10 mars 2016

Suspendu un match suite à sa charge sur Glauser, l’attaquant des Aigles ne jouera pas l’acte IV, qui pourrait s’avérer décisif

 

«Même si nous menons trois à zéro dans la série, nous savons que rien n’est fini. Reste qu’à l’heure où je vous parle, tout va bien…» Le moral au beau fixe, Noah Rod était loin de se douter, hier matin, que quelques minutes après nous avoir adressé la parole, il allait prendre connaissance de la sentence infligée par la Ligue.

 

Un match de suspension; le verdict est tombé comme redouté. C’est ainsi devant sa télévision que l’attaquant de Ge/Servette regardera l’acte IV des play-off, qui se jouera ce soir à Fribourg. Cette sanction fait suite à sa vilaine charge à la tête d’Andrea Glauser, défenseur des Dragons. «Je préfère ne pas me prononcer, ce n’est pas mon boulot, soufflera par la suite Noah Rod qui, à la différence de Julien Sprunger, avait le coude levé au moment des faits. Tout ce que je peux dire c’est que je joue l’homme et que je ne me suis pas lancé dans l’optique de lui faire du mal.»

 

Chris McSorley n’en dira pas davantage, qualifiant toutefois de «bizarre» la décision de la Ligue. «Je ne me soucie guère de ce verdict. C’est comme ça et cet épisode ne va en rien changer ma façon d’aborder le match de ce jeudi. Je vais faire comme si rien ne s’était passé.» C’est donc sans la présence du jeune homme de 19 ans que les Aigles tenteront ce soir à la BCF Arena de décrocher leur billet pour les demi-finales des play-off.

 

Pilule dure à avaler

 

Reste que Noah Rod avait bien du mal à s’exprimer hier matin après avoir été victime, la veille, d’un méchant cross-check de la part de Sebastian Schilt. Les représailles du défenseur fribourgeois n’ont, elles, pas été sanctionnées par le juge unique. Deux poids, deux mesures? Même s’il semble que l’envie de le faire était palpable dans les couloirs des Vernets, personne, dans le camp genevois, n’a désiré s’exprimer sur le sujet.

 

Noah Rod tenait d’ailleurs à calmer le jeu: «C’est vrai, il me met un coup de canne en plein dans la tronche. Mais après, voilà, cela reste un match de play-off et ce sont des choses qui arrivent. Il faut faire avec…»

 

Et c’est ce que les Aigles devront faire en allant chercher dès ce soir ce quatrième point nécessaire à rallier les demi-finales. «Ce sera clairement le match le plus difficile et le plus important depuis le début des play-off, poursuit le No 96 genevois. Il faudra montrer beaucoup d’agressivité pour espérer l’emporter.»

 

Soulagé néanmoins

 

Privé de dessert si cet acte IV venait à être décisif pour les Genevois, Noah Rod compte bien se tailler une part du gâteau lors des futures rencontres des Grenat. Auteur de son premier but mardi soir après pratiquement trois mois de famine – sa dernière réussite remontait au 11 décembre contre Zoug – l’attaquant compte bien ajouter des points à son compteur avant le terme de la saison. «Ouvrir le score m’a soulagé. Ce but m’a fait du bien au moral et j’espère qu’il y en aura d’autres. Mais bon, même si ça fait plaisir, je ne me focalise pas que sur cet aspect de mon jeu.»

 

C’est sans lui mais dans une patinoire de Saint-Léonard comble que se présentera Ge/Servette ce soir avec, en face, les Julien Sprunger et autres Sebastian Schilt. Il ne fait nul doute que l’accueil réservé aux Genevois sera du même acabit que celui adressé au capitaine des Fribourgeois mardi, hué comme jamais à chacune de ses apparitions – fantomatiques – sur la glace.

 

Royal jusqu’à présent, le rapace compte bien en finir définitivement avec le Dragon et aller de l’avant. Mais en cas d’acte V samedi et à charge de revanche, Noah Rod sera prêt au combat, quoi qu’il advienne. 

 

A Lugano, Romy était aussi mené 3-0 (par Virgulator)

 

Depuis 2004, cela n’est arrivé que trois fois. Il n’y a en effet que Zoug, Davos et Lugano qui ont réussi cet exploit. Celui de retourner, en play-off, une série après avoir perdu les trois premières confrontations…

 

Kevin Romy évoluait dans le club de la Resega quand en 2006 sa formation se trouvait à un match du précipice. Ambri-Piotta menait, comme Ge/Servette, 3 à 0 avant d’accueillir son ennemi juré à la Valascia. La patinoire était pleine à exploser et toute une région montagnarde s’apprêtait à enterrer l’irrévérencieux voisin. Le Neuchâtelois des Vernets, qui se trouvait alors au pied du mur, s’en souvient très bien.

 

«C’est depuis cette période que je répète que ce quatrième point est toujours difficile à marquer, sourit le No 88 des Grenat. Comme c’était notre cas il y a dix ans, Fribourg n’a plus rien à perdre.» L’attaquant de 31 ans se rappelle qu’avant de retourner la crêpe et de remporter le titre dans la foulée, du côté d’Ambri il y avait eu un relâchement coupable. «Au moment où une équipe s’octroie un avantage de trois points, il arrive que dans le subconscient des joueurs, on pense avoir fait le plus dur, poursuit Romy. Mais ce ne sera pas notre cas à Fribourg, car on connaît la situation. On va tout faire pour exploiter cette première balle de match.» En fouillant dans sa mémoire, l’international suisse a le souvenir d’une pression encore plus forte qu’à Genève ou à Fribourg, car un derby tessinois ne se joue pas, il se vit et, surtout, se gagne. «Nous étions dans la peau du favori, il y avait une grosse tension extrasportive. Ce n’est jamais drôle de se faire sortir en quart de finale, mais face à Ambri, on ne pouvait pas. A l’époque, nous avions de très bons joueurs et c’est l’expérience dans le vestiaire qui avait fait la différence…» Y a-t-il aujourd’hui le même état d’esprit à Gottéron? «Je pense qu’il y a encore le feu dans le Dragon et qu’il est capable de réagir devant son public. C’est pour cela qu’on doit éviter de les laisser revenir dans la série. Si on joue notre jeu, il sera difficile à Fribourg de remporter quatre matches.» A moins, comme Zurich, Kloten et Zoug, d’un gros exploit… 

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette, qui mène 3 à 0 dans la série, se déplace à Fribourg avec la ferme intention de se qualifier pour les demi-finales. Les Genevois restent sur sept succès d’affilée contre les Dragons. Coup d’envoi de cet acte IV à 20 h 15.

 

L’effectif grenat Pas de changement en vue. Wick, Rubin, Riat, Bays et Almond sont blessés. Rod est suspendu pour une rencontre. Chris McSorley décidera ce matin quel étranger sera surnuméraire.

 

Du côté de Fribourg Vauclair a rejoint Kamerzin et Loichat à l’infirmerie de Gottéron alors que Ellerby et Réway seront en principe une fois encore surnuméraires. Gerd Zenhäusern devrait opérer quelques rocades dans son alignement et séparer notamment Julien Sprunger de Bykov et Plüss. Au lieu de s’entraîner, les Dragons ont préféré lézarder au soleil. Une petite balade collective pour trouver l’énergie du désespoir. Ou comment reculer pour mieux sauter…

 

La phrase de Chris McSorley «J’ai un plan en tête pour pallier l’absence de Noah Rod…»