13 octobre 2017

Muet et battu par Ambri, Ge/Servette provoque colère et incompréhension chez un public toujours plus maigre

 

Encore un petit effort. Juste une défaite de plus ce soir à Kloten et Mike Gillis pourra faire comme un certain Marc Roger de triste mémoire. On se souvient que le Français avait usé de la boutade après un début de saison catastrophique de son équipe. Il suffit de renverser le journal pour voir les Grenat occuper la tête du classement. Ce qui faisait peut-être sourire du côté de la Praille pourrait bien se reproduire aux Vernets. Un couac de plus dans la banlieue zurichoise et les Aigles occuperont la lanterne rouge. Après 14 matches, qui aurait pu imaginer un tel scénario?

 

Il faut pourtant se rendre à l’évidence: jamais Ge/Servette n’a vécu une si mauvaise passe. On se souvient bien d’un célèbre trou de novembre, en 2012, qui n’avait jamais pu être compensé malgré un sursaut dans la deuxième moitié de saison. L’histoire s’était terminée en play-out. Les Genevois s’en étaient alors sortis au deuxième tour contre Ambri Piotta. Avec l’aide de Paul le blaireau, totem loufoque dégotté lors d’un stage commando à Chamonix. Cette saison, les Aigles semblent particulièrement bien partis pour faire pire.

 

Muets, encore et toujours

 

Hier soir, ce sont ces mêmes Tessinois qui ont pris un malin plaisir à plonger la tête des Genevois sous l’eau. Loin d’être flamboyant, le visiteur n’a rien, mais alors rien volé. Pour la troisième fois en quatre matches Ge/Servette a réussi à ne pas marquer le moindre but.

 

C’est pour tout dire assez affligeant. «Honteux», oseront même les fans en lettres majuscules sur une banderole déployée au coup de sirène final. Scène un peu surréaliste où le kop refuse de saluer ses joueurs, leur scandant: «Nous, on est là, mais vous êtes où?» Avant d’enchaîner avec le premier «Chris McSorley» de la saison.

 

Où sont-ils ces joueurs qui ne cachaient pas leurs ambitions avant le coup d’envoi de cette saison? Ils sont au 36e dessous. Tout simplement. Décimés. Lessivés. Désorientés. Le tout dans un climat étrangement calme au niveau des dirigeants. C’est un peu comme si le bateau coulait et que l’orchestre continuait à jouer faux sans se soucier du danger. En l’absence de tout capitaine, le rafiot grenat est à la dérive.

 

Un entraîneur muet. Des dirigeants aveugles. Et des joueurs qui ne savent plus jouer au hockey. Dans n’importe quel club normalement constitué, il devrait au moins se passer quelque chose. Mais rien. Visiblement la communication avec Vancouver a été rompue. Mais que fabrique donc Mike Gillis, le soi-disant nouvel homme fort des Vernets? Que fabrique la pseudo-cellule technique qui est censée agir, réagir? Depuis cinq matches, Ge/Servette patine avec seulement trois étrangers. Pire, hier soir, ils n’étaient que deux sur la glace. Adducteurs en feu, Nathan Gerbe est resté en tribune. Pourquoi donc ne pas avoir aligné Deniss Smnirnovs, l’un des meilleurs joueurs européen né en 1999 et qui flambe avec les juniors Elite? Il n’a certes que 18 ans, mais selon de nombreux techniciens qui le connaissent très bien, il ne dépareillerait absolument pas dans ce Ge/Servette-là.

 

Avec deux étrangers!

 

Le club ne veut pas griller l’une des quatre licences de joueurs étrangers qui sont encore à sa disposition. Visiblement, le club n’a pas non plus souhaité faire appel à un mercenaire surnuméraire en LNA (personne ne jouait ce soir) ou un titulaire d’une équipe de LNB. Sur quelques matches, il y a quelques individualités qui peuvent faire plus que dépanner.

 

Partout ailleurs dans la ligue, l’entraîneur serait mis sous pression par ses dirigeants. Mais le discours reste le même. Ils ont choisi Craig Woodcroft. Ils continueront avec Woodcroft.

 

Les Vernets peuvent bien se vider, éructer, ils semblent n’en avoir cure. Peut-être que l’ancien meilleur manager de NHL (si, si) pense que sa nouvelle équipe évolue dans une ligue fermée et qu’elle ne risque rien à bazarder une saison complète.

 

On peut croire que l’idée un brin cynique consiste à se contenter de si peu. Il s’agirait donc de laisser s’en aller les joueurs qui seront en fin de contrat au printemps 2018 et de déjà bâtir un groupe qui répondrait aux exigences du jeu à la Woodcroft. Un entraîneur qui répète qu’il a pourtant le groupe pour faire de bonnes choses et appliquer son système.

 

On en prend donc note. Mais si le groupe est bon, qu’est-ce qui cloche? Messieurs Gillis et Cie, 5356 spectateurs, chiffre totalement farfelu au passage, vous demandent des réponses. Car eux ne se contenteront pas de retourner le journal et de sourire…