30 janvier 2018

 En l’espace de quelques mois, l’entraîneur de GE Servette s’est mis un grand nombre de personnes à dos. Ses jours aux Vernets sont comptés.

 

Craig Woodcroft n’arrivera pas au bout de son contrat de trois ans avec GE Servette. Même si se séparer du technicien canadien occasionnera une dépense conséquente, cette issue est devenue inéluctable. Quand sera-t-il débarqué? Certaines de nos sources évoquent le court terme.

 

Chancelante depuis plusieurs semaines, la position de Woodcroft s’est encore fragilisée vendredi. Jour où, en fin d’après-midi, Hugh Quennec a cédé ses actions à la Fondation 1890. Le désormais ex-unique propriétaire du GSHC avait apposé sa signature au bas d’un contrat extravagant pour un entraîneur de cette trempe. Sur le CV de Woodcroft ne figure qu’un titre, conquis en DEL, avec Adler Mannheim. C’était en 2014-2015 et il était assistant.

 

Le salaire d’un Bob Hartley

 

De nombreux observateurs s’étonnent du contrat de longue durée richement doté offert à un homme sans réelles références. Il se murmure que l’entente serait comparable à celles proposées à des techniciens de renom, tels Bob Hartley, Marc Crawford ou Guy Boucher. Eux avaient tâté de la NHL avant d’atterrir en Suisse.

 

Gestion humaine choquante

 

Cela dit, même s’il empoche un salaire royal, l’entraîneur en chef des Aigles ne serait pas remis en cause s’il se montrait compétent dans la gestion de son équipe.

 

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses personnes qui gravitent dans et autour des vestiaires se plaignent du manque de tact de Craig Woodcroft. Dérapages verbaux à répétition – y compris avec des membres du staff médical –, caractère sarcastique et méchant de certaines remarques, insultes adressées publiquement dans des situations banales: certains comportements du coach sont dénués de toute notion de respect.

 

Woodcroft ne parvient visiblement pas à transmettre son message sans afficher son côté «général mal luné». Cette attitude ne passe plus. La gestion humaine de son groupe s’est effilochée en même temps que les semaines sous ses ordres se sont écoulées.

 

Ses choix tactiques et la gestion du contingent sont aussi plus que jamais remis en cause.

 

À la lecture de cette situation où le point de non-retour a été atteint (de nombreux joueurs auraient émis le désir de partir si le coach restait en place en 2018-2019), il est intéressant de constater une chose: la meilleure période de GE Servette a été celle vécue en décembre, mois durant lequel les «grenat» ont enchaîné les succès pour s’extirper momentanément de la zone dangereuse.

 

Or c’est justement la période durant laquelle Craig Woodcroft était le moins présent à Genève. Occupé à remplir son mandat de l’ombre avec le Team Canada, il a laissé durant plusieurs jours les rênes de l’équipe à son duo d’assistants, Jason O’Leary et Louis Matte. Selon plusieurs témoignages, l’absence de l’Ontarien a été considérée comme un grand bol d’air frais aux Vernets.

 

Langnau juste derrière

 

Seulement voilà: les bienfaits constatés durant cette absence ont disparu avec l’arrivée de la nouvelle année, donc avec le retour de Woodcroft au bout du Léman.

 

En 2018, les «grenat» affichent un bilan de trois victoires en neuf matches. Cette récolte est maigrelette. Vu la façon dont les Langnau Tigers comptabilisent dans le même temps, elle est insuffisante pour exclure une participation aux play-out.

 

Or Craig Woodcroft continue de cristalliser les tensions dans et autour du vestiaire. Comme Hugh Quennec le faisait, avant l’accord trouvé vendredi.

 

Après Hugh Quennec, à qui le tour?

 

Selon nos informations, le grand ménage va se poursuivre du côté des Vernets. Après Hugh Quennec, écarté du GE Servette HC SA à des conditions qui restent encore à éclaircir, les Canadiens mis en place par le désormais ancien propriétaire du club seraient également sur la sellette. Si la situation de Craig Woodcroft est devenue intenable (lire ci-dessus), il se pourrait également que le trio Peter Gall-Mike Gillis-Lorne Henning ne résiste pas à la nouvelle donne en vigueur depuis vendredi.

 

En effet, il se murmure avec de plus en plus d’insistance que les investisseurs nord-américains amenés à Genève par Hugh Quennec sont sur le point de se retirer (ou d’être écartés?) du projet de nouvelle patinoire. De sources concordantes, un banquier privé de la place genevoise et la firme horlogère Rolex (elle a déjà facilité le rachat des actions détenues par «HQ» via la Fondation 1890) se seraient mis sur les rangs pour participer au financement de la nouvelle infrastructure que les autorités souhaitent bâtir dans le canton.

 

Ces acteurs locaux partiront-ils seuls dans le projet? Où s’uniront-ils avec le fonds de placement anglo-allemand lié à la famille Quandt (plus gros actionnaire de BMW), prêt à investir 150 millions dans le projet mais qui avait menacé de se retirer en novembre quand le dossier s’enlisait dans les bureaux de l’État? Ces investisseurs du cru, dont la solidité et le sérieux ne devront pas passer par la case «due diligence» (ce processus sert à vérifier la probité d’investisseurs potentiels), se grefferont-ils sur le projet du Trèfle-Blanc, dont la version définitive a été présentée début octobre 2017 aux autorités genevoises? Ou favoriseront-ils un plan B, qui serait situé aux Vernets, à un jet de pierre des locaux de la prestigieuse marque horlogère?

 

Pour l’heure, toutes ces questions demeurent sans réponses. Sans doute plus pour très longtemps.