En pleine confiance et au terme d’un derby musclé et intense, les Genevois remportent, à Fribourg, un huitième succès d’affilée
«Mon rythme cardiaque s’est accéléré à chaque fois qu’il se trouvait sur la glace…» A proximité du vestiaire des Grenat, Chris McSorley soupire, respire un bon coup puis expire. Sa respiration est encore saccadée, marquée par une rencontre à couper le souffle. Le coach ontarien ne parle pas uniquement de Julien Sprunger, dont les battements de son cœur ne sont pas les seuls à s’affoler quand il s’approche de la cage de son adversaire. Mais aussi d’Arnaud Jacquemet, cet attaquant prêt à tout faire pour son équipe et qui le dépanne depuis trois parties aux côtés de Johan Fransson. Le Valaisan a été une fois de plus héroïque. «J’ai mis du temps à trouver mon rythme, mais on n’a pas encaissé de but lors de ces trois rencontres où j’étais en défense, c’est donc positif», remarque le pompier de service, qui devrait monter d’un cran samedi prochain à Langnau avec le retour prévu de Daniel Vukovic.
«Chaud bouillant»
A Fribourg, dans cet endroit où les fans ne supportent pas la moindre touchette sur un de leurs protégés, la soirée a été chargée d’émotions et d’animosité. Pour la première fois de la saison et depuis longtemps, les Aigles ont vécu un vrai derby, musclé, animé: le genre de match «chaud bouillant» avec tous ses ingrédients. «Ce n’était pas vraiment un beau match, estime Jacquemet. Mais je dois admettre que c’est le premier que je vis aussi intensément avec Ge/Servette depuis trois saisons.» Un autogoal (Ngoy sur l’ouverture du score de Slater), un penalty (qui rime avec D’Agostini), des grosses charges, un coup de poker signé McSorley (il a retiré son gardien durant 55 secondes à dix minutes du terme alors que son équipe évoluait à 5 contre 3), des arbitres dépassés par l’événement (des décisions bizarres dans les deux sens), des jets de projectiles derrière Mayer: tout y est passé. Tout s’est surtout joué sur le fil du rasoir, sur trois fois rien, le destin hésitant longtemps entre les deux camps.
«Qu’on profite du soleil!»
«Comment peut-on être aussi improductif en supériorité numérique», s’indignait ce supporter fribourgeois à l’heure des regrets, alors que sa formation aurait dû s’imposer ce samedi. Cela aurait pu être Fribourg, en effet, qui a eu de nombreuses occasions de conclure, c’est finalement Matt D’Agostini (deux buts, deux assists) et les Genevois qui ont fait la course en tête et en fête. «Quand en début de saison le puck percutait le poteau, aujourd’hui, il rentre», constate Jacquemet, conscient que la baraka accompagne les équipes audacieuses, celles qui gagnent. Après Lausanne vendredi, au tour de Fribourg. Voilà un bon mois et huit matches que cela dure. «Qu’on profite du soleil», s’exclame Chris McSorley.
«On peut faire mieux»
«Nous avons bien su gérer nos longues minutes en box play, dont 3’11’’ à 3 contre 5 durant laquelle Fribourg n’a pas su faire la différence, souligne Romain Loeffel, qui tient à relever le bon boulot de ses camarades dans cet exercice très éprouvant. Maintenant, on sait de quoi on est capable. La chance ne vient pas toute seule! Avec des joueurs comme D’Agostini, Lombardi et Mayer en pleine confiance on peut encore faire mieux, renchérit le défenseur neuchâtelois. Huit victoires d’affilée ce n’est pas si mal, mais on ne veut pas s’arrêter là en si bon chemin.» Les Aigles, qui ont pris goût à la victoire, se rendront samedi prochain à Langnau avec ce gros cœur de vainqueur…
Rivera: «Je m’en fous»!
Que Ge/Servette, qui compte un match en moins que Fribourg Gottéron, recolle au classement à trois points des Dragons, cela laisse indifférent Chris Rivera. «A vrai dire, je m’en fous, nous, on regarde devant», s’exclame le Genevois de la BCF Arena, très déçu par la tournure des événements, lui qui a trouvé la transversale (8e) juste après l’ouverture du score de Jim Slater. «Cela fait trois matches qu’on galère, qu’on s’incline après avoir dominé, peste le No 6 des Dragons. Nous n’avons plus la même réussite qu’au début de saison et, en plus, on commet des erreurs qui se paient cash. C’est peut-être le bon moment de les faire, on a le temps de les gommer d’ici les play-off!»
Après avoir cherché des crosses à Noah Rod lors du premier match du 15 septembre, Chris Rivera a cette fois-ci collé une droite à Marco Pedretti avant que le Jurassien des Vernets ne rejoigne les vestiaires pour un coup de canne à la tête de Yannick Rathgeb. «Sa charge était dégueulasse, j’espère que la Ligue statuera», s’exclame-t-il. Ce n’est pas l’avis de McSorley, qui estimait la sanction (pénalité de match) sévère. Décidément, ces deux-là ne seront jamais d’accord!