Résumé / Présentation
Federico Bochy, sam 09/09/2017 - 18:51

Les Aigles disputaient hier leur deuxième derby en deux jours. L’occasion pour eux d’asseoir leur domination sur le hockey romand. L’occasion pour moi de prendre un peu hauteur.

 

Toute personne s’étant déjà déplacée à Fribourg connaît la problématique du secteur visiteur façon « cage à lapins » et de l’accueil plutôt humide réservé à ses occupants. C’est l’une des raisons pour lesquelles je n’étais plus retourné à Saint-Léonard depuis de longues années. Qu’est-ce qui peut bien m’avoir fait changer d’avis, me direz-vous ? La perspective d’une occasion unique : visiter la tribune de presse et commenter ce match à la radio. Et croyez-moi, l’expérience fut plutôt épique.

 

Arrivés aux alentours de 18h30, il nous faut effectuer un slalom dans les sous-sols pour trouver le type chargé de nous donner nos accréditations. Un type pour qui le concept de web-radio semblait aussi vague que le souvenir de ses vingt ans. Puis vient le moment de rejoindre notre place. De la cave, on passe donc tout naturellement au grenier, puisque la tribune de presse est située dans une sorte de galerie accrochée au toit, bien au-dessus du vidéotron et des projecteurs éclairant la glace. L’accès se fait via des escaliers d’échafaudages, une idée de génie pour une tribune occupée par des gens transportant plusieurs sacoches de matos radio pesant son poids. Mais le must du must reste quand même l’arrivée dans cette galerie : il nous faut ramper sous l’une des poutres qui soutiennent le toit pour accéder à nos places. Du délire, mais mieux vaut en rire. Au final, on s’installe et on réalise que cette ascension programmée pour le prochain Tour de Romandie en valait la peine car elle nous offre une vue imprenable sur la glace et sur l’ensemble de la patinoire.

 

19h30, prise d’antenne, moment d’émotion pour moi puisque c’est la première fois que je me retrouve à parler sur la bande FM. Émotion bien vite oubliée puisqu’il faut rapidement se concentrer sur le match. 19h45, tout le monde est prêt, mais pour une obscure raison, le coup d’envoi est retardé. Il nous faut alors meubler sans trop savoir ce qu’il se passe. Et soudain, c’est parti. Le match débute sur les chapeaux de roues et tant Bays que Brust (une sorte de Robert Mayer, la jugeote et le passeport suisse en moins) ont largement l’occasion de démontrer que les doutes émis sur eux pendant l’été étaient totalement infondés. Puis vient le premier power-play genevois de la soirée. On se frotte alors les mains car sur la base des derniers matchs, le jeu de puissance des Aigles semble enfin digne de ce nom. Et effectivement, c’est chaud, très chaud devant la cage fribourgeoise, malheureusement sans succès.

 

Quelques minutes plus tard, deuxième opportunité pour les Grenat, qui mettent une immense pression autour du portier des Dragons, mais celui-ci tient bien le choc. S’il ne bloque pas souvent les pucks, il se révèle néanmoins être une muraille solide. Les Genevois commencent à s’impatienter et, lorsque Richard vient frotter d’un peu trop près ses jambières, c’est le revenant Slater (porteur d’un « A » sur son maillot comme pour mieux narguer ses anciens coéquipiers) qui s’en mêle. Sur l’action suivante, c’est Almond qui paie pour son camarade et prend deux minutes. À ce moment-là, j’annonce à l’antenne que j’espère que le jeu de puissance des locaux n’est pas encore rodé, sinon le GSHC risque de se mordre les doigts de ne pas avoir profité des deux supériorités numériques précédentes. Une minute plus tard, Fribourg ouvre la marque. J’ai compris le message, j’aurais mieux fait de me taire. Fin du premier tiers, 1-0 pour Fribourg, on est encore optimistes.

 

Au moment de reprendre l’antenne, je réalise que j’aurais peut-être dû trouver quelque chose à manger pendant l’interruption. Du coup, petit coup de pompe alors qu’il me faut me replonger dans le match. C’est aussi ça, les aléas du direct. Le problème, c’est que les Aigles semblent eux aussi avoir oublié de se restaurer. C’est ainsi sur un festival de mauvaises passes et de pucks perdus que débute cette deuxième reprise. Comme un sentiment de déjà-vu, tant cette situation s’est souvent répétée pendant les matchs de préparation. Serait-ce l’une des conséquences de la charge intense d’entraînement de l’été ou du nouveau système prôné par Woodcroft ? L’avenir nous le dira. Toujours est-il que les Aigles bafouillent leur hockey. Pas facile pour nous de retenir nos exclamations de dépit lors d’un dégagement interdit concédé bêtement. À ce moment-là, le parcage visiteur me paraît plus accueillant que la tribune de presse tant j’aurais besoin d’extérioriser ma frustration.

 

Et ça ne va pas s’améliorer par la suite puisque sur une nouvelle pénalité contre les Genevois, Rathgeb envoie un missile derrière le pauvre Bays, très bien masqué en la circonstance par Slater, qui marque là son 2e point de la soirée, piquant ainsi le maillot de Top Scorer à son capitaine Sprunger. On apprécie (ou pas) le clin d’œil. Heureusement, Chris Rivera, telle une taupe infiltrée dans les lignes ennemies, va aller chatouiller le visage de Bezina avec sa canne afin d’offrir à son ancien club un power-play de quatre minutes pour revenir dans le match. Dans notre perchoir aussi, on sent que c’est le moment où jamais. La tension est insoutenable et mon collègue vit cette pénalité à l’image du grand Bernard Jonzier, la saucisse de Montbéliard en moins. Malheureusement, les Grenat ne parviennent pas à marquer ce but qui changerait tout et lorsque Gerbe écope à son tour de deux minutes peu avant la fin du tiers, le retour sur terre est brutal. Genève n’a pas marqué et a probablement laissé passer sa chance. Mon collègue, lui, a laissé sa voix dans l’aventure. Dix-huit minutes de pause ne seront pas de trop pour nous remettre de nos émotions !

 

Le troisième tiers débute sur de meilleures bases que le deuxième puisque le GSHC semble avoir retrouvé son jeu et parvient à nouveau à se montrer dangereux à 5 contre 5. Mais le temps défile à une vitesse folle, la « faute » à l’absence quasi totale d’arrêts de jeu pendant les dix premières minutes. C’est d’ailleurs le moment pour moi de laisser le micro et de retrouver les coulisses de Saint-Léonard pour aller réaliser les interviews qui passeront dans le journal du lendemain de la radio. C’est aussi le moment que choisit Mercier pour réussir à tromper enfin la vigilance du doberman Barry et préparer ainsi ce qui pourrait ressembler à un hold-up parfait. La suite ? C’est depuis un vestiaire que je la suivrai en écoutant mon collègue à la radio, donc difficile de vous la résumer. Toujours est-il qu’aucun autre but ne sera marqué, les Aigles concédant ainsi leur première défaite de la saison. Un court revers qui n’a rien d’inquiétant, Fribourg ayant peut-être simplement profité de son surplus de fraîcheur pour prendre le dessus sur de valeureux Genevois.

 

Ce match restera dans tous les cas gravé dans ma mémoire car j’ai réalisé un rêve de gosse ce soir-là en le commentant. Et ce n’est pas Goran McKim, d’ordinaire connu par ici pour sa plume légendaire mais qui vécut la même expérience la veille contre Lausanne, qui me contredira !

Les bières

Christophe Bays

Extrêmement solide, il a livré un nouveau match plein. Sans lui, le score aurait été autrement plus sévère !

Jonathan Mercier

Pas forcément pour son match, mais pour son but égalisateur et parce qu’il portera le maillot de Top Scorer mardi à Davos. Santé à lui !

Nathan Gerbe

Il prend certes deux pénalités évitables, mais quel travail effectué tout au long du match ! Un régal de le voir évoluer chez nous.

Le kop fribourgeois

Vouloir faire un tifo, c’est bien. Savoir le faire sans faute d’orthographe et sans le coincer dans une barrière, c’est mieux.

Jim Slater

Deux points en un seul match et il fallait que ça tombe contre nous…

Goran Bezina

Totalement hors de forme, il a confirmé ses mauvaises dispositions entrevues lors de ses deux derniers matchs.