4 décembre 2017

Le Français a inscrit trois buts qui ont mis les Aigles sur orbite. Ge/Servette quitte Davos au-dessus de la barre et avec le sourire

 

C’est un peu le jour et la nuit. Au point qu’il fallait presque se pincer pour y croire. Mais oui, ce Ge/Servette qui a balayé Davos avec un Stéphane Da Costa en feu (trois buts) est le même qui s’était enfoncé dans la médiocrité trois jours plutôt aux Vernets contre Lugano. C’est aussi ça, la magie du hockey. «Comment expliquer ces deux visages? On ne l’explique pas, sourit Damien Riat. Je ne crois pas qu’il faille se poser trop de questions. En ce qui me concerne, c’est ce que j’ai fait ces derniers temps. J’ai continué à jouer mon jeu en attendant que ça tourne. Et là, je marque un but un peu chanceux, certes, mais très important.»

 

Il y a vraiment du bon dans ce succès. Et sans doute pas mal de leçons à en tirer. Ge/Servette a montré que quand il jouait sans état d’âme, loin des turbulences qui agitent les Vernets, il pouvait mettre en pratique le discours servi après chaque défaite depuis le début de la saison. Oui, c’est bien de jouer pendant soixante minutes. Oui, c’est bien de savoir effacer un arbitrage à sens unique. Et oui, c’est aussi une qualité que de profiter de circonstances favorables. Samedi, tandis que Davos s’arrachait dans la banlieue de Zurich pour obtenir deux points chez la lanterne rouge Kloten, les Genevois, eux, mangeaient tranquillement tous ensemble dans un hôtel davosien. Un poker, ou un Jass, et au lit. Le calendrier est parfois curieux.

 

Bien rentrer dans le match

 

Cette différence de fraîcheur s’est fait sentir d’entrée de jeu. Il y a des jours comme ça où les premières minutes, les premières charges, les premiers rebonds, donnent une tendance qui, souvent, se vérifie sur la longueur du match. Les Aigles ont tout de suite eu un temps d’avance. Et le premier rebond accordé par Gilles Senn a fini sur la canne de Stéphane Da Costa, qui ne s’est pas fait prier pour ouvrir le score après quatre minutes de jeu seulement. Pour le coup, le Français a démontré que le talent, c’est aussi de sentir le jeu, de voir venir le tir et de se placer pour être au bon endroit. La grande classe. Le début du festival. Après ce 1-0, le Français a inscrit deux autres buts assez épatants. Un solo, avec feinte de frappe et feinte de canne pour effacer le gardien. Et enfin, après une belle séquence en zone offensive, un tir en revers dans la lucarne de Gilles Senn.

 

Il faut vraiment profiter de voir Stéphane Da Costa sur les patinoires suisses. Et les fans grenat doivent espérer (ils peuvent le croire) que le festival réalisé hier à Davos n’est que le premier d’une longue série. Il faudra un Da Costa flamboyant pour permettre à Ge/Servette de se sortir de la zone grise dans laquelle il stagne depuis le début de la saison. Abnégation, caractère et talent, il y a tout dans ce joueur qui monte en puissance après une arrivée tardive aux Vernets.

 

Et il n’est pas encore au top

 

Sébastien Beaulieu, entraîneur des gardiens de Ge/Servette, connaît parfaitement l’attaquant français qu’il côtoie en équipe de France (il s’occupe également des gardiens tricolores). Il n’était pas vraiment surpris. «Il n’y en a pas deux comme lui en Suisse, estime-t-il. Et encore, je pense qu’on est loin d’avoir tout vu. Il n’est pas encore au top de forme physique même si on voit que ça va mieux. Et puis, il sera encore plus fort et efficace pour l’équipe quand les joueurs qui sont alignés avec lui comprendront son jeu de passe.»

 

Avec Nick Spaling et Tanner Richard, ça commence à venir. Et ce trio pourrait bien faire souffrir plus d’une défense. «Nous sommes complémentaires, je crois, dit le No 90 des Aigles. Ce sont deux excellents joueurs qui travaillent très fort.»

 

Une grosse performance collective sur le plan défensif, un Robert Mayer très à son affaire, et des leaders offensifs qui font le job… Et si c’était ça, finalement, la potion magique que semblait chercher Craig Woodcroft? C’est en tout cas l’avis du héros du jour. «On a mis de la simplicité dans notre jeu. Et hormis lors des nombreuses séquences en infériorité numérique, nous n’avons pas laissé grand-chose à notre adversaire. Ce match doit nous servir de référence.»

 

Il faut dire que ces trois points sont très importants. Après les résultats de vendredi et samedi, Ge/Servette avait plongé à la 11e place. Fort de ce succès, il saute sur la barre. «Nous sommes sur le bon chemin, dit Damien Riat. À nous de refaire le même genre de match à domicile.»

 

Pour que la nuit ne retombe pas tout de suite sur l’équipe.