30 septembre 2014

Vainqueurs en 1959 et 1972, les Grenat jouent demain contre Ajoie à l’occasion du premier tour. Louis Christoffel se souvient

 

La Coupe de Suisse renaît de ses cendres. Quarante-deux ans (!) après le dernier sacre de Genève-Servette, face à Ambri-Piotta (2-0, 2-3), en 1972, la Ligue suisse l’a remise au goût du jour. Pour qu’elle s’inscrive dans la durée ou l’éphémère? L’avenir le dira. A l’occasion du premier tour de la compétition, les Aigles se déplacent demain à Porrentruy (20 h) pour défier le HC Ajoie (6e du championnat de LNB).

 

Genève-Servette et la Coupe de Suisse, c’est l’amour fou! Entre 1957 et 1972, le club grenat a raflé deux trophées. En 1959 d’abord, le HC Servette, alors pensionnaire de LNB, avait réalisé un fabuleux exploit: surclasser les Young Sprinters de Neuchâtel (LNA) 7-3 devant 11 800 spectateurs, assistance record à la patinoire des Vernets. «C’était de la pure folie, se souvient Daniel Clerc, alors adolescent. J’avais trouvé refuge sur une bouche de chauffage et j’étais rentré tout dégueulasse à la maison.»

 

Quelle ambiance!

 

Quatre ans plus tard, la jeune et prometteuse phalange du HC Genève (LNB), emmenée par la fameuse ligne d’attaque Giroud-Kast-Joris, sans oublier Clerc et Henry, s’était inclinée 7-3 en finale face à ces mêmes Young Sprinters. Enfin, on sait ce qu’il était advenu en 1972.

 

1972, justement, est une année à marquer d’une pierre blanche. Car elle offre l’occasion à Genève-Servette, cinq fois vice-champion de Suisse entre 1965 et 1971, d’inscrire enfin son nom au palmarès d’un événement majeur du hockey sur glace suisse. Un homme a vécu l’événement de l’intérieur. On veut parler de Louis Christoffel, défenseur grenat de 1970 à 1975. «La Ligue avait profité de la pause des JO de Sapporo pour relancer la Coupe, morte de sa belle mort en 1966», raconte le défenseur grenat de l’époque.

 

Genève-Servette avait retroussé ses manches pour atteindre le dernier stade de la compétition.«Davos, mon ancien club, nous avait posé de gros problèmes en demi-finale, se souvient Louis Christoffel. En finale, disputée en matches aller et retour, nous avions pris une courte option sur le sacre aux Vernets (2-0). J’avais marqué le premier but et Daniel (Clerc) avait arrêté un penalty d’Andy Bathgate (ndlr: la star aux 348 buts et 618 mentions d’aide en 1058 matches de NHL et des ligues mineures) dans l’ambiance que l’on devine.»

 

A la différence de buts

 

Mais ce hors-d’oeuvre n’était rien en regard du plat de résistance qui attendait Genève-Servette à la Valascia, pleine à craquer. Dix mille spectateurs s’étaient entassés dans la patinoire d’Ambri-Piotta qui, mené 2-0 après un quart d’heure de jeu, s’était rebellé pour prendre l’avantage (3-2) à la 35e minute grâce à deux buts réussis en l’espace de quinze secondes. «Nous avions ensuite tenu le choc», confie Louis Christoffel. Grâce à sa meilleure différence de buts (+ 1), le Genève-Servette de Jean Cusson, bien meilleur joueur qu’entraîneur, avait fait la fête jusqu’au bout de la nuit dans les restaurants d’Ambri et de Piotta. «A l’époque, nous voyagions en train, car le réseau autoroutier suisse était pratiquement inexistant, rappelle Louis Christoffel. Nous étions rentrés le lendemain à Genève. Pour nous remercier, le président Claude Barbey nous avait offert une montre Rado, que j’ai conservée religieusement.»