Chris McSorley agit, depuis le début de la série contre FR Gottéron, comme son équipe: tout en contrôle, tout en maîtrise. Quel changement par rapport au passé, récent ou non!
Trois actes déjà joués dans le quart de finale entre GE Servette et FR Gottéron, zéro coup de gueule signé Chris McSorley, nulle saillie envers l’arbitrage, la qualité de la glace, le ciel ou la terre: le patron des Vernets respire la sérénité.
Même la suspension pour un match de Noah Rod après sa charge de mardi contre Andrea Glauser n’a pas mis à mal son flegme. «Je suis évidemment très déçu qu’on sanctionne mon joueur ainsi alors que Julien Sprunger ne l’a pas été après ce qu’il a fait envers Daniel Rubin. C’est ainsi, nous prenons acte et nous regardons de l’avant», nous a-t-il dit hier après-midi.
Ne pas briser la dynamique
Du côté des Vernets, il n’a même pas été question d’envisager un appel contre cette décision. «Le risque de créer du désordre dans et autour de l’équipe avec ça aurait été trop élevé. Continuons à jouer comme nous l’avons fait jusqu’à présent, c’est le mieux pour tout le monde.»
La quiétude affichée par le coach des «grenat» depuis une semaine détonne par rapport à l’excitation parfois extrême dont il avait fait preuve lors des deux récents quarts de finale disputés contre Lugano. «Les gens qui me connaissent savent que je suis comme un volcan: je peux entrer en éruption à tout moment, précisait-il au sortir de l’acte III, remporté 4-1 mardi. Cela dit, il n’y a aucune raison d’amener des émotions en ce moment. Les arbitres font du bon boulot, mes leaders donnent à l’équipe ce dont elle a besoin, je peux rester en retrait.»
Et si ça sentait bon?
Le magma va continuer à sommeiller dans les entrailles de Chris McSorley tant que son équipe joue sa partition sans anicroche. «J’ai expliqué à mes joueurs que notre système de jeu, s’il était bien appliqué, pouvait être comparé à un coussin apaisant sur lequel il était possible de se reposer.» Vu la manière dont se déroule la série, le technicien peut dormir sur ses deux oreilles.
En fait, c’est comme s’il sentait son groupe suffisamment mature pour décrocher, dans les semaines à venir, ce qu’il convoite depuis son arrivée en Suisse: le titre. Or, en prévision des combats beaucoup plus rudes qui attendent GE Servette, il n’est pas exclu qu’il garde sa nombreuse munition à l’arsenal pour des jours moins heureux. Et, là, il rugira de nouveau.
Où sont passés Sprunger et Bykov ? (Par Cyrill Pasche)
Il faut l’avouer, sans Julien Sprunger, on s’ennuierait à en mourir. Du suspense, il n’y en a eu que durant 74 minutes et 13 secondes entre FR Gottéron et GE Servette. C’était au deuxième acte, à Saint-Léonard. Un fossé sépare les deux formations. L’une est bien contente d’être là après avoir déjoué tous les pronostics d’avant-saison, l’autre est en mission et n’a qu’une idée en tête: ne surtout pas gaspiller d’énergie sur la route de la finale. Non, il n’y a pas de miracle. Si vous n’avez pas la «rage de vaincre», mieux vaut abandonner tout espoir à la sortie du vestiaire.
Mais, surtout, nous avons eu la confirmation que Julien Sprunger et Andreï Bykov n’y arrivent tout simplement pas contre GE Servette. C’est peut-être pour ce soir, qui sait… Les mauvaises langues diront sans doute qu’ils ne sont tout simplement pas bons dans les matches à enjeu. Ce qui n’est pas tout à fait vrai, mais pas très loin de la réalité non plus, puisque Gottéron n’a toujours rien gagné depuis que les deux joueurs emblématiques ont hérité des clés du camion. S’ils avaient bien entendu joué un rôle-clé dans le parcours des Dragons en 2013 – lorsqu’ils étaient bien mieux entourés qu’aujourd’hui – ils n’avaient à l’époque pas été capables de faire la différence en finale contre Berne.
A une année de la fin de leur contrat (2017), alors qu’ils ont déjà atteint la trentaine (Sprunger) ou vont bientôt la franchir (Bykov), les dirigeants devront bien, tôt ou tard, se poser la question: au-delà de tout ce qu’ils représentent, notamment en termes d’image, faut-il encore miser sur eux à n’importe quel prix? La priorité pour Gottéron n’est-elle pas plutôt d’engager des renforts étrangers de tout premier plan? Du coup, on en oublierait presque qu’il convient de saluer comme il se doit la sanction exemplaire et courageuse infligée à Noah Rod pour son coup de coude de mardi à la tête du défenseur Andrea Glauser: un match. Nous l’avions évoqué l’autre jour, il n’est pas donné à tout le monde de maîtriser l’art de la mise en échec. Julien Sprunger en a fait une éclatante démonstration lors du deuxième acte de la série. Un cas d’école. On le répète: port altier, épaule contre épaule, coude et bras collés au corps, aucune élévation. C’est là que se situe la différence entre les bons et les très, très bons joueurs. Les petits détails. Rod avait pourtant presque tout fait juste, de la prise d’élan à la finition, jusqu’à ce que ce satané coude finisse par décrocher au tout dernier moment. Il est encore jeune, cela peut arriver.