29 janvier 2018

Les Genevois n’ont plus gagné face à l’équipe de Tobias Stephan depuis quatorze matches. Ce sera tout aussi compliqué à Ambri

 

Craig Woodcroft assure que son équipe, grâce à lui et son système révolutionnaire, est capable de s’imposer contre n’importe qui dans ce championnat. C’est faux! À chaque fois que les Aigles s’attaquent aux Zougois, ils n’y arrivent pas. La toute dernière fois que les Servettiens ont vaincu dans cette patinoire maudite? C’était le 30 novembre 2014! À croire, comme le lâchait Chris McSorley à cette époque, que là-bas, dans cette belle Arena, on possède la «kryptonite», cette pierre capable de mettre à terre Superman.

 

Que ce soit avec leur nouveau druide ou avec leur ancien coach, les Genevois n’ont plus gagné contre cette formation de Suisse centrale depuis le 11 décembre 2015. Ou si vous préférez, les Servettiens restent désormais sur quatorze défaites d’affilée, y compris ce premier match fou de play-off, au printemps dernier, où Traber avait manqué seul la cage vide!

 

Comme ce fut longtemps le cas lorsqu’ils se rendaient à Kloten, où les Grenat rentraient régulièrement avec une «valise» de plus dans le bus, la citadelle de la Bossard semble également devenue imprenable. Ce samedi, lendemain de victoire dans le derby, il n’y a donc pas eu de miracle. Le big band des Vernets n’a pas eu voix au chapitre face à sa bête noire. Privé encore de Johan Fransson (touché au dos), s’ajoutant aux absences de Goran Bezina (sera-t-il de retour mardi?), de Jonathan Mercier, d’Arnaud Jacquemet, d’Eliot Antonietti et de Daniel Vukovic, en défense c’est une bande décimée qui s’est présentée devant Robert Mayer. Du coup, après Jérémy Wick, c’était au tour de Cody Almond et de Damien Riat de reculer durant deux tiers.

 

Outre la présence d’Enzo Guebey (qui prend de plus en plus d’assurance) et le retour (de Sion) de Romain Chuard, n’y avait-il pas un autre junior élite disponible (Wyniger ou Smons) ou un joueur de Swiss League sur le marché en licence B? Un élément du niveau du Zougois Thomas Thiry, par exemple, que Ge/Servette a laissé partir l’été dernier, qui aurait notamment permis d’économiser Henrik Tömmernes, lequel a encore énormément tiré sur la corde ce samedi (30 minutes) après en avoir fait de même vendredi contre Lausanne et à Fribourg une semaine plus tôt.

 

«J’estime que Damien et Cody ont effectué un très bon job, on n’a d’ailleurs pas du tout été ridicules, s’est exclamé Noah Rod. On n’a juste pas réussi à marquer…» Et de maudire ce satané poteau de la 17e qui aurait (peut-être) pu tout changer avant que Schlumpf ne double la mise deux minutes plus tard. Il est vrai aussi que dans la cage, en face, il y avait un certain Tobias Stephan, toujours brillant contre ses anciens coéquipiers, auteur de son cinquième blanchissage cette saison. «Maintenant, renchérit Kevin Romy, je ne dirais pas que Zoug a archidominé la partie, on a eu nos occasions, mais il aurait fallu les concrétiser.» Exact. Mais à force aussi de chambouler systématiquement les lignes offensives, les attaquants en perdent leurs repères! Ge/Servette a aussi bénéficié d’une période de 54 secondes à 5 contre 3 avec un tir de Tömmernes sur la transversale (32e), mais le mal était déjà fait avant (il avait déjà 3 à 0).

 

Si ce revers attendu face au deuxième du classement n’est pas dramatique, les Aigles vont devoir mieux aborder leurs trois prochaines rencontres (à Ambri, contre Zurich et à Kloten), s’ils entendent rester du bon côté de la barre avant la pause olympique. Cela tombe bien, Ge/Servette a à chaque fois gagné lors de ses derniers matches contre ces adversaires-là. À l’exception de Zoug, les Aigles sont capables de battre n’importe qui. C’est Woodcroft qui l’a dit…

 

Une réunion capitale a lieu ce lundi (Virgulator/D. Visentini)

 

Mais que se cache-t-il derrière le rachat de Ge/Servette? C’est la Fondation 1890, dirigée par Didier Fischer (président du Servette FC), qui a repris vendredi des parts de Hugh Quennec. Dotée par la Fondation Hans Wilsdorf (Rolex), cette tutelle, dont François Bellanger (le nouveau président) est membre, permet d’envisager l’avenir avec sérénité. Un trou de plus de sept millions a été bouché alors que le club n’était pas à l’abri d’un dépôt de bilan. La formation de Woodcroft, qui n’était pas certaine d’obtenir sa licence, pouvait aussi craindre une relégation administrative. GSHC, qui a subi une forte pression de la Ligue, va pouvoir régler au plus vite les charges sociales, l’AVS et le deuxième pilier des joueurs. Le sérieux de cette institution, qui avait déjà sauvé le Servette FC en 2015, a penché dans la balance. Mais pas seulement. L’ex-propriétaire et président des Aigles, qui a cédé ses actions pour un franc symbolique alors que d’autres repreneurs lui promettaient des millions, a-t-il reçu des garanties d’un arrangement immobilier dans le projet futur de la patinoire de 350 millions? C’est un mystère, dans l’attente du blanc-seing des autorités. Une réunion capitale a lieu ce lundi entre la Ville de Genève, l’État, les dirigeants du GSHC ainsi que les représentants des investisseurs. Elle prendra place dans le bureau d’Anne Emery-Torracinta. À l’ordre du jour, il sera probablement question de la présence de cette société privée immobilière – TBRE Trifolium Capital SA – chargée de la construction du Trèfle Blanc. Elle n’aurait aucun lien avec le GSHC si ce n’est l’administrateur unique, M. Szolanski (membre du CA). En réalité, derrière ce nom, on pourrait bien retrouver Mike Gillis, Peter Gall et un certain Quennec. Le plus important est qu’une partie des bénéfices réalisés autour du secteur immobilier soit versée dans les caisses du club sans lequel cette opération n’aurait jamais vu le jour…