9 janvier 2018

Arrivé aux Vernets sur la pointe des pieds cet été pour relancer sa carrière, le Grison s’accommode du rôle de suppléant

 

Pendant six matches, il a fait taire ses détracteurs. Ceux qui voyaient en lui un gardien d’opérette. Le jugement, lapidaire, avait été lancé par Klaus Zaugg, un ténor de la plume, paraît-il. Ancienne gloire du Blick qui dispense désormais son immense savoir sur le site watson.ch. C’était le 28 novembre du côté de Zurich. Le journaliste, lors de la traditionnelle conférence de presse d’avant-match, avait demandé pourquoi les Aigles alignaient un «gardien d’opérette» – en français dans le texte – plutôt que Robert Mayer?

 

La réponse fut simple. Avec deux matches prévus en vingt-quatre heures, Craig Woodcroft avait choisi de faire souffler son titulaire dont l’un des genoux grinçait plus que de raison.

 

Lancé dans le bain au Hallenstadion, Remo Giovannini avait fait plutôt bonne figure lors de la défaite 3-2 en prolongation face au «Z». De quoi clouer le bec du journaliste moqueur? «Même pas! Franchement, il a le droit d’exprimer son opinion. C’est son job de parfois chercher la polémique. Je ne le critique pas et je me concentre sur mon travail à moi.»

 

Il a brillé contre les Aigles

 

Depuis, le Grison de 26 ans a encore été titularisé cinq fois. Avec un bilan comptable excellent de quatre victoires et une défaite (aux tirs au but contre Zoug). Le remplaçant du remplaçant du remplaçant du titulaire a donc cette capacité à engranger des points lorsqu’il commence le match dans la cage des Aigles. C’est dire qu’une fois de plus, Sébastien Beaulieu, l’entraîneur des gardiens, a eu fin nez d’aller le chercher à Bordeaux cet été. Opposé aux Aigles lors de deux matches de préparation, il avait brillé dans la cage de l’équipe de Philippe Bozon, faisant le désespoir de ses futurs coéquipiers.

 

«Si on m’avait dit à ce moment-là que je jouerais cette saison plusieurs matches en LNA en tant que titulaire, je ne l’aurais évidemment pas cru», explique l’intéressé. Si je suis venu à Genève, c’est suite à une discussion avec Sébastien Beaulieu. Nous avons décidé d’un plan de travail très précis qui devait me permettre de me relancer. À la base, il n’était même pas question de jouer des matches. J’étais là pour travailler et progresser pour qu’un club me redonne une chance.» Ce club, c’est donc Genève-Servette, qui a vu ses trois premiers gardiens se mettre sur le flanc de conserve. Une aubaine pour Remo Giovannini.

 

Des rôles bien définis

 

Après le dernier coup de poisse en date, la blessure du Gauthier Descloux le 19 décembre contre Ambri, le Grison a parfaitement tenu le choc. Avec 2,5 buts encaissés par match, un taux d’arrêt de 92,5% et quatre succès de rang, il a parfaitement interprété sa partition. «Pourtant, il n’y a pas eu la moindre hésitation à Bienne, explique Sébastien Beaulieu. À partir du moment où Robert Mayer était apte, il récupérerait son poste. À aucun moment nous n’avons hésité. Et Remo est le premier à comprendre et à accepter cela. Il ne faut pas oublier qu’à Genève, la philosophie par rapport au poste de gardien est de faire confiance à un seul No 1. Cela a toujours été le cas depuis que je suis là.»

 

Une position claire qui ne laisse pas de place au doute ou aux états d’âme. «Encore une fois, tout ce qui m’arrive, c’est du bonus, sourit Remo Giovannini. Je suis en pleine reconstruction et toutes ces minutes de jeu me permettent d’accélérer le processus, c’est génial. Maintenant, je suis conscient de la situation et évidemment que Robert Mayer doit jouer. C’est un super gardien et Genève a besoin de lui pour gagner.»

 

Les quelques garanties apportées par Remo Giovannini lors de ses apparitions amènent de la sérénité au staff technique qui peut donner du temps à ses gardiens pour recouvrer la santé. «En cas de coup dur, on sait qu’on peut compter sur notre gardien d’opérette», conclut Sébastien Beaulieu dans un joli clin d’œil.

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette reçoit Bienne ce mardi soir aux Vernets (19.45/Mysport).

 

L’équipe Cody Almond est suspendu. Goran Bezina, Jonathan Mercier, Daniel Vukovic, Nick Spaling, Christophe Bays, Gauthier Descloux sont blessés. Yoann Massimino est surnuméraire. Touché à Bienne samedi soir, Will Petschenig est incertain.

 

Guérir n’est pas jouer Eliott Antonietti et Adam Hasani ont quitté la longue liste des blessés et sont à disposition. Le grand défenseur fera-t-il pour autant son retour après sa commotion? C’est peu probable tant Craig Woodcroft ne donne que peu de crédit au Genevois. En mal de défenseur, le coach canadien a choisi de miser sur des attaquants (Jeremy Wick notamment) pour faire le nombre. Quant à Hasani, il lui faudra sans doute du temps pour regagner sa place dans l’un des quatre trios offensifs. Des lignes qui ont été totalement brassées pour cette revanche après la claque reçue samedi soir à Bienne.