Anne Emery-Torracinta, présidente du comité de pilotage de la nouvelle patinoire au Trèfle-Blanc, nous a reçus pour évoquer le dossier GE Servette.
Madame la conseillère d’État, GE Servette HC SA a envoyé un communiqué de presse il y a huit jours pour réclamer 500 000 francs de subventions dues par le canton et une avancée décisive dans le dossier de la nouvelle patinoire du Trèfle-Blanc. Comment jugez-vous ce procédé?
En préambule, je veux répéter que je tiens à une nouvelle patinoire pour Genève. Il y avait effectivement deux sujets dans la lettre que vous mentionnez. Je réponds volontiers sur la question des subventions pour la formation. Mais concernant la patinoire, ce communiqué me surprend un peu. Si l’on compare le projet initial à ce qui vient de nous être présenté, ça n’a plus rien à voir. Il y a désormais deux patinoires, dont une est multi-usage (pour les spectacles, par exemple). La densité de construction est nettement plus importante, afin de permettre davantage d’activités commerciales. Ce nouveau projet met à contribution les spécialistes de quatre départements sur les sept du Conseil d’État genevois. L’État ne peut pas passer là-dessus comme chat sur braise.
Pouvez-vous concevoir que l’avenir de GE Servette soit intimement lié au projet de nouvelle patinoire du Trèfle-Blanc, comme les dirigeants le martèlent?
L’avenir d’un club phare à Genève est lié à la construction d’une nouvelle patinoire, ça c’est sûr. Celle des Vernets ne correspond plus aux besoins. La Ligue nationale l’a dit. Maintenant, est-ce que c’est le projet que nous avons actuellement sur la table? C’est encore à discuter. Ce qui est important, c’est que les collectivités publiques arrivent désormais à donner rapidement une réponse au club. Et aussi qu’une solution soit trouvée pour que ce dossier avance.
Comprenez-vous les investisseurs, qui estiment que l’État agit trop lentement dans ce dossier?
Vu de l’extérieur, je peux comprendre. D’un autre côté, le projet actuel, nous l’avons reçu formellement par écrit début octobre. Il est totalement différent du projet initial. L’une des deux patinoires deviendrait une salle de spectacle durant une centaine de jours par année. Il faut voir si cela est viable à Genève. Il est normal que les collectivités publiques examinent la faisabilité du projet et sa viabilité dans le temps. Nous avons une responsabilité face aux contribuables et aux amoureux du hockey. Que se passerait-il si le projet tel qu’il est désormais présenté ne tenait pas la route? Je vous rappelle que le canton de Genève est refroidi par le précédent de la faillite du Stade de Genève.
Est-ce pour cela qu’un nouvel appel d’offres, considéré par les porteurs du projet comme un nouveau concours d’investisseurs, a été exigé en juin par les collectivités publiques?
Pour toutes les questions liées à l’aspect purement financier du projet, je vous conseille de vous adresser au Département des finances, chargé de cela. Je rappelle que trois autres départements travaillent là-dessus. Une réunion de mise en commun est prévue prochainement avec toutes les collectivités publiques. Difficile d’en dire plus d’ici là. Mon département se charge plutôt de l’aspect sportif, c’est-à-dire de l’étude des besoins à ce niveau à Genève. L’analyse du business plan, par exemple, n’est pas de notre ressort.
Craignez-vous que les investisseurs finissent par perdre patience et s’en aller?
J’ai bien compris la position du club, mais comprenez aussi la nôtre. La réponse ne leur sera pas donnée dans six mois, mais dans un laps de temps plus court.
Y a-t-il une réticence fondamentale de la part de l’État envers les personnes qui portent le projet?
Pas à ma connaissance. Ce n’est pas une question de personnes. Le Conseil d’État a mandaté un cabinet d’audit pour procéder à une «due diligence» – une étude de solvabilité des investisseurs. Nous avons pu voir qu’ils sont financièrement solides et sérieux. Les questions ne se posent pas à ce niveau-là, mais au niveau du projet présenté. Est-il faisable et viable, voilà ce qui nous intéresse.
Et ce demi-million réclamé par le club pour sa relève?
Au niveau du canton de Genève, lorsqu’une subvention dépasse 200 000 francs, elle doit passer par un projet de loi voté par le Grand Conseil. Le gouvernement a déposé ce projet de loi en juin au Grand Conseil. Il est en attente de traitement par le législatif. Nous n’avons plus la main. Par contre, je viens d’écrire à l’Association Genève Future Hockey pour procéder à une avance de trésorerie, sous réserve d’une validation par le Grand Conseil.
N’est-ce pas un peu cavalier de procéder ainsi alors qu’un nouvel audit a été réclamé par la Ville et le canton pour se pencher sur la gestion administrative et financière de l’AGFH?
Je ne connais pas le résultat de cet audit. J’attends une analyse. Nous voulons vérifier qu’il y a une étanchéité totale entre le club professionnel et le secteur de formation. C’est pour ça d’ailleurs que le projet de loi qui a été déposé pour la subvention n’est valable que pour 2017. En fonction de cette analyse, nous allons repartir pour un projet de quatre ans. Mon souhait le plus cher dans ce dossier et que nous puissions poursuivre sur cette voie, car les résultats sur le plan sportif sont considérés comme remarquables par tout le monde. La formation de la relève a toujours été une de mes priorités.