26 septembre 2017

Les Servettiens se cherchent encore dans le nouveau système de Craig Woodcroft. Attention à ne pas laisser filer le train.

 

Même Sherkan ne s’y retrouve plus. Même lui, l’emblème du club, a perdu ses repères. Quelques secondes avant qu’on ne lance le derby, samedi aux Vernets, l’Aigle a manqué son envol. Comme lors du premier match contre Lausanne. Cela ne lui arrivait jamais avant. Ou alors très rarement, comme à la Praille lors du Winter Classic. Et encore, ce n’était pas lui, mais son frère. Cette fois, en revanche, on a vu le célèbre pygargue à tête blanche des Vernets tournoyer lentement, avant de glisser sur la glace, loin de son maître. Comme s’il voulait lui aussi comprendre. Tout un symbole pour un Ge/Servette qui se cherche encore et qui n’a toujours pas complètement assimilé le nouveau système de Craig Woodcroft, son nouvel entraîneur.

 

Avec Chris McSorley, c’était «je balance le puck et je le récupère». Une méthode de jeu qui a fait ses preuves et la réputation des Grenat durant une quinzaine d’années dans le pays, jusqu’en finale, à deux reprises. Aujourd’hui, on oublie tout et on recommence. Comme si on avait demandé à Daniel Vukovic et aux anciens tauliers des Vernets de repasser leur permis de conduire!

 

Moins le droit à l’erreur

 

Ce jeu, plus rapide, basé sur la possession du palet, comporte forcément davantage de risques. «On a moins le droit à l’erreur, c’est vrai, reconnaît Romain Loeffel. C’est un hockey moderne plus plaisant pour nous et pour le public qui frissonne à chaque fois à la ligne bleue. Mais comme nous ne sommes pas des robots, on est encore en phase de construction. Cela dit, ce n’est ni noir ni blanc, juste un peu gris. Avec du travail sur notre positionnement, on va finir par retourner la situation.»

 

Ancien capitaine sous l’ère McSorley, Goran Bezina doit lui aussi s’adapter à ce lifting pour passer de l’autre côté du miroir: «Pour nous, c’est un gros changement, c’est sûr, mais on s’entraîne tous les jours pour cela. On sait ce qu’on doit faire sur la glace, renchérit le défenseur valaisan. C’est juste une question de confiance en ce système de jeu.» Comme l’explique le No 57, les Servettiens passent trop de temps dans leur zone, au lieu d’utiliser le milieu de la glace. «Il y a du positif, c’est vrai, on se crée des occasions mais il y a encore trop de choses qui ne fonctionnent pas, comme le power play. Chacun veut faire son numéro et on perd la rondelle. On n’a pas le droit d’encaisser un but sur notre jeu de puissance.» Et de s’exclamer: «On doit arrêter de réfléchir à chaque fois qu’on reçoit le puck. Le but est d’aller de l’avant en utilisant notre vitesse et ça ira beaucoup mieux. On l’a fait lors du premier match contre Lausanne, pourquoi on ne le fait plus?» Bonne question, comme ce décalage entre les matches à domicile et à l’extérieur de Genève, un vrai mystère.

 

Force est d’admettre qu’après ce bon départ face aux Vaudois, la mayonnaise tarde à prendre pour un Aigle qui pique du bec au 10e rang avec déjà cinq défaites en sept parties. «C’est un long processus mais il y a beaucoup de talents dans le vestiaire et on va réussir à trouver l’alchimie tous ensemble, répète Woodcroft à qui veut bien l’entendre. Plus les gars vont croire à ce système de jeu et s’impliquer, plus on jouera sans réfléchir, plus on montera en puissance.»

 

Manque de constance

 

Or comme le souligne Arnaud Jacquemet, les points perdus en septembre pourraient manquer à l’heure des comptes. «Nous connaissons trop de hauts et de bas, nous manquons de constance, constate le défenseur. Les coaches nous ont donné les moyens d’obtenir des résultats, mais nous ne le montrons pas sur la glace. Si on applique le système à la lettre, on sait que nos adversaires auront des problèmes. On doit travailler sur la finition, mettre des pucks devant le but adverse et aller là où ça fait mal pour éviter que le train parte sans nous.»

 

Aux Servettiens de raccrocher le bon wagon ce jeudi à l’occasion de la venue des Zurich Lions aux Vernets. «C’est le moment de trouver le déclic, ajoute Goran Bezina. Mais pour cela, on doit cesser de se compliquer la vie. Quand on a la possibilité de tirer, on veut encore faire la dernière passe. C’est bien mais on le fera quand on aura gagné trois à quatre matches de suite, qu’on sera en confiance. Là, on doit tout simplement se dire qu’on a le droit de marquer des goals dégueulasses!» Et Sherkan est prêt à reprendre son envol, comme avant…