5 octobre 2016

A 36 ans, l’ex-capitaine des Vernets fait des étincelles en KHL. Le défenseur suit toujours les Aigles à distance

 

La dernière fois qu’il avait connu cette grosse montée d’adrénaline, c’était le 26 février, aux Vernets, contre Fribourg. Depuis, Goran Bezina n’avait plus fait trembler les filets. Cette belle sensation de marquer un but décisif, en prolongation, il l’a de nouveau vécue, en KHL. Cela s’est passé dimanche, avec ses nouvelles couleurs du Medvescak Zagreb, devant un peu plus de 5000 personnes. «Les fans chantent toute la partie, ils ressemblent à ceux de Genève, se réjouit-il. Qu’on gagne ou qu’on perde, ils sont toujours derrière nous.»

 

Alors que son équipe évoluait à quatre contre trois, l’ex-capitaine servettien a offert un succès (5-4) précieux à son club (12e place de la Conférence Ouest) face aux Russes du SKA Saint-Pétersbourg, favoris de la ligue avec le CSK Moscou, Torpedo et Magnitogorsk.

 

«On venait d’enchaîner huit matches d’affilée sur la route, explique celui qui porte toujours le No 57. Physiquement et mentalement, ce n’était pas évident. Avec ces gros déplacements, on était fatigué et on n’a pas engrangé beaucoup de points. Mais une fois à la maison, on a montré un tout autre visage. Chez nous, on peut battre tout le monde.»

 

En quinze matches disputés, il s’agissait du 5e point du Valaisan qui se plaît dans la peau de l’Ours. «J’ai été fier de jouer pour Genève, c’était mon club. Maintenant, j’ai changé d’animal, j’ai un autre maillot où je représente la Croatie. Je n’avais pas trop le choix de partir mais c’est ainsi. Je n’ai pas de regrets et je regarde vers l’avant. A 36 ans, il y a longtemps que je ne m’étais pas senti autant en forme!»

 

Après s’être donné du temps pour s’adapter au style de jeu, il a vite plongé dans le bain bouillant de la KHL. «Le niveau est tout de même un cran au-dessus qu’en Suisse où le jeu est un peu plus direct qu’ici, explique le défenseur. C’est beaucoup plus technique avec pas mal de changement de rythme et quatre lignes offensives très fortes.»

 

Goran Bezina, après douze ans à Genève, vous avez dû apprendre un autre système de jeu. Et alors?

 

Comme je sais toujours jouer au hockey l’adaptation n’a pas été compliquée. Notre entraîneur ne nous demande pas de dégager le puck, il veut qu’on construise une action depuis derrière. Cela n’est pas pour me déplaire. Après, en KHL, ce n’est pas évident de marquer à cinq contre cinq. Il y a de bonnes équipes et les joueurs sont imposants. Mais c’est un style de jeu plus intense qui me convient assez bien.

 

Vous allez même affronter des Chinois à Pékin?

 

Ce sera notre dernier déplacement de la saison régulière. En KHL, il y a de nouveaux visages, de nouvelles villes, tout est neuf. J’avais besoin de ce challenge pour me remotiver, me prouver à moi-même et à tout le monde que je pouvais encore jouer au plus haut niveau. Car je dois avouer que mes deux dernières années à Genève n’ont pas été faciles.

 

A Zagreb, avez-vous l’impression de revivre?

 

Oui, ici, j’ai trouvé une seconde jeunesse et du plaisir. Je me suis toujours donné à fond à Genève mais depuis toutes ces années, j’avais peut-être perdu inconsciemment la motivation. J’étais tombé dans une routine dans une ligue où je n’avais plus rien à prouver. Là, je dois travailler deux fois plus fort pour montrer aux gens de quoi je suis capable. C’est une belle motivation.

 

Votre entraîneur est-il différent de Chris McSorley?

 

Ce n’est pas le même et cela me fait du bien de voire autre chose. C’est quelqu’un qui a deux ans de plus que moi, qui m’écoute peut-être plus que Chris. Il est clair que pour l’instant, j’ai beaucoup de temps de jeu, des responsabilités et tout va bien pour moi. Je dispute des bons matches et il y a toujours des tapes dans le dos pour me féliciter. Ce n’était pas toujours le cas à Genève!

 

On dit que votre club connaît des problèmes financiers. Exact?

 

Il est clair que ce n’est pas le plus gros budget de la ligue, mais on est payé à temps. Il y a plein de rumeurs autour du club mais c’est la Croatie, il faut connaître la mentalité du pays et ne pas prendre tout au pied de la lettre.

 

Avez-vous dû faire des sacrifices au niveau de votre salaire?

 

Je n’ai pas le même contrat que j’avais à Genève et que j’aurais eu ailleurs en Suisse, mais la vie est moins chère ici. Je touche une somme pour mon appartement, je mange tous les jours avec l’équipe, je bénéficie d’une voiture et le club me paie mes impôts. A la fin, je serai gagnant…

 

Vos enfants, Anna et Nicolas, restés en Suisse, ne vous manquent-ils pas trop?

 

On se parle souvent via FaceTime et je vois qu’ils vont bien. Avec le foot, l’école, le théâtre et la danse, ils sont bien occupés. Ils me manquent mais ils vont bientôt venir à Zagreb nous rejoindre, ma copine et moi, pour les vacances. J’ai hâte de les revoir.

 

Etes-vous encore en contact avec des joueurs servettiens?

 

On s’appelle, oui. Je suis l’évolution, avec un Almond au top et un Loeffel en feu. Malgré les blessés, on voit bien l’esprit de Genève où tout le monde joue pour l’autre!

 

Chris McSorley ouvre la porte des Vernets à Marc-Antoine Pouliot

 

Viré par Gottéron, le centre canadien semble plaire au boss des Vernets, qui est prêt à oublier ses récentes frasques fribourgeoises

 

Franchement. Qui peut croire qu’un joueur puisse oublier ses patins? Qui peut croire qu’il ne s’agit pas là d’une manœuvre volontaire pour donner à son employeur le bâton pour se faire battre? Les joueurs de hockey sont parfois mal conseillés. «Et il n’est pas rare que les agents aient parfois des méthodes pas vraiment orthodoxes.» Ça, c’est un vieux de la vieille du monde du hockey qui nous l’a glissé, un matin, devant un café. Pas sûr que Marc-Antoine Pouliot soit le père de cet oubli qui a provoqué sa mise à l’écart. Peu importe dans le fond. Il n’y a pas de quoi en faire un fromage, encore moins un feuilleton.

 

On pensait, du côté de Fribourg, que suite au départ de Gerd Zenhäusern, Marc-Antoine Pouliot allait revivre avec l’arrivée de Larry Huras. Rien n’y fait. Ni le Québécois ni le reste de l’équipe ne vont mieux pour le moment. Le «malaise Pouliot» était lié à autre chose. A quelqu’un d’autre pour le moins. C’est visiblement avec son directeur sportif Christian Dubé que le courant ne passe plus. L’affaire des patins a donc arrangé tout le monde. Fribourg se sépare d’un joueur qu’il ne voulait plus et en profite pour lancer, à bon prix, un signal de fermeté de façade au reste de l’équipe. Le joueur, lui, devrait rebondir.

 

Et ce pourrait bien être aux Vernets! Chris McSorley ne se cache pas. Il ouvre véritablement la porte du vestiaire genevois à l’attaquant canadien de 31 ans. Depuis le départ de Mike Santorelli, le coach des Aigles cherche un cinquième joueur étranger. «Son passé et ses histoires ne m’intéressent pas, lance Chris McSorley, interrogé hier matin. Quand un joueur arrive à Genève, son casier est vierge à nouveau.»

 

Il y a trois gros avantages à engager Pouliot. C’est un joueur précieux lorsqu’il évolue dans un cadre, il n’est pas en position de force pour négocier un salaire mirobolant et il connaît bien le championnat de Suisse. Alors patron, c’est pour bientôt? «Il fait partie d’une liste de joueurs qui m’intéressent», se contente de dire Chris McSorley. Mais qui pourrait croire que Chris McSorley ouvre une porte par hasard?