16 décembre 2017

On leur promettait l’enfer avec une défense décimée et une infirmerie saturée? Les Aigles empochent trois points si importants

 

Elle vient peut-être du désespoir, mais cette énergie-là allume des feux sauvages et rageurs. Il faut croire que toutes ces flammes, qui lèchent un Genève-Servette cerné de mille et une blessures, consument bien des forces, mais entretiennent bien des ressentiments. Contre le sort, contre un arbitrage qui par deux fois est ridicule en fin de match, contre une idée d’abandon auquel justement tout un groupe ne veut pas s’abandonner. Oui, il fallait sans doute que tous ces feux de révolte flamboient ensemble pour que Genève-Servette vienne à bout de Lausanne après avoir égaré deux points contre Zoug.

 

Sans doute que le verdict médical qui frappe de plein fouet Goran Bezina et Jonathan Mercier (lire ci-contre) a recentré tout un groupe sur l’essentiel: faire corps face à l’adversité. Mais enfin, quand manquent à l’appel en défense Bezina, Mercier, Tömmernes, Fransson, Antonietti et les gardiens No 1 et 2, Mayer et Bays, il faut trouver des solutions. En réalité Matte et O’Leary, en l’absence de Craig Woodcroft (assistant-coach du Team Canada pour la Channel One Cup), ont plutôt bien pensé les choses.

 

LHC bloqué en zone neutre

 

D’abord, les Aigles ont considérablement gêné les Lausannois dans la zone neutre. Résultat: les Lions se voyaient obligés de pousser systématiquement ou presque le puck au fond, sans pouvoir le contrôler ensuite. Et puis pour ce match, le duo d’entraîneurs a choisi de placer Gauthier Descloux dans la cage, plutôt que Giovannini. Avec le casque d’Ambri, qu’il ne retrouvera plus cette saison, le No 34 s’est montré impérial.

 

Des vautours…

 

Le reste? C’est Louis Matte qui en parle le mieux. «Quand on a des problèmes qui surgissent comme cela pour certains de nos joueurs, cela recentre le groupe tout entier, assure-t-il. Tous savent qu’ils doivent en faire plus. En se sachant dos au mur, chacun peut trouver le courage. Ensuite, dans ce match, nous savions que nous aurions quelques occasions et qu’il faudrait les saisir. En fait, nous étions des vautours…» Et plus des Aigles?

 

Face à ces pseudo-Lions, qui se sont montrés si édentés au moment de mordre dans un succès qu’ils se sont peut-être attribué trop vite, après le 2-1 par exemple, même les décisions arbitrales n’ont pas suffi à faire pencher la balance. On pense à cette fin de match. Riat, qui avait ouvert le score, égalisait dans la foulée du 2-1 du LHC. Ce fut ensuite le festival de l’approximation pour Lausanne, avec un Schelling qui laisse filer Richard pour le 2-3. Et c’est ensuite à 4 contre 5 que Romy ridiculisait le duo Frick-Froideveau pour le 2-4.

 

C’est là que MM. Urban et Wehrli se sont signalés, comme leurs collègues la veille, qui avaient pensé que Bezina simulait le coup reçu (on sait ce qu’il en est). Ils se sont donc entendus pour que Ge/Servette se retrouve à 3 contre 5 en pénalisant notamment Richard pour une faute sur Zurkirchen, qui méritait pourtant lui aussi deux minutes pour sa réaction. Suffisant pour que Danielsson inscrive le 3-4.

 

Rebelote ensuite, avec une faute sifflée sur Rod, alors que c’est Ryser qui tenait sa crosse. Sauf que cette fois, admirable de courage, les Aigles s’arc-boutaient en défense sans craquer. Mieux: c’est Rod qui héritait du puck dès sa sortie de prison, quand Zangger brisait sa canne. Un Rod qui trompait Zurkirchen une dernière fois. Sans parler de justice immanente, il y avait dans ce but et ce succès qui vaut trois points la récompense collective pour tout un groupe.

 

Après Mayer, Bezina et Mercier opérés!

 

L’infirmerie de Genève-Servette ne désemplit pas. Au contraire. Aux pépins déjà trop nombreux s’ajoutent les sérieuses blessures, celles qui nécessitent une opération. Ainsi pour le ménisque de Robert Mayer, il y a quelques jours seulement. Et désormais, nouvelle tuile, pour Goran Bezina et Jonathan Mercier.

 

Le premier, touché en fin de match contre Zoug, a serré les dents, disputant la prolongation. Mais apparemment, le constat a été sans appel vendredi matin. Comme le joueur l’a lui-même confirmé: «Rupture du tendon du biceps, grimaçait-il. Je vais faire mon possible pour revenir assez vite, mais cela demandera du temps.» Deux ou trois mois, a priori. Autant dire qu’au moment de constituer les duos défensifs, O’Leary et Matte se sont creusé la tête. Parce qu’en plus, Mercier manquait donc aussi à l’appel. Comme son coéquipier, il sera opéré ce matin, mais du ménisque dans son cas. Bref, Wick et Heinimann se sont ainsi retrouvés en défense. Tiens: si l’invraisemblable série noire se terminait pour de bon, ce ne serait pas du luxe. Mais dans cette spirale-là, une mauvaise nouvelle de plus a failli venir de Russie, où Johan Fransson joue la Channel One Cup avec la Suède. Vendredi contre la Russie, justement, il a reçu sur le genou un puck expédié par Kovalchuk. Et n’a pu terminer la partie. Les médecins ont conclu à une contusion. Après le match, Fransson a dit qu’il allait déjà mieux. Il ne devrait pas jouer samedi contre la Corée du Sud, mais dimanche. Apparemment, cela va. Ouf…