1er février 2018

De retour au jeu ce jeudi soir contre Zurich, le défenseur sort du silence pour évoquer la situation de Ge/Servette et son désir de rempiler

 

Il y en a un, dans ce micmac, qu’on n’avait pas entendu: Goran Bezina. Arrivé aux Vernets une première fois en 2004, puis revenu l’été passé, l’ex-capitaine connaît la maison Ge/Servette comme personne. Après des mois de troubles dans les hautes sphères du club et alors qu’il revient au jeu ce soir après deux mois, le Montheysan prend la parole. Pour rendre hommage à son ancien président Hugh Quennec, soutenir son nouveau coach Craig Woodcroft et tenter de ramener un peu de positif dans le vestiaire.

 

 

Entre votre blessure et les maux de Ge/Servette, qu’est-ce qui vous a le plus préoccupé, ces temps?

 

Ma blessure. À la fin, on pense quand même à soi. Tout ce qu’il y a eu autour du club, je ne pouvais rien y changer. Alors mon but était de revenir le plus vite possible.

 

Votre retour est prévu ce soir contre Zurich…

 

(Il coupe) Si nous avions été deuxièmes du classement avec moins de blessés, j’aurais attendu encore un peu. Mais je me sens bien, j’ai hâte de jouer, d’enlever un peu de temps de glace à ceux qui en ont trop et d’apporter de la stabilité.

 

Avez-vous un message à faire passer avant ce match capital?

 

Déjà, ce serait bien qu’on parle un peu de sport. Sinon, que voulez-vous que je dise? Après notre bonne série en décembre, où on pensait qu’on était sorti du trou, on retombe – c’est incroyable. C’est comme si quelque chose s’était cassé après les deux défaites contre Bienne (ndlr: début janvier), on a recommencé à douter et là, c’est de nouveau un tournant. On sait la situation critique. On joue à la maison, Zurich ne va pas bien non plus et nous, on se bat pour s’en sortir. Il n’y a pas besoin de réfléchir: il nous faut trois points.

 

Sachant l’impact négatif qu’aurait une non-participation aux play-off sur une situation financière déjà mauvaise, la pression est-elle encore plus grande?

 

La pression est là. Le problème financier est réglé, mais ce serait catastrophique de finir en play-out, on le sait. Pour ramener le sportif au cœur des préoccupations, redorer l’image du club, calmer les gens et mettre toutes ces histoires derrière nous, on a besoin de ces play-off. Maintenant, ça suffit! Il faut essayer d’être constructif. Parce que quand tu parles aux gens, ici, on dirait qu’il n’y a plus grand-chose de positif.

 

À quel point ce climat a-t-il affecté le groupe?

 

Cela influe, bien sûr. Mais pourquoi se décourager? On est déjà passé par de telles situations, à Genève. En 2010, quand on a été en finale, il y avait aussi eu des problèmes de ce type.

 

Comment dit-on «chat noir» en croate?

 

Crna macka. Pourquoi?

 

Quand vous signez à Zagreb, c’est le bazar, et quand vous revenez à Genève, c’est le souk…

 

À Zagreb, je vous promets que c’était le bordel bien avant que j’arrive. Et ici non plus, je ne me sens pas trop dans la peau du chat noir – on a réussi de belles choses. Même si je savais que ce ne serait pas évident en revenant à Genève, je ne m’attendais pas à ça.

 

Regrettez-vous ce retour?

 

Non. Quand tu joues autant d’années pour un club, tu t’identifies, tu apprends à vivre avec le meilleur et le moins bien. On a déjà eu des années difficiles ou superbes. Là, il y a une transition.

 

Votre contrat s’achève fin avril, vous aurez 38 ans. Comment se profile la suite?

 

Je ne sais pas. Je suis dans le flou aussi. J’ai envie de rester ici, clair, pour y jouer encore quelques années. On avait commencé à discuter pour la saison prochaine, avec Hugh Quennec et Lorne Henning. C’était très positif, mais maintenant, il faut que je voie…

 

Où en êtes-vous, avec Chris McSorley?

 

Ça va…

 

Mais encore?

 

Cela a toujours été délicat entre nous, là on se croise, ça va. C’est plus facile à gérer quand on n’est pas 24 heures sur 24 ensemble.

 

Vous devez prier pour qu’il ne reprenne pas le pouvoir, non?

 

Je ne prie pas mais c’est vrai que, pour moi, ce ne serait pas l’idéal. Ces dernières années, il a quand même tout fait pour que je parte, et je ne crois pas que c’était un fervent admirateur de mon retour.

 

Ça ressemblait à un «coup» de Quennec pour le contrarier…

 

J’espère que ce n’était pas la première motivation de mon transfert (il se marre), j’ai quand même quelques qualités.

 

«Les gens oublient vite»

 

Vous étiez là, en 2006, à l’arrivée de Hugh Quennec à la tête du club. Comment avez-vous vécu son départ forcé?

 

Hugh n’a pas tout fait juste, il l’admet. Mais c’est lui qui, durant douze ans, a géré ce club. Quand les lauriers tombaient, on ne parlait jamais de lui. Dès que ça va mal, tout est de sa faute. Je le défends, parce que très peu de gens l’ont fait et que cela m’attriste. C’est un peu dur, comme fin, de se faire jeter comme une vieille chaussette sale, alors que tu as tant donné pour un projet, une cause.

 

Beaucoup l’accusent d’avoir pris plutôt que donné…

 

On peut dire qu’il a sauvé Ge/Servette, le Servette FC et le Lausanne HC aussi, qui n’allait pas bien non plus à l’époque.

 

Mais à chaque fois, l’aventure se termine très mal…

 

Il y a beaucoup de gens et d’ego autour de ces clubs. Le foot, c’était une erreur d’y aller, mais pourquoi l’a-t-il fait? Il n’y avait personne d’autre. Et là, on lui crache dessus. Les gens oublient vite. Qui, dans les gradins ou parmi les sponsors, a investi autant d’argent et d’énergie? Ceux qui disent maintenant qu’il a tout fait pour sa pomme étaient à ses côtés lorsque tout allait bien. Ils ont vite retourné leur veste.

 

Un mot sur votre coach Craig Woodcroft, très contesté?

 

En arrivant cet été, il a dû changer une philosophie, bâtir un nouveau système que, pour ma part, j’adore. Après, c’est impossible d’avoir vingt-cinq joueurs contents. Mais dire qu’il manque de respect aux gens, qu’il les humilie, il faut arrêter les conneries! Avec ce qu’on a vécu ici pendant quatorze ans…

 

Vous voulez dire qu’il ne peut pas être plus tyrannique que son prédécesseur McSorley?

 

Voilà. Ni plus dur! On n’a jamais rien dit, un nouveau arrive, et tac, on lui tombe dessus. On dit qu’il va se faire virer, mais d’où tire-t-on ça? Que lui reproche-t-on encore?

 

D’avoir l’air d’un fantôme à la bande, de mal gérer l’effectif.

 

Il paraît qu’il est trop calme. Mais un coach n’est pas obligé de gesticuler et de nous fouetter pour nous faire avancer. La gestion de l’effectif? Quel effectif? Il y a dix blessés. Comme Hugh, Craig a des gens sur le dos, qui disent ou écrivent des choses pas toujours avérées. Il y a beaucoup de sources anonymes, alors on se demande: qui sont les gens qui livrent des informations internes, et dans quel but? Ceux qui lancent ces rumeurs et les écrivent veulent-ils le bien du club ou le casser?

 

Power-play

 

L’affiche Les Aigles reçoivent ce jeudi soir les Zurich Lions. Coup d’envoi à 19 h 45 aux Vernets.

 

Effectif S’il enregistre le retour de Bezina, le coach Woodcroft doit toujours se passer de Bays, Descloux, Vukovic, Mercier, Fransson, Jacquemet, Antonietti, Hasani et Schweri.