28 mars 2015

Goran Bezina, capitaine historique des Aigles, disputera-­t-­il  ce soir son dernier match avec GE Servette ? Annoncé sur le départ, le défenseur ne veut  penser qu’à une chose: joueur un 7e match.

 

A bout de souffle et à court de forces, GE Servette jouera son va-tout ce soir sur sa glace, face aux champions de Suisse en titre, déterminés à en finir. Goran Bezina, capitaine et âme du club, annoncé sur le départ depuis le début de saison, s’apprête-t-il à disputer son dernier match aux Vernets?

 

Si GE Servette est éliminé ce soir, s’agira-t-il de votre dernier match sous le maillot des Aigles?

 

Ce serait une possibilité, en effet…

 

Cela sera donc forcément un match particulier pour vous, non ?

 

Vous voulez me faire craquer, là? Je ne pense pas à cela, je ne pense qu’à gagner ce match. Aucune décision n’a été prise et il n’est pas exclu que je continue ma carrière à Genève. Des discussions sont en cours, mais rien de plus. Je sais que j’ai encore 4 ou 5 bonnes années dans les jambes. Mais tout ce qui m’importe pour l’instant, ce sont les play-off. Je ne pense à rien d’autre.

 

L’équipe est décimée, Zurich a pris le dessus lors des deux derniers matches. Bref, plus grand monde croit encore en vous…

 

On s’en fout, très franchement. L’important, c’est que l’équipe n’abandonne jamais et ne perde pas la foi. On sait que les circonstances ne plaident pas en notre faveur, mais nous allons nous battre jusqu’au bout. On en reparlera dans quelques jours…

 

Est-ce que l’équipe aura tout simplement encore la force de lutter après tout ce qui est arrivé ces derniers temps?

 

Toutes ces blessures, ce virus aussi, nous ont freinés. Et sur la durée, cela devient pesant. Mais nous sommes en demi-finale des play-off, tout le monde commence à être fatigué. Même les Zurichois, qui ont pourtant davantage de profondeur de banc que nous. Et puis nos jeunes joueurs apportent leur fraîcheur, de l’énergie nouvelle.

 

Est-ce une raison suffisante de continuer à croire en un renversement de situation dans cette série?

 

Lorsque l’on se retrouve dos au mur, on peut parfois trouver des ressources insoupçonnées. L’énergie du désespoir va nous permettre de nous surpasser et d’égaliser dans cette série.

 

Mais pour passer l’obstacle, vous aurez pourtant besoin de gagner deux matches consécutifs…

 

Oui, et au vu des circonstances, il s’agirait d’un retentissant exploit. Nous avons maintenant avant tout besoin que la chance tourne enfin en notre faveur. Jusqu’ici, tout s’est joué à peu de chose même siles résultats peuvent paraî- tre sévères. Zurich? Il faudra qu’ils viennent nous chercher sur notre patinoire… Après, sur un septième match dans une série, qui sait ce qui peut arriver?

 

L’an passé déjà, au même stade de la compétition, vous n’aviez pas su profiter de votre supériorité physique pour intimider les Zurichois. Hausser le ton physiquement, ne serait-ce pas une option pour remporter ce sixième acte?

 

Le problème, c’est qu’il est très difficile de jouer physique contre cette équipe. Ils sont tellement au point tactiquement, ils font si bien bouger le puck qu’il est quasi impossible de les frapper. Il faut s’y prendre autrement.

 

Qu’est-ce qui sera le plus important pour pouvoir entretenir l’espoir ce soir aux Vernets?

 

Marquer le premier but, indiscutablement. Cela peut tout changer. Lorsqu’ils sont menés au score, les Zurichois se mettent logiquement à ouvrir le jeu, et cela provoque des failles dans leur arrière-garde. C’est là qu’ils sont le plus vulnérables.

 

Eliot, ramasseur de pucks (par Frédéric Lovis)

 

S’il  fallait catégoriser chaque joueur en fonction de sa dégaine, pas sûr qu’Eliot Antonietti soit rangé dans la caste des gentils. Le hockeyeur le plus barbu de Suisse a  un  look et un gabarit  (196 cm,  107 kg) à même de susciter l’effroi. Trompeur.  La  tour de contrôle de l’arrière-garde genevoise à la dégaine de Viking sanguinaire est le gars le plus tranquille du monde. Il fait aussi preuve d’une étonnante disponibilité avant chaque match. Il a ainsi pris l’habitude de quitter l’aire de jeu en dernier après les échauffements. Il profite de ces moments pour donner un coup de main à ceux chargés de faire glace nette. «Les gens apprécient beaucoup que je les aide à ramasser les pucks, sourit-t-il. Si  je  fais  ça, c’est pour éviter de rejoindre les vestiaires trop vite. Je n’arrive pas à m’y concentrer.»  Cette  habitude, il l’a forcément gardée en play­off.  La «Curva  Nord» luganaise n’appré­ciait guère de le voir  traîner sur «sa» glace. Depuis l’accession en demi­-finale, l’animosité d’avant-match n’est  plus la même. L’ambiance très feutrée du Hallenstadion n’a décidément rien à voir avec celle  parfois volcanique  de  la  Resega. Demandez à Eliot, ramasseur de pucks bénévole d’un genre aussi barbu que particulier.