élite. Nous allons donc en profiter, c’est certain, pour récolter les fruits de l’excellent travail de notre académie.»