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Goran McKim, sam 23/04/2016 - 16:50

Il va falloir s’y faire : Goran Bezina ne portera plus notre maillot…

 

Depuis son arrivée ou presque, Goran Bezina est chaque année l’objet de rumeurs diverses et variées quant à son avenir. Fribourg, Lausanne, Berne, Lugano, Zurich : son nom a été associé à tous les meilleurs et tous les pires clubs du championnat. Pourtant, rien n’a jamais réussi à convaincre Goran de partir, lui qui confirmait dans l’interview qu’il nous a accordé en 2012 avoir reçu des ponts d’or d’équipes suisses, mais également de KHL. Rien ne l’empêchera de prolonger son contrat à 3 reprises, dont une lui ayant valu une reconnaissance un peu particulière de notre part.

 

L’ombre de son départ a commencé à se faire de plus en plus menaçante dès la saison passée. Rappelons-nous en effet que Bezina a commencé la saison 2014/2015 en … attaque ! Même si Chris McSorley tentera de faire passer la pilule en disant que son capitaine avait déjà joué en attaque en Amérique du Nord, c’est un secret de polichinelle qu’il s’agissait d’une manœuvre de déstabilisation envers Goran, dont Chris souhaitait se débarrasser malgré un contrat encore valable. Faisant fi sa légitime frustration, notre numéro 57 ne se plaindra jamais de sa situation et continuera à assumer fièrement son rôle de capitaine.

 

En fin de saison, après un bain de foule au soir de l’élimination contre Zurich, il déclare vouloir rester fidèle à notre club jusqu’à la fin de son contrat. Une fois encore, malgré des rumeurs persistantes tout l’été, aucun départ en vue. Goran pouvait entamer sa 12ème et, même si nous ne le savions pas encore à l’époque, dernière saison aux Vernets.

 

Cet été, la donne est différente en ce sens qu’il n’a plus de contrat avec le club. Du coup, inutile pour Chris de faire pression sur son capitaine pour le faire partir : il lui suffit de ne pas lui proposer de prolongation de contrat. Et cette fois, l’impensable se produit : Bezina va nous quitter.

 

Bien que l’actualité mondiale nous rappelle chaque jour qu’il y a des choses bien plus graves dans la vie, cette nouvelle est vécue comme un choc par la majorité d’entre nous. Non pas que nous ne comprenions pas la logique sportive, et du fameux rapport qualité-prix, de ce choix. Car malgré notre attachement à notre capitaine et le fait qu’il reste un très bon défenseur de notre championnat, il sera probablement remplaçable, et remplacé, sur la glace.

 

Non, la vraie perte se situe principalement au niveau du « hors glace ». Car Bezina est pour nous bien plus qu’un simple joueur.

 

Arrivé au club en 2004, il est un des premiers énormes coups réalisés par Chris McSorley, faisant revenir au pays un grand espoir de notre sport. Nommé assistant-capitaine dès son arrivée, il arborera le « C » sur son maillot dès la saison 2006/2007, succédant au légendaire Philippe Bozon et au capitaine d’une saison, Andreas Johansson. Il avait à cette date disputé 74 matchs avec notre maillot, pour un total de 43 points.

 

Les 565 suivants, il les disputera donc dans la tenue du capitaine, forgeant petit à petit sa légende à Genève. Tant sur la glace qu’en dehors.

 

Sur la glace, Goran a longtemps été notre défenseur numéro 1, patron du power-play et international incontesté. Malgré ses traditionnelles boulettes, inévitables avec son style de jeu, il a été LE pilier de notre équipe. Défenseur offensif, sa fiche au terme de ses 12 saisons à Genève affichera un bilan de 384 points (116 buts et 268 assists) en 639 matchs, soit une moyenne de 0.60 point par match. On retiendra de lui un joueur ayant tout donné à chaque match, et c’est d’ailleurs ce qu’il avait souhaité que l’on garde comme souvenir de lui lors de son interview en 2012. Malgré sa relation parfois houleuse avec Chris, jamais celle-ci n’aura eu d’impact sur sa motivation à défendre nos couleurs.

 

Hors de la glace aussi, Goran deviendra un incontournable Souvent mis en avant en raison de son rôle de capitaine, il deviendra LA figure du club, autant qu’il était son âme sur la glace. Les unes l’aiment pour son physique avantageux, les autres par son franc-parler qui fait de lui un vrai Genevois d’adoption, mais quoi qu’il en soit, Goran fait l’unanimité auprès de tous.

 

La liste des souvenirs liés à notre désormais ex-capitaine est longue comme le bras, évidemment. Si certains se souviendront de l’image de Goran soulevant les deux trophées de sa carrière en grenat (les deux Spengler), je garderai pour toujours une affection particulière pour son but en prolongations lors de l’acte V de la finale 2010 à Berne. Mais surtout, c’est l’image globale de Goran que je garderai en mémoire. Un grand joueur, un grand homme et un grand Capitaine. Un de ceux que l’on ne remplace pas comme ça.

 

Désormais, il va falloir apprendre à vivre sans lui, tout comme lui va devoir apprendre à vivre sans son club, son vestiaire et son public. La pilule est dure à avaler, d’autant qu’il n’a cessé de crier qu’il voulait rester au club.

 

Goran vient donc s’ajouter à la longue liste de joueurs emblématiques ayant été poussé dehors, et cette saison aura été particulièrement animée sur ce sujet, comme nous vous en parlions dans un article en cours de saison. Et une fois encore, au-delà de toutes considérations émotionnelles, ce qui est difficile à faire quand on parle d’un tel joueur, sportivement son départ peut être compris.

 

S’il reste un très bon défenseur et qu’il sort d’une très bonne saison, le Bezina de 2016 n’est clairement plus celui de 2010. Et si son départ devait signifier l’arrivée d’un Von Gunten par exemple, je suis convaincu que sportivement nous y serions gagnants.

 

Reste maintenant à pouvoir le remplacer dans le vestiaire, ce qui risque bien d’être plus compliqué. Qui comme nouveau capitaine ? Qui comme meneur d’hommes ? Comme emblème du club ? A ces différents niveaux, la perte de Goran est inestimable.

 

Goran, pendant 12 ans tu as incarné l’esprit de ce club, tu en as été son âme et son capitaine pendant 10 ans et sois sûr qu’ici, personne ne t’oubliera jamais. Tu resteras à jamais comme l’un des plus grands joueurs que le club ait connus. Notre seul regret restera que tu n’aies pas été le premier à soulever ce fameux trophée de champion, car s’il en est bien un qui aurait mérité de le faire.

 

MERCI pour tout, Capitaine ! Pour ta fidélité, ton attachement au club, ta loyauté et tout ce que tu nous as apporté. Et surtout bonne chance pour la suite de ta carrière, surtout si celle-ci devait se poursuivre hors de nos frontières. Car après avoir dû vivre le retour de Rivera aux Vernets avec le maillot de Fribourg, je ne suis pas sûr de pouvoir supporter le tien dans un autre maillot, quel qu’il soit.

 

Une grosse page de l’Histoire du club se tourne.

 

Il n’y a qu’un seul Capitaine !