5 janvier 2018

Beaucoup de rumeurs inquiétantes circulent autour du club et de sa situation financière. Le point sur la question

 

Si admirables sur la glace depuis plus d’un mois et pourtant à la merci des trous béants dans les finances du club, les joueurs ne méritent pas ces sombres nuages qui planent encore et toujours au-dessus de leurs têtes. Genève-Servette a sans doute retrouvé le sourire, sportivement, mais le grave problème de trésorerie qui frappe le club en ce début d’année fige en coulisse la situation dans la grimace.

 

Le club n’avait pas caché ses difficultés avant les Fêtes, disant dans un communiqué l’étranglement financier qui le saisissait. La problématique liée à la patinoire, les investissements d’étude faits par avance en attendant un remboursement des investisseurs, l’urgence, les solutions à trouver: la situation a-t-elle empiré?

 

L’idée d’un dépôt de bilan?

 

Selon plusieurs proches du club contactés, qui ne veulent pas apparaître ouvertement, l’idée d’un dépôt de bilan pourrait même avoir été abordée. Attention: cela ne signifie pas la mise en faillite. Mais plutôt le souci de se mettre en conformité avec la loi. Qui précise que quand le surendettement devient trop grave, les administrateurs ont le devoir de dénoncer le cas à un juge.

 

Ce dernier peut, sur la base des solutions proposées et des délais demandés, accorder un ajournement de faillite, le temps que le déficit de trésorerie se résorbe. On rappelle que dans ce conseil d’administration siège un avocat genevois, Me François Bellanger, parfaitement au clair avec ces questions.

 

Genève-Servette n’en est pas encore là. Mais selon certaines sources, le trou pourrait dépasser les 7 millions de francs! Soit bien plus que les trois millions que le club attend en retour des investisseurs de la patinoire. Lesquels ne verseront en fait cette somme promise qu’après avoir reçu une ferme lettre d’intention des autorités politiques les intronisant officiellement comme les seuls porteurs du projet Trèfle-Blanc. Cette lettre manque toujours à l’appel. Et en attendant, la situation se cristallise autour du trou financier.

 

Quelles solutions?

 

Si les caisses sont vides, comment les salaires de janvier pourront-ils être payés? C’est le conseil d’administration du club, présidé par Hugh Quennec, qui doit trouver la solution. En mettant la main au porte-monnaie. En sollicitant un prêt convertible ou un prêt relais. Ou en trouvant quelqu’un d’accord d’assurer le lien en attendant. Il se dit que les salaires de janvier, ainsi que les charges sociales (réglées jusqu’au mois de novembre seulement), pourraient être versés par le biais d’un de ces moyens. Mais, conjugué aux caisses vides du club, le retard dans le paiement des charges sociales en inquiète beaucoup.

 

Le plan B local

 

Peu des personnes contactées sont optimistes, mais toutes ne sont pas disposées à baisser les bras. Un groupe local s’organise depuis un moment déjà pour élaborer un plan B, sans les Canadiens et sans Hugh Quennec. Il viendrait pour boucher le trou et assurer la fin de saison. Et les suivantes aussi. Pour sauver le club qu’il considère en grand danger.

 

Dans l’absolu, d’autres menaces pourraient surgir: un créancier peut lancer une demande de mise en faillite sans poursuites préalables. Mais c’est compliqué. Pour tout dire, plusieurs fournisseurs attendent le règlement de leurs factures qui s’entassent. Cette patience a sûrement ses limites.

 

Genève-Servette en est donc là. Paradoxalement si heureux sur la glace et si étranglé en dehors que certains imaginent le pire.

 

Le mois de janvier vient à peine de commencer qu’il s’annonce déjà très chaud pour le club des Vernets.

 

«Pourquoi ne vend-il pas ses actions?»

par Virgulator

 

Mais à quoi joue Hugh Quennec? «C’est vraiment un chic type, explique un sponsor, mais pourquoi ne vend-il pas ses actions? C’est à croire qu’il n’a pas compris qu’il répétait les mêmes erreurs qu’avec le Servette FC!»

 

S’il avait l’habitude de faire le tour de la patinoire et de serrer des mains avec un large sourire, le patron des Grenat ne quitte désormais plus sa loge présidentielle, se murant dans un silence plus explicite qu’une longue diatribe. Quand il en ressort, c’est une demi-heure après la fin de la rencontre pour rejoindre en catimini le bureau du staff technique. Si le comportement de Quennec et cette situation nébuleuse inquiètent une partie du public, dans les vestiaires des Vernets il n’y a pour l’instant aucun affolement. Certains joueurs disent même vouloir volontairement s’en détacher. «Cela ne sert à rien de se prendre la tête avec ça», sourit Daniel Vukovic. Tous confirment qu’ils ont reçu leur salaire de décembre. «Moi je ne me fais aucun souci, il y aura toujours du bon hockey ici, on n’est pas à Martigny!» s’exclame Juraj Simek, convaincu qu’une solution va rapidement être trouvée. «Un dépôt de bilan? On n’a rien entendu», remarque un de leurs coéquipiers. D’autres, en revanche, sont moins souriants. Surtout les étrangers qui n’auraient, semble-t-il, pas tous été rémunérés complètement. Mais pour l’instant, cela ne les empêche pas de tout donner sur la glace avec des cannes toutes neuves, qu’ils reçoivent encore. «Il n’y a aucun problème pour le moment», assure-t-on.

 

L’homme d’affaires canado-suisse, qui a investi beaucoup d’argent depuis son arrivée, souhaite rentrer dans ses frais. Selon nos informations, il ne lâchera pas ses parts à moins de 15 millions. S’il est allé récemment chercher une solution en Russie, il en est revenu les mains aussi vides que les caisses du club. Comment recruter un nouveau joueur, un gardien par exemple, ou reconduire des contrats dans ces conditions? Alors que de nombreux créanciers perdent patience, en réclamant qu’on règle au plus vite les factures, en coulisse il y a forcément de l’incompréhension. Et de nombreuses questions sans réponses, comme cette absence prolongée de Mike Gillis, le vice-président du conseil d’administration, qui dirige le club depuis Vancouver! «C’est dommage car sur la glace, c’est vraiment bien», regrette ce sponsor qui soutient le club depuis plus de trente ans!

 

Si la Ligue suisse n’est pas encore intervenue, elle va pouvoir commencer à s’inquiéter si le versement de la totalité des charges sociales et des salaires venait à manquer durablement…