21 septembre 2018

Le nouveau renfort de Ge/Servette est un fervent défenseur de la cause homosexuelle pour le mouvement You Can Play

 

Lors de la saison dernière, Tommy Wingels a remporté 48% de ses mises au jeu tant à Boston qu’à Chicago. Mais il y a un engagement plus important qu’un «bête» face-off pour le nouvel Aigle: la lutte contre l’homophobie dans le sport. Un combat qu’il mène depuis près d’une décennie. «D’un côté, je suis content de pouvoir m’exprimer sur ce sujet. Mais d’un autre, je suis triste car nous ne devrions même pas avoir cette discussion en 2018.»

 

Homme posé et intelligent, Tommy Wingels a conscience que la lutte contre l’homophobie n’est pas encore gagnée. Dans ce milieu aux codes immuables et au vocabulaire châtié, l’homosexualité n’est pas à l’ordre du jour. Aucun homosexuel n’a d’ailleurs ouvertement fait son coming out en NHL. Un vrai problème pour Tommy Wingels, même s’il n’est pas touché à titre personnel par le sujet. «Si j’étais homosexuel? J’espère que j’aurais eu le soutien nécessaire pour en parler sans crainte. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de me battre.»

 

Une affaire personnelle

 

Le nouvel étranger des Vernets a vécu la problématique de l’intérieur. Lorsqu’il était à l’Université de Miami, l’Américain a vu la souffrance d’une homosexualité refoulée. «Un membre du staff s’est levé dans le vestiaire pour nous expliquer sa situation», nous a-t-il confié avant la reprise du championnat, ce vendredi à Bienne. C’était en 2009. Il s’agissait de Brendan Burke, fils de Brian Burke, un des dirigeants les plus respectés de la NHL. «Au sein de notre équipe de Miami, cette annonce n’a rien changé. Tout a continué exactement comme avant. Ce devrait être la norme, soit dit en passant.»

 

Si l’histoire du préposé à la vidéo a particulièrement affecté Tommy Wingels, c’est que l’ancien gardien avait décidé d’arrêter sa carrière de peur que ses coéquipiers ne découvrent qu’il était gay. À sa famille, il avait simplement parlé de démotivation. Son coming out, il ne l’a fait qu’une décennie plus tard. Tommy Wingels a été «ulcéré» lorsqu’il a appris l’histoire de Brendan Burke. «Comment la société peut-elle permettre qu’un gamin n’ose plus faire du sport pour une telle raison? Quelles que soient sa race, sa couleur de peau ou son orientation sexuelle, n’importe quel enfant a le droit de s’épanouir dans le sport.»

 

Un an après son coming out, Brendan Burke est décédé dans un accident de voiture. C’est pour continuer son combat qu’est née l’association You Can Play. Son but? Assurer l’égalité des chances pour tous les athlètes et changer la culture dans les vestiaires et auprès des spectateurs. «C’est un milieu où les insultes à caractère homophobe sont beaucoup trop nombreuses, tempête Tommy Wingels. Chacun, par des petits gestes, peut faire en sorte que cela cesse. Moi, par exemple, j’essaie toujours de confronter la personne à ses dires et je lui demande si elle a conscience de la portée de ses mots. En général, je sens une réaction positive. Mais je sais que c’est un combat de longue haleine.»

 

Une réelle évolution

 

Le joueur de Ge/Servette n’a pas encore eu trop le temps de se rendre compte si les mentalités étaient différentes en Europe. Une chose est sûre, il continuera à s’engager dans le comité de You Can Play, même depuis les bords du Léman. S’il sait que cette lutte est loin d’être gagnée, il a toutefois pu constater une réelle évolution en une petite décennie. «Il y a une notable baisse des insultes à caractère homophobe et j’en suis le premier satisfait», constate Wingels.

 

Dès ce vendredi soir à Bienne, l’esprit de l’attaquant polyvalent des Vernets sera tout acquis au combat qu’il mènera avec les Aigles. Mais dans un coin de sa tête, il aura une pensée pour Brendan Burke, son ami parti trop tôt. «Lorsque l’on me félicite pour cette lutte, je peine à comprendre car j’ai l’impression de faire une chose normale, ose-t-il modestement. Le fait d’avoir été confronté personnellement à un pote en difficulté à cause de son homosexualité m’a aidé à me rendre compte de ce par quoi il était passé. C’est peut-être pour cela qu’il me paraît si normal d’aider les gens dans cette situation.»

 

L'avant-match

 

Goran Bezina de retour au jeu Comme mardi à Viège, c’est sans Tim Bozon (épaule), Guillaume Maillard (adducteurs) et Marks Lazarevs (contusion) que les Aigles lanceront leur saison dans le Seeland. Ménagé en Coupe de Suisse, Goran Bezina effectuera logiquement son retour en défense, où Chris McSorley va devoir retrancher deux éléments. Le coach va également sortir deux à trois attaquants de son alignement.

 

Robert Mayer dans la cage Selon les dernières nouvelles, à Bienne le filet sera confié à Robert Mayer. Comme Gauthier Descloux a été excellent dans le Haut-Valais, il n’est pas exclu qu’il soit titularisé à son tour le lendemain aux Vernets, où les Grenat auront la visite de Fribourg Gottéron, aussi à 19 h 45.

 

Et à Bienne? C’est évidemment Jonas Hiller qui sera devant la cage. Damien Brunner était malade, il est rétabli. Robbie Earl n’est plus incertain non plus et sera aussi sur la glace, contrairement à Samuel Kreis, touché aux côtes.

 

Avantage aux Seelandais Lors d’une saison dernière à oublier, les Grenat, alors dirigés par Woodcroft, s’étaient inclinés trois fois en quatre parties contre le HC Bienne. «Même si nous avons gagné notre dernier match de préparation contre les Biennois (5-4), on s’attend bien sûr à affronter une tout autre équipe, sourit l’entraîneur adjoint Louis Matte. Mais je reste confiant car on doit se racheter. Et le fait d’avoir été accrochés à Viège, c’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. On sera prêts.»

 

Un nouveau coach Directeur sportif du HC Plan-les-Ouates, Martin Riondel a été engagé comme coach vidéo. Cela permettra à Louis Matte et à Chris McSorley de décortiquer avec lui des images entre les tiers et après les matches.