24 décembre 2015

Des hooligans ont sauvagement attaqué le car des joueurs genevois après le derby de mardi face au LHC. Chris McSorley a été blessé par une pierre. Récit.

 

On avait l’impression d’être au cœur de Bagdad. C’était comme si nous étions bombardés. C’était une scène de guérilla. L’attaque s’est produite à quelques centaines de mètres de l’entrée de l’autoroute. J’avais déjà un mauvais pressentiment en sortant de la patinoire. Nous avons d’ailleurs demandé une escorte policière, mais la police vaudoise a estimé que le danger n’était pas suffisamment élevé pour que l’on nous accompagne au moins jusqu’à l’autoroute. Et ce que je craignais n’a pas manqué de se produire.

 

Tout à coup, les vitres ont volé en éclats. Nous n’avons rien vu venir. Deux pierres ont frappé le pare-brise, deux ou trois autres ont atteint les vitres latérales, là où se trouvaient les joueurs. J’étais assis à l’avant du car à côté de mon fils. Une pierre de la taille d’un pavé a traversé la vitre, m’a frappé à la poitrine puis au menton. Elle n’a pas atteint mon garçon pour quelques centimètres. Je n’ose pas imaginer ce qui aurait pu se passer. Si cette pierre le touchait à la tempe, il serait mort. Rendez-vous compte: il aurait pu y rester, cela s’est joué à quelques centimètres… Ce qui s’est produit mardi soir est terrible. Je suis simplement reconnaissant d’avoir été le seul qui a été blessé. Tout le monde a été profondément choqué par ce qui est arrivé. Mon fils surtout, qui a vu son père saigner à côté de lui. Vous savez, je suis souvent allé en terrain hostile dans ma carrière, mais je n’ai jamais vécu quelque chose de semblable.

 

Le père de Daniel Vukovic et celui de Matt D’Agostini, en vacances en Suisse, voyageaient avec nous et une pierre les a manqués de très peu. En Amérique du Nord, ce genre de situations n’existe pas. Les Nord-Américains de l’équipe étaient d’autant plus sous le choc. Nous avons roulé jusqu’à Genève avec les vitres brisées. C’était un peu comme si nous roulions dans une décapotable sur l’autoroute…

 

Je ne pensais pas que cela déraperait à ce point et que les joueurs et le staff seraient pris pour cible par quelques lâches encagoulés et cachés derrière des buissons. Ces tristes personnages ternissent l’image du Lausanne Hockey Club. Les vrais supporters lausannois savent que les joueurs et moi-même n’avons rien à voir dans les tensions actuelles entre les deux clubs. De notre côté, nous n’avons aucun ressentiment envers le LHC. Les dirigeants n’y sont pour rien et ont fait tout le nécessaire pour que tout se passe bien durant ce derby. Je le répète: je suis reconnaissant que personne d’autre que moi n’ait été blessé dans cette attaque, et c’est là le plus important à mes yeux.

 

Quennec : "Je laisserai la vérité parler pour moi" (par Simon Meier)

 

«Je suis soulagé.» Tel fut le résumé de Hugh Quennec, hier à 18 h 34, à son arrivée à la patinoire des Vernets. Le président de GE Servette rentrait de Berne, où il s’est expliqué en début d’après-midi auprès des dirigeants de la Ligue nationale. Accompagné de son avocat, Christian Lüscher, le patron des Aigles devait démontrer que son implication au sein du Lausanne HC ne contrevenait pas aux lois du hockey suisse.

 

«On a respecté les règlements, il n’y a aucun problème d’un point de vue sportif, l’équité n’a jamais été bafouée, assure Quennec. J’ai pu exposer les choses en toute transparence, la réunion s’est bien déroulée.»

 

Le spectre d’une sanction – retrait de points ou autre refus de licence – ne paraît pas à l’ordre du jour. «Non, il n’y aura rien de tel», rassure-t-il, tout en expliquant qu’il a aussi «discuté avec les dirigeants de plusieurs clubs», qui ne voient aucun problème à la situation.

 

Une situation bipolaire qui, pourtant, ne va pas perdurer. De ladite réunion, il est ressorti que le règlement serait très prochainement modifié, afin d’éviter à l’avenir qu’une seule et même personne puisse «détenir une participation importante dans plusieurs clubs de la ligue.»Hugh Quennec se dit ainsi prêt à «lâcher ou réduire» ses parts dans le capital-actions du LHC d’ici au début janvier. Concernant l’accueil hostile que lui a réservé le public de Malley mardi soir, le Québécois esquisse un sourire stoïque: «Je ne suis pas un bagarreur. Donc j’encaisse les coups et je laisserai la vérité parler pour moi.» Qu’a-t-elle encore à dire?